Sens de la représentation littéraire, représentation artistique de la guerre, humanisme, condition humaine, Grande Guerre, expressionnisme, Otto Dix, conscience collective, napoléon
Tantôt sublimée, tantôt avalisée aux grands principes de la dénonciation humaniste de ses effets délétères sur la civilisation et la condition humaine, la guerre est un topos littéraire et, plus généralement, artistique, couvrant l'ensemble du spectre de la représentation technique au fil des siècles. Mais la guerre n'est pas un topos monochrome et uniforme : les différentes approches transversales de cette notion sont demeurées fidèles à un système de représentation mélioratif ou péjoratif, exaltant ou critique, suivant les époques et le contexte sociopolitique.
[...] Le premier temps du devoir explore le lien entre la technique artistique usitée et la volonté de représentation. La scénarisation de la guerre et les conditions d'exploitation de ce thème, les valeurs structurantes et les usages auxquels l'œuvre est dévolue permettent des articulations entre la fonction et la formalisation de la technique. Représenter la guerre, c'est offrir au récepteur une représentation en abîme : la guerre en tant que représentation circonstanciée dans la psyché de l'époque illustrant tant le sujet en lui-même (la guerre) que la pensée dans lequel il s'inscrit (l'artiste). [...]
[...] Les artistes qui pensent la guerre en fonction de leur contemporanéité n'étant, ce faisant, que le reflet de cette appropriation thématique qui façonne et qui est façonnée par un temps qui, au début du XXe siècle, est malheureusement le lot de ces générations sacrifiées pour la gloire de la patrie. Nous voulons connaître nos héros écrit le rossignol des carnages selon le surnom de Romain Rolland (Maurice Barrès, Chronique de la Grande Guerre, 1920-1924) : mais ces hommes, ces héros, sont-ils seulement toujours des hommes, eux qui [désespèrent] de jamais le redevenir . ? [...]
[...] C'est le cas avec la représentation de Louis XIV au siège de Maastricht par Pierre Mignard (1673) dans une veine baroque. La Restauration use de la magnificence des souvenirs de l'Ancien Régime pour glorifier le régime et soutenir son prestige dans l'esprit national : la Bataille de Bouvines juillet 1714 par Horace Vernet (1827) sous Charles X témoigne de cette approche fonctionnelle de l'art pictural, de même que l'œuvre de Stendhal qui sublime à jamais la geste napoléonienne dans la littérature française (Stendhal, Vie de Napoléon, 1876). [...]
[...] Le progrès technique, social et économique aura finalement abouti à la désillusion la plus radicale. Certains des bons gars du siècle, rien que des soldats citoyens constituèrent le premier départ des premiers bataillons d'émancipés frénétiques Des premiers couillons voteurs et drapeautiques qu'emmena Dumouriez se faire trouer dans les Flandres (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932). Ainsi, la guerre n'est-elle plus, au fil de la découverte progressive de l'horreur massifiée, le lieu du dévoilement de l'humanité spectaculaire et grandiloquente. [...]
[...] L'industrialisation des moyens de tuer l'autre, la multiplication des moyens d'amener la mort à grande échelle en alliant le rendement à l'efficacité sont, en quelque sorte, représentatives de l'aboutissement du pire du progrès technique rationaliste et radical qui habite la vieille Europe depuis le XVIIe siècle. Un progrès technique aveugle, absolu et totalisant dont les artistes, comme leurs contemporains, sont dépositaires. La Grande Guerre, celle pour laquelle la IIIe République avait tant préparé ses enfants dès 1870 afin de reprendre l'Alsace-Moselle, est l'expérience d'une déshumanisation sans précédent de mémoire d'homme. [...]
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