« Pas de bonnes lois sans bonnes armes ». Machiavel le soulignait déjà, pouvoir et contrainte vont bien souvent de pair, à tel point qu'on a du mal à les imaginer l'un sans l'autre. L'existence dans chaque Etat d'un corps de police chargé de maintenir l'ordre et d'assurer l'application de la loi en est d'ailleurs significative; les pouvoirs en place disposent partout d'une force de coercition pour garantir leur bon exercice et leur maintien.
En effet, si on définit tout d'abord le pouvoir au sens pragmatique - synonyme de puissance - comme le fait Max Weber par la « chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance ».
[...] Pour autant, est-elle une condition suffisante ? II. La contrainte n'est pas suffisante dans un pouvoir entendu comme relation de domination Nous avons jusqu'ici envisagé le terme pouvoir au sens d'une puissance qui serait finalement à sens unique, simple expression de la volonté d'un individu ou un groupe qui en aurait les moyens et qui, par différentes pressions physiques ou psychologiques, serait alors à même d'imposer cette volonté aux individus soumis à son pouvoir. Cependant, à réduire le pouvoir à la pure puissance des moyens, ne risque-t-on pas d'occlure la question de la légitimité de ce pouvoir ? [...]
[...] Les auteurs donnent trois possibles explications à son comportement : la crainte que cette intervention soit interprétée comme de la déloyauté, la peur de ne pas être suivi dans ses revendications par ses collègues ou le rejet de ses solutions du fait de la nature du processus d'élaboration de la loi dans l'institution ; et conclus sur le pouvoir de l'administration de cette faculté et la détention du pouvoir en général en établissant que dans la mesure où une personne ou un groupe crée ou renforce des obstacles à l'apparition publique des conflits politiques, cette personne ou ce groupe possède du pouvoir Or la création de ces obstacles à l'intérieur des micropouvoirs (Michel Foucault) présents à tous les niveaux de la société et qui régissent les relations humaines (famille, relations professionnelles . ) constitue réellement une forme de contrainte au sens d'une pression exercée sur les individus et qui influe sur leur comportement. Aucune relation de pouvoir n'est donc exempte de contrainte, elle est nécessaire à l'exercice de la puissance, car elle donne à une volonté les moyens d'action indispensable à sa réalisation. [...]
[...] En droit, seul le pouvoir de l'Etat peut donc apparemment s'appuyer sur la contrainte physique pour se maintenir. Pourtant, il serait très réducteur de limiter l'examen de l'exercice du pouvoir au seul pouvoir institutionnalisé, désigné comme tel : le pouvoir étant présent dans toutes les interactions relationnelles des individus, quelle place la contrainte occupe-t-elle dans ces dernières ? La contrainte comme pression psychologique dans toute relation de pouvoir En effet, on ne peut négliger l'existence de relations de pouvoir en dehors du cadre du pouvoir politique au sens du gouvernement d'un Etat ; de plus de nombreuses institutions distinctes du pouvoir politique influent en réalité sur ce dernier. [...]
[...] C'est là la définition même de l'autorité selon Robert Dahl : A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que ce dernier n'aurait pas effectuée autrement . Cette force de contrainte est nécessaire puisque le pouvoir en place ne peut faire l'objet d'une unanimité ; il y aura toujours des contestations et des mécontements qui - s'ils n'étaient pas contenus par l'existence de cette force de coercition - constitueraient un frein à la stabilité du pouvoir. [...]
[...] L'autorité repose-t- elle sur l'oppression ? La présence d'une force coercitive est-elle suffisante au gouvernement d'un Etat ? Nous verrons d'abord que le pouvoir au sens pragmatique de l'efficacité de la réalisation de l'action a besoin de moyens et donc de contrainte pour s'exercer puis que cette contrainte reste tout de même loin d'être suffisante dès lors que l'on se pose la question de la légitimité du pouvoir. La contrainte, élément nécessaire à la conservation du pouvoir en tant que puissance d'agir, moyen de réalisation d'une volonté. [...]
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