« L'État c'est moi ». Cette phrase attribuée à Louis XIV illustre bien la volonté qu'ont généralement les détenteurs du pouvoir de s'identifier à l'État qu'ils gouvernent. L'État, c'est une entité politique souveraine liée à un cadre territorial et productrice de normes institutionnelles. Pour G. Hegel, un monde où le pouvoir, c'est-à-dire la capacité que possède un individu ou groupe d'individus à exercer une contrainte sur un corps social d'une structure politique donnée, s'inscrit dans un cadre étatique constitue la fin de l'Histoire (dans le sens de but, de finalité et non de terme).
Or, G. Hegel entend un État qui exerce un pouvoir légitime, mais il peut y avoir différentes formes de pouvoir étatique. Et nous voyons qu'il existe à l'intérieur de l'État moderne des pouvoirs indépendants de l'État, dans la société civile notamment. En outre, G. Hegel explique que l'État est un but, cela suppose qu'il n'a pas toujours existé, qu'il est le produit d'un processus historique. L'État aurait ainsi concentré un certain nombre de pouvoirs.
Nous verrons dans quelle mesure le pouvoir politique est monopolisé par l'État dans le cadre d'un cheminement historique de long terme dont le résultat est un État moderne qui suppose cependant certaines formes de pouvoir dont il n'est pas le détenteur.
[...] Le pouvoir économique est dans une large mesure autonome. Cependant, l'État institue des lois qui garantissent la viabilité de l'économie mais peut aussi s'arroger une part de pouvoir au sein de la sphère économique. Par exemple, avec l'arrivée de F. Mitterrand au pouvoir en 1981 les secteurs-clés de l'économie ont été nationalisés (Crédit Lyonnais, Elf-Aquitaine par exemple). Des organisations comme les partis politiques, les syndicats et les associations, exercent du pouvoir dans la mesure où elles mobilisent une fraction de la société qui fait pression sur l'État, et plus précisément les gouvernants. [...]
[...] C'est ce que montre Pierre Clastres dans La société contre l'État. Il décrit un peuple dit primitif qui s'oppose à l'instauration d'une structure étatique, faisant interdiction par exemple de l'accumulation de la richesse, par exemple, qui en serait un corollaire. Il peut donc y avoir une société sans État, mais historiquement et géographiquement, cela reste marginal. Nous pouvons également parler de l'expérience de la Commune de Paris (1871), d'inspiration anarchiste, qui fut une expérience avortée d'un pouvoir sans État. Il existe donc un pouvoir sans État mais qui est très limité dans l'espace et dans le temps. [...]
[...] Hegel qui voit dans l'État une fin, K. Marx n'en voit qu'une superstructure de l'économie capitaliste et qui sera renversé par l'État communiste. Cependant, le tribunal de l'Histoire a jugé impossible l'expérience communiste, c'est donc surtout le fait que le pouvoir, d'après K. Marx, n'est en réalité pas détenu par l'État que nous pouvons retenir. Et la globalisation (processus d'intensification des échanges initié au XVIème siècle avec la naissance de l'économie-monde et qui s'accélère au XXème siècle) montre que le pouvoir peut s'exercer en-dehors de l'État. [...]
[...] Enfin, une mobilisation populaire déclenchée par l'intermédiaire d'associations peut être une forme de pouvoir dans la mesure où elle influence directement le choix d'un gouvernement, représentant de l'État. Ce fut le cas en 1984, lorsque des centaines des milliers (voire des millions) d'individus défilèrent en opposition à la volonté du gouvernement de L. Fabius de supprimer l'École libre, privée. Cette mobilisation de grande ampleur fut organisée par l'intermédiaire d'associations de parents d'élève et de l'Eglise (les écoles privées étant dans une large mesure catholiques). L'Eglise, et plus largement le pouvoir religieux, est aussi une forme de pouvoir séparée de l'État. [...]
[...] Le pouvoir est-il toujours d'État ? Le pouvoir est-il toujours d'État ? L'État c'est moi Cette phrase attribuée à Louis XIV illustre bien la volonté qu'ont généralement les détenteurs du pouvoir de s'identifier à l'État qu'ils gouvernent. L'État, c'est une entité politique souveraine liée à un cadre territorial et productrice de normes institutionnelles. Pour G. Hegel, un monde où le pouvoir, c'est-à-dire la capacité que possède un individu ou groupe d'individus à exercer une contrainte sur un corps social d'une structure politique donnée, s'inscrit dans un cadre étatique constitue la fin de l'Histoire (dans le sens de but, de finalité et non de terme). [...]
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