Pouvoir et Domination

Résumé du document

Rompant avec l'héritage des anciens qui prônaient l'harmonie dans la cité et le droit de « ni commander ni être commandé » (Otanes rapporté par Hérodote), Machiavel introduit au début du 16e siècle toute une théorie du pouvoir, de la domination et de leurs bons usages, ouvrant en même temps la voie à la Modernité. Depuis se pose la question de la domination : est-elle inhérente à toute société humaine et quelle forme doit elle prendre ? Si les concepts de pouvoir et de domination ont été largement étudiés, la légère nuance qui les distingue est bien souvent occultée. Dans ces conditions, il conviendra d'expliciter celle-ci avant de se demander si l'homme est par essence voué à la domination ; il restera alors à montrer les différentes formes qu'elle peut revêtir.

Extraits

[...] Conclusion Au total, pouvoir et domination sont certes deux concepts différents mais qui traduisent une même réalité, celle de la subordination de la majorité des hommes à une infime frange d'entre eux. Si cette subordination ne se traduit plus comme sous l'Ancien Régime par une totale soumission, il n'en demeure pas moins qu'empiriquement, on peut affirmer que l'homme a bel et bien besoin d'un maître. Bibliographie Max WEBER, le savant et le politique. Paris : 10/ Hannah ARENDT, Condition de l'homme moderne. [...]

[...] L'histoire de l'humanité est donc celle de la domination d'une frange de la société sur une autre. - Weber et la domination politique Dans le Savant et le Politique, Weber définit l'Etat comme un rapport de domination de l'homme sur l'homme fondé sur le moyen de la violence légitime ( ) l'Etat ne peut donc exister qu'à la seule condition que les hommes dominés se soumettent à l'autorité revendiquée chaque fois par les dominateurs. Reste à s'interroger sur les causes de cette soumission aux dominateurs. [...]

[...] En un mot, le pouvoir ne se confond nullement avec la domination. Pour Arendt le pouvoir n'est pas quelque chose qu'un individu puisse posséder, mais qui surgit de l'action concertée d'un groupe ayant décidé d'agir de concert. Le pouvoir est donc lié à la pluralité. Chez Weber, la distinction est d'un autre ordre. La puissance (que l'on assimilera au pouvoir) signifie toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté ( peu importe sur quoi repose cette chance De l'autre côté, la domination est définie comme la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé - La distinction pouvoir / domination dans la vie quotidienne Domination sans pouvoir: le cas le plus flagrant est celui de la domination unilatérale, celle où le dominé ne reconnaît pas la domination. [...]

[...] Une fois le pouvoir et la domination définis le plus précisément possible, reste à s'interroger sur leurs modalités et leurs expressions. II- La dialectique dominant / dominé est-elle dans la nature de l'homme ? - La soumission à un maître est-elle légitime ? Les anciens n'avaient que très partiellement répondu à la question en opposant la sphère privée, familiale, ou la domination est naturelle et légitime à la sphère publique. La Polis ne connaissant que des égaux, il ne s'agissait de n'être ni sujet ni chef (Arendt) Chez les modernes, on peut opposer la vision de La Boétie à celle de Kant. [...]

[...] Pour le premier, la domination ne peut se comprendre que par le volontariat des peuples. La seule liberté les hommes ne la désirent point ( s'ils la désiraient, ils l'auraient ; comme s'ils refusaient de faire ce bel acquit seulement parce qu'il est trop aisé Un million de millions d'hommes pourraient venir facilement à bout d'une poignée de leurs congénères qui les gardent sous domination. La seule stratégie de domination qu'a le prince le plus lâche et fémelin de la nation est d'associer le plus grand nombre à l'entreprise de domination en édifiant une pyramide de la terreur A l'inverse Kant dans son ouvrage idée d'une Histoire universelle du point de vue cosmopolitique, présente la figure du maître comme absolument nécessaire pour élever l'homme (égoïste) à l'universalité. [...]