À l‘occasion de ce travail consacré à Thomas Hobbes, j'ai décidé de traiter d'une question mêlant histoire et politique contemporaine. Je considère en effet que les écrits de Hobbes, ses théories, peuvent se révéler être très utiles pour analyser certaines situations de notre époque. C'est pour cela que j'ai choisi comme sujet d'analyse la situation politique postcoloniale des pays africains en général, celle de l'Angola et du Maroc en particulier. La problématique de ce travail concerne la conception théorique de l'état de nature selon Hobbes. En effet, y a-t-il un lien entre la conception hobbesienne de l'état de nature et la situation politique postcoloniale des pays africains en général, de l'Angola et du Maroc en particulier ?
Le but de ce travail sera, à travers l'analyse de la conception de l'état de nature selon Hobbes et de l'analyse de la situation postindépendance et de l'Angola et du Maroc, d'une part de construire une réflexion historique mêlant politique et philosophie et d'autre part de rechercher des éléments de réponses pour répondre à notre problématique.
Si pour Thomas Hobbes l'état de nature n'a jamais existé historiquement, il n'empêche que d'après lui « il y a beaucoup d'endroits où les hommes vivent aujourd'hui ainsi », en prenant pour exemple les ‘sauvages d'Amérique ' vivant sans État ni aucune autre institution permettant la résorption de la violence. Si l'on consulte l'histoire récente, on pourrait par exemple prendre la situation irakienne, principalement entre 2003 et 2006 , pour témoigner d'un état qui se rapprocherait d'un état de nature. La guerre civile qui suivit la chute de Saddam Hussein, donc la chute de l'Etat, a fait que la protection de l'homme contre ‘l'homme', contre ‘le loup', n'existait plus. La fin de la violence ne pouvait intervenir qu'en présence d'un nouveau Léviathan.
[...] L'Etat postcolonial angolais ne faisait donc pas figure d'Etat dans la conception de Hobbes, car ni le contrat d'association entre citoyens ni celui de gouvernement n'ont vu le jour. Ceci va amener divers auteurs à considérer que l'Angola est victime du divorce entre la nation et l'Etat : La crise est le résultat d'une erreur stratégique du pouvoir politique qui, ayant adopté une orientation politique contraire à la volonté de la nation, n'a pas réussi à obtenir l'adhésion populaire et s'est, peu à peu, éloigné des populations pour défendre des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt national De plus, il faut également noter qu'un blocage résidait entre les Angolais eux-mêmes. [...]
[...] En effet, le pays rencontrait dès sa naissance deux principaux problèmes. Le premier est d'ordre économique, le sous-sol marocain ne disposant pas de ressources pétrolières ou gazières, le pays se devait de trouver des ressources émanant d'un autre secteur. Le secteur de l'agriculture va se révéler le plus compétent. Mais ce n'est pas ce premier problème qui nous occupera. En effet, c'est le second, le problème politique, qui va davantage nous intéresser. La mort rapide du Roi Mohamed Cinq va porter au pouvoir son fils héritier Hassan II. [...]
[...] Le pouvoir central n'était pas respecté. D'ailleurs, il est intéressant de souligner que Thomas Hobbes considérait qu'aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire[31] Il est clair que l'opposition politique ne voulait pas d'un ‘makhzen[32]' renforcé, offrant de larges prérogatives au roi. S'ajoute à cela le fait que dès les années 1970, Hassan II va être de plus en plus isolé et surtout de plus en plus impopulaire. [...]
[...] Sa philosophie naturaliste construite à partir de la sensation est inséparable de la science, notamment celle du corps humain. Pour lui, l'expérience est la seule base de toute connaissance. Sa pensée rationaliste, matérialiste - il nie l'existence de l'âme - et anticléricale inspirera Diderot, Holbach et Voltaire. Il n'est cependant pas allé au bout du matérialisme et concède que l'homme, ne pouvant connaître Dieu par la raison, doit le trouver par la foi. Quatre ans après sa mort, ses œuvres "Du citoyen" et Léviathan furent condamnées par l'Université d'Oxford et brûlées sur un bûcher. [...]
[...] Cependant, il convient de noter que cet Etat existant, tant au Maroc qu'en Angola, et dont sa nature nous importe peu, ne résulte pas d'un contrat social passé entre le peuple et le pouvoir politique. Ceci est fondamental au sens où chez Hobbes, l'Etat garant de la paix n'existe que parce qu'un contrat l'unit au peuple, aux citoyens. En Angola, un Etat existait bel et bien, cependant il ne résultait pas d'un contrat social, mais d'une décision unilatérale du pouvoir politique. [...]
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