La politique peut-elle se passer de valeurs ?

Résumé du document

La politique peut se définir comme étant l'art – voire la science – de diriger les affaires publiques, de gouverner un Etat. C'est donc l'un des fondements de nos sociétés et ce depuis la Grèce Antique. Ce sont les citoyens qui donnent la légitimité à l'Etat et par conséquent à la politique. L'un des buts de la politique étant de guider la société et ses citoyens vers l'éthique, c'est-à-dire vers l'intérêt général menant au bonheur, on peut se demander selon quels principes la politique doit s'accomplir.

Le sens commun prônerait une politique exemplaire respectant les valeurs morales, c'est-à-dire les normes ou idéaux qui orientent nos choix et nos actions (la justice, l'égalité, la bienséance…), car les gens perçoivent l'institution sans remarquer que ce sont des hommes comme eux aux commandes. Les valeurs conformes aux mœurs ne sont pas forcément les plus appropriées pour exercer l'art politique, elles sont réductrices. Ceci nous amène à remettre en question l'action politique : la politique doit-elle respecter les valeurs morales ?

Extraits

[...] Finalement, la politique doit nécessairement se composer de valeurs morales car elle est née d'un besoin de valeurs, de garantie de celles-ci : elle ne peut renier son essence. Cependant, le modèle utilisé, celui du Contrat Social de Rousseau, repose sur l'hypothèse d'un homme naturellement bon ; or cette supposition n'est pas partagée par certains comme Nicolas Machiavel. Celui-ci est persuadé du contraire, l'homme est égoïste et mesquin, il faut donc agir avec force et ruse. La politique spectacle fait désormais loi, se faire élire sans de nombreuses campagnes de communications est presque impossible. [...]

[...] L'art politique devient avec Machiavel une technique : la science politique. Il est légitime d'employer tous les moyens, même immoraux pour gouverner. De plus, une nouvelle fois à partir de Machiavel, la vison de la politique évolue, elle repose plus sur le paraître que sur l'être C'est-à-dire que pour réussir en politique, et surtout durer, il faut savoir jouer un rôle. Les idées, le débat de fond sont alors secondaires. C'est la politique spectacle cette expression dans l'air du temps avec les dernières élections présidentielles en France met un nom sur une pratique qui est loin d'être récente. [...]

[...] Quand une tête dépasse, on la coupe pourrait-on penser. Le danger qui découle de cette attitude est évident, l'annihilation des esprits brillants, ceux qui apportent beaucoup à l'intérêt général. L'homme politique doit faire un choix sur les valeurs qu'il souhaite privilégier, de là nait les différences de doctrines qui aboutissent à la formation de partis différents. Outre ce problème, la vision favorisant toutes les valeurs de Rousseau est discutable pour certains. Supposer que l'homme est bon a le même poids que supposer qu'il est naturellement mauvais. [...]

[...] Or, certaines valeurs ont été dictées par des notions religieuses notamment, et de façon plus générale par des références culturelles, finalement c'est l'appartenance à un peuple qui nous donne des valeurs donc de fait, les comparer devient délicat, ceci amène directement à la question suivante : est-ce que tout se vaut ? Bibliographie - Le Contrat Social, Rousseau - Le Prince, Machiavel Références citations * Le Prince, Nicolas Machiavel, édition Hachette, page 22. Le Prince, Nicolas Machiavel, édition Hachette, page 34. ***L'île des esclaves, Marivaux, édition Classiques du théâtre, page 27. philosophie en terminale, édition Bordas, page 258. [...]

[...] Selon une certaine approche, on peut considérer que la politique peut se passer de valeurs morales. En premier lieu car ces valeurs ne sont pas forcément universelles. Il est en effet délicat d'établir certaines valeurs et de décréter qu'elles font lois dorénavant, elles peuvent ne pas correspondre à une partie des gens. D'ailleurs l'égalité qui d'un premier abord ne semble pas pouvoir être critiqué, peut en fait être remise en question si on l'applique de façon absolue : elle contraint tous les hommes à être identiques (au niveau de la richesse, du mérite ) et ceci entre directement en conflit avec une autre valeur fondamentale, la liberté. [...]