En m'intéressant aux rapports qu'entretient dans le spinozisme la philosophie politique avec l'anthropologie, je pars du postulat traditionnel de l'existence d'un système, avec pour intention d'analyser l'accord plus ou moins total entre ces deux aspects de l'oeuvre de Spinoza. De la même manière que pour d'autres philosophes chez lesquels il existe politique et anthropologie, il doit être possible de travailler sur l'antériorité théorique de l'une sur l'autre, fondant et légitimant la seconde, donnant un sens à la conception philosophique globale et révélant l'efficacité du projet de l'auteur. Chez Spinoza, il semble que l'anthropologie fonde la politique ; l'analyse de l'homme, de sa nature, de ses propriétés et surtout le dévoilement de sa servitude actuelle, aussi bien dans son fonctionnement réel - qui est conforme aux possibilités que laisse entrevoir sa nature - qu'à cause de la société, est la base explicative de la philosophie politique. Dans cette mesure, elle en est le soubassement, lui donne sens, et laisse prévoir la forme de l'état. On ne conçoit d'autre politique qu'une conception démocratique et laïque de l'Etat, au moment où l'on se penche sur le cas de l'homme tel que l'étudie Spinoza.
Il semble naturel alors, que l'interprète du système spinoziste analyse l'anthropologie (entendue aussi bien au sens de l'homme tel qu'il est, que de réalisation de l'homme tel qu'il doit être) comme fin suprême ; la politique n'étant que le moyen d'atteindre l'homme (et de faire atteindre à l'homme) dans la plénitude de sa nature. La perspective dans laquelle je me propose de travailler est double. La méthode sera de mettre côte à côte l'anthropologie et la politique de Spinoza, avec pour préjugé, l'existence d'une correspondance entre les deux. L'intention est cependant légèrement différente. Il s'agit de renvoyer dos à dos politique et anthropologie. D'en arriver, en partant d'une juxtaposition, à une opposition entre la politique et l'anthropologie. Cela, en vue de poser une question nouvelle : ne faudrait-il pas se demander s'il existe chez Spinoza, une alternative plutôt qu'une continuité ; Etat ou Anthropologie ? Le glissement entre le titre de ce travail et la question qu'il pose est volontaire. Il me semble en effet qu'il est possible de dégager des deux rubriques de départ (politique et anthropologie - cette dernière étant à comprendre dans les deux sens de conception générale de l'homme tel qu'il est - aussi bien que de projet de réaliser ce que l'homme doit être). Deux notions qui semblent leur devenir équivalentes pour l'auteur, alors même qu'elles n'en épuisent pas le sens dans la réalité. D'une part, les différents problèmes politiques et sociaux que l'on englobe sous la rubrique politique, me semblent être résolus totalement par Spinoza dans l'Etat. Comme si dire l'Etat, c'était épuiser la politique. D'autre part, l'anthropologie n'est plus, dans la question qui est posée, que la réalisation de l'homme tel qu'il doit être, ce « devoir être » étant pressenti a contrario sur la base de la servitude humaine. La perspective habituelle pose l'anthropologie comme la fin de la philosophie politique. Elle me semble s'y opposer finalement, dans la mesure où l'Etat est, à son tour, érigé comme but dernier, comme s‘il était lui-même l'équivalent du devoir être humain.
[...] Ce ne sont ni la crainte ni l'espoir qui les motivent, car ils n'ont ni crainte ni espoir. Seulement une visée unique et commune vers leur essence. Le même utile qui est recherché individuellement est mis en valeur dans la communauté politique, la démocratie prend les corps et leur action en charge tandis que chacun poursuis sa quête de la Béatitude. L'homme parfait dans l'Etat parfait, deux perfections en interaction. Perfection de l'individu, perfection de l'Etat, chacun privilégiant l'essor de l'autre, lui donnant force et sens. Cercle fermé auto producteur. [...]
[...] Matheron Individu et Communauté chez Spinoza Le Christ et le salut des ignorants chez Spinoza G. Deleuze. Spinoza et le problème de l'expression Dufour-Kowalska L'origine : l'essence de l'origine . l'origine selon l'Ethique de Spinoza F. [...]
[...] L'Etat prit en tant que tel est concrétisation n même tant que réalisation de l'essence humaine opposée à la nature humaine, bien que et peut être parce qu'il tient compte de l'existence des affects. L'essence correspond au livre v de l'Ethique, la nature humaine est servitude. Dans l'Etat réside l'essence qu'il reconduit ensuite par l'exercice de son activité propre dans les individus du corps social. Cet aspect permet d'introduire une autre perspective dans l'étude de la politique spinoziste. En effet, l'Etat, à l'image de la Substance, bien qu'à un niveau plus retreint, d'une manière moins résolument productrice, est le réceptacle de l'essence. [...]
[...] ( ) » (Ethique IV, Proposition LXXIII, Scolie). S'il doit se méfier de son prochain quand il est ignorant, c'est parce qu'il comprend les mécanismes de la sociabilité raisonnable et se garde des effets de la sociabilité débridée. De la même manière, il est conscient du fait que l'Etat raisonnable lui permet de jouir de la vie de l'esprit, et cela sans entraves. C'est pour l'homme raisonnable que se réalise véritablement la notion de droit irréductible de chacun. Seul l'Etat réel donne les conditions qui permettent d'accéder sans trop d'encombres à la véritable nature de l'homme. [...]
[...] Elle exprime son essence nécessaire en déterminant l'essence des choses singulières. La Substance est le lieu de toutes les essences concevables. L'Etendue est un attribut de la Substance au même titre que le Pensée et leur modifications donnent lieu et existence à l'esprit et au corps humains, intégrés dans une multitude de choses singulières , modes dont l'existence et l'essence sont nécessairement déterminées par celles de la Substance. Des attributs découlent aussi les lois éternelles de la nature dont l'entendement humain ne peut connaître que quelques aspects ; celles de la nature étendue et de la nature pensante. [...]
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