D'emblée, la notion de culture semble s'imposer à nous comme inhérente à l'être humain. L'homme n'est pas un animal comme les autres, c'est un être de culture. Cependant, il parait aussi évident que tous les hommes ne suivent pas les mêmes schèmes dans leurs sociétés. Si dans sa définition ontologique, la culture, comme ce qui nous élève au-delà de l'animalité nous est à l'évidence universelle, la culture dans son sens anthropologique, concernant un groupe social plus restreint, nécessite une approche différente. Ainsi, pour parler d'une pluralité des cultures, il apparait plus judicieux d'envisager la culture dans une acception relevant davantage du groupe social humain que de l'humanité elle-même.
Ce sujet suppose une définition particulière de la culture. Ici, elle désigne l'ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les « façons de vivre ensemble », les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs de traditions et de croyances. En ce sens, elle soulève le problème d'un certain relativisme, suivant l'époque, l'espace et les hommes. On parle alors « des cultures ». Le présupposé sujet nous invite à penser que la pluralité des cultures pourrait être un obstacle à l'unité du genre humain. L'acception d'une culture « au pluriel », relative, diffère-t-elle autant d'une culture dans son sens général ? Comment expliquer qu'une diversité des cultures puisse être à l'origine d'une division du genre humain, et selon quels schèmes ? Est-il possible de concilier un tel relativisme, particularisme, avec les notions d'unicité et d'universalité sous-jacentes au genre humain ?
[...] Accepter la pluralité des cultures constitue pour l'homme un obstacle évident pour penser correctement l'idée d'une unité. Comment rendre compte d'une réelle unité si je ne me reconnais pas dans l'autre, si son langage et ses modes de vie m'échappent. Or, je ne peux fonder l'unité du genre humain sur sa seule physiologie (qui nous est commune), bien trop réductrice. L'unité ne peut se fonder sur cette nature seule. L'homme occidental, qui porte en lui les marques de sa culture, de son éducation, connait alors quelques difficultés à se reconnaitre dans les agissements d'un homme évoluant dans une tribu d'Amazonie, si ce n'est dans sa morphologie générale. [...]
[...] Nous ne pouvons pas concilier unité et pluralité, la contradiction est autant dans les termes que dans les faits. La culture est relative à une société donnée. Or, la société est une entité plurielle dans son essence même puisqu'elle est le lien de la diversité et de la multiplicité de ses composantes et de leur libre expression. Les sociétés modernes se fondent sur un rejet de l'homogénéité reposant sur la culture et la tradition. Chacun revendique ce droit à l'originalité et à la particularité. [...]
[...] En ce sens, elle soulève le problème d'un certain relativisme, suivant l'époque, l'espace et les hommes. On parle alors des cultures Est-il possible de concilier un tel relativisme, particularisme, avec les notions d'unicité et d'universalité sous-jacentes au genre humain ? Or, nous constatons, notamment avec les conflits ethniques divers, que les cultures multiples ne font pas toujours bon ménage. Peut-il y avoir pourtant une compatibilité ? L'enjeu est de taille, car il s'agit de concilier deux antagonismes : l'universalité face au particularisme. [...]
[...] Ces identités plurielles ne sont donc pas un obstacle pour penser l'unité du genre humain, mais bien une richesse supplémentaire. Nier cette richesse de la diversité culturelle, c'est surtout faire preuve d'ethnocentrisme, et cette attitude dogmatique est à bannir au plus haut point d'une discussion philosophique. Elle peut être dangereuse en ce sens qu'elle ouvre ses portes à la violence. L'attitude inverse n'est pas plus louable, puisqu'il s'agit d'une attitude sceptique, qui, au vu de la multiplicité des cultures, suspend tout jugement. [...]
[...] C'est ce que nous confirme Lévi-Strauss dans Race et Histoire, Les mêmes lois de base régissent les tribus primitives et la plus évoluée des sociétés industrielles. Ainsi, l'homme reste toujours le même et l'unité du genre humain n'est pas remise en cause par les cultures multiples. Les différences se superposent sur un fond commun qui reste identique et immuable. Cependant, cet accord du divers dans l'unité pose le problème de tout rapport à autrui. En effet, l'homme possède toujours cette tentation de l'Alter Ego, de faire de l'autre son semblable, son autre moi. Alors, un groupe social pluriel apparait malgré moi. [...]
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