Le livre VI de la République se donne comme premier objectif d'amener celui qui aime la vérité à s'occuper de la res publica, des affaires de la cité. Autrement dit, la cité idéale sera réalisée dès que sera réalisée la coïncidence entre pouvoir et philosophie. Or, en vue de ceci, Socrate révèle à ses interlocuteurs que l'étude la plus importante doit être celle de l'Idée du Bien. Le passage [505 a–506 a] entreprend donc un examen qui demeurera au premier plan jusqu'au livre VII en marquant néanmoins le dialogue jusqu'à sa fin. C'est pourquoi, dans le cadre ci-présent le bien se veut avant tout comme l'arme politique par excellence, car c'est lui qui permettra d'éviter toute corruption de la cité idéale. Cependant cette force n'est pas gratuite, attendu qu'il est difficilement connaissable. Socrate joue alors sur le lien entre connaissance et bien qui doit au niveau politique aboutir sur le rapport entre bien et pratique. Ayant auparavant déterminé que la connaissance du bien est supérieure à toute autre forme de connaissance, les interlocuteurs de Socrate n'hésitent pas à lui demander d'expliquer en quoi exactement elle consiste. Or, c'est là tout l'enjeu de l'extrait, car il s'agit de déterminer l'Idée du Bien. Nullement embarrassé, Socrate procède comme d'habitude en écartant ce qui ne pourrait pas être le bien et même ce qui ne pourrait pas se dire la connaissance du bien. Bref, Socrate examine le bien en débroussaillant les différents préjugés populaires ou les affirmations douteuses sophistiques. Mais corrélativement à une nécessité politique, le bien devient aussi une nécessité juridique puisqu'il est supposé attribuer un jugement de valeur. Encore, il s'agit de remarquer que Socrate parle du bien au singulier, c'est-à-dire qu'il est Un. De ce fait, on retrouve un fond d'analogie avec la cité idéale qui se comprend comme une et indivisible malgré sa tripartition tout comme l'âme qui est une entité réalisant la synergie de ses activités. De ce fait, Socrate met en évidence trois grands problèmes. Tout d'abord, la connaissance du bien peut-elle être déterminée comme un critère de valeur des objets, c'est-à-dire la condition sine qua non pour vraiment les connaître ? Aussi, ne serait-elle pas une connaissance préalable à toute autre connaissance ? Ensuite, en quoi et pourquoi le bien ne peut se confondre avec le plaisir tout comme il ne peut être expliqué tautologiquement ? Mais, Socrate n'oublie pas l'objectif de son dialogue, c'est-à-dire réaliser et préserver la cité idéale. Pour cela, il affirme la nécessité pour les gardiens de prendre conscience du bien, c'est-à-dire l'apercevoir. Pourquoi sont-ils alors les seuls à devoir sortir de l'obscurité ? Or, si ces trois questions préparent le lecteur à l'étude analogique prévue pour la fin du livre VI et le début du livre VII, elles en cachent une autre qui à la fois les englobe et les dépasse. Si en effet téléologiquement le Bien apparaît comme un système de l'activité totalement unifiée, partant comme essence réelle, une forme, Socrate ne déclare-t-il pas au livre VI de la République que le Bien absolu, dont il renonce à donner une définition positive, n'a pas lui-même la réalité d'une essence, mais qu'il est transcendant à toute réalité ?
Il s'agira donc tout au long de cet extrait de comprendre l'intérêt de la connaissance du bien (« Tu m'as entendu […] du beau et du bon »), pour ensuite expliquer la définition négative que Socrate propose (« Mais, par ailleurs […] controverses considérables et nombreuses ») et enfin déterminer les enjeux politico philosophiques de l'Idée du Bien (« Mais quoi ? […] avant de connaître ce bien »).
[...] De ce fait, on retrouve un fond d'analogie avec la cité idéale qui se comprend comme une et indivisible malgré sa tripartition tout comme l'âme qui est une entité réalisant la synergie de ses activités. De ce fait, Socrate met en évidence trois grands problèmes. Tout d'abord, la connaissance du bien peut-elle être déterminée comme un critère de valeur des objets, c'est-à-dire la condition sine qua non pour vraiment les connaître ? Aussi, ne serait-elle pas une connaissance préalable à toute autre connaissance ? Ensuite, en quoi et pourquoi le bien ne peut se confondre avec le plaisir tout comme il ne peut être expliqué tautologiquement ? [...]
[...] Il constate alors que pour certaines qualités et propriétés l'homme se contente de les imiter et ainsi jouer la comédie. Au contraire, s'agissant du bien, Socrate explique que l'apparence ne suffit plus et qu'il s'agit de l'avoir, c'est-à-dire d'en prendre l'être, l'essence même. De plus, ce bien peut être entendu dans deux sens complémentaires : dans la traduction de G. Leroux on parle des biens alors que dans celle de P. Pachet on parle du bien En effet, les hommes s'intéressent aux biens considérés comme choses, uniquement si elles sont concrètes, matérielles. [...]
[...] Par ailleurs, dans le Ménon Socrate démontre que si l'utile c'est le bon, le bon à son tour est le bien dont la définition réelle s'applique à tous les cas et pour tous les hommes et qui, par là, détermine l'objet d'une science et d'une science applicable. De ce fait, le beau et le bon semblent entretenir des rapports étroits avec le bien, voire même constituer l'enveloppe du bien. Mais Socrate ne s'arrête pas là. S'il vient de montrer le rôle primordial de la connaissance du bien, ce n'est que pour mieux tenter de la définir. [...]
[...] Pour reprendre les mots de J. Moreau il faut que les gardiens aient contemplé l'Idée de Bien ; ce que l'on enseigne et que l'on se représente communément comme le Bien, il faut qu'ils en aient par la réflexion reconnu la valeur, qu'ils aient découvert le suprême intérêt de l'être qui pense. Il faut que celui qui est appelé à diriger l'Etat soit philosophe, qu'il se soit élevé au degré suprême de la dialectique Or, justement le point commun entre le bien et la dialectique c'est qu'ils sont tous deux au-delà de l'essence, qu'ils ne sont pas un savoir de contenu mais un savoir de forme. [...]
[...] Le gardien digne de ce nom est donc celui qui par l'intermédiaire de la connaissance du bien, entrevoit de quelle façon il doit diriger la cité. Le législateur doit avoir en vue le bien du Tout et y subordonner les intérêts particuliers. C'est le principe fondamental de la science politique. Cela permet à Socrate de revenir à la toute première question, c'est-à-dire qu'est-ce que la justice en affirmant qu'elle ne peut être saisie que si préliminairement le bien lui- même a été connu. [...]
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