"Une cité naît parce que chacun de nous, ayant besoin de beaucoup de choses, se trouve dans l'impossibilité de se suffire à lui-même." C'est ainsi que s'explique la genèse de la cité conformément à la raison, chaque homme emploie chaque autre homme pour satisfaire l'un de ses besoins, et comme il existe une multitude de besoins, un grand nombre d'homme se rassemble en un même lieu d'habitation où ils communiquent les uns avec les autres en s'entraidant. Au-delà de la cité élémentaire ainsi justifiée, Platon cherche dans ses œuvres à décrire l'idée d'une cité idéale. Platon est né à Athènes.
L'œuvre de Platon se construit sur un sol dramatique qui commence avec l'expérience d'un désordre politique et moral, qu'atteste le spectacle scandaleux d'une cité qui accuse et met à mort le plus juste de ses citoyens : Socrate. Platon ne cessera de méditer cette injustice. Aux échecs répétés de ses efforts pour construire une cité juste, à la cour de Denys de Syracuse en Sicile, s'opposent les succès de son école, fondée en 387 av. J.-C. : l'Académie.
C'est devant cette situation de crise que Platon va donc travailler à instaurer un nouveau régime. Dans son ouvrage "Politeia", traduit par la République, ainsi que dans son traité "Les Lois", Platon expose sa vision de la cité idéale. Mais le modèle de cité parfaite qu'a entrepris d'élaborer Platon en réponse aux crises de son temps, serait-il un modèle transposable dans la réalité ? Peut-on en faire une lecture contemporaine ? Quelle interprétation peut-on donner quant à la pensée platonicienne première lorsqu'il a rédigé ses traités ?
[...] Or Platon n'a rien d'un déserteur. Attaché à sa cité qu'il ne quitte pas, attentif jusqu'au bout à sa tâche d'éducateur d'âmes comme le fut son maître Socrate, il ne peut s'être désintéressé du régime ni avoir souhaité l'effondrement de la Cité. En refusant et pour la deuxième fois de proposer une solution de rechange à la démocratie, on peut dire que Platon lui est finalement resté fidèle. Un modèle faussement totalitaire Les critiques de Karl Popper sont parmi les plus virulentes. [...]
[...] Il voit en Platon l'ennemi de la société ouverte, en raison d'une pensée qui relève du totalitarisme. En témoigne d'abord la conception même de la justice. Ce que Platon appelle la justice, ce n'est pas l'égalité au sens démocratique, mais ce qui est dans l'intérêt de la Cité (République). Or, la Cité parfaite ne doit pas connaître de changement car toute évolution est porteuse de décadence. Il résulte de cet immobilisme ne hostilité au changement social, car les classes ne sont pas seulement hiérarchisées mais elles doivent aussi être rigoureusement séparées. [...]
[...] En conclusion nous pouvons nous demander à quoi nous sert de lire de nos jours la conception de la cité idéale selon Platon. Les philosophies politiques de l'Antiquité sont dépaysantes, dans la mesure où elles nous permettent de mettre en question ce qui, pour un Occidental de la fin du XXe, semble aller de soi. Par exemple, que le meilleur régime politique soit la démocratie. Avec la philosophie politique de Platon, ce sont donc NOS préjugés qui sont remis en question. Cela ne signifie pas que Platon a raison, mais cela nous permet de prendre conscience de nos présupposés. [...]
[...] Comme l'artisan, le philosophe est fort de son savoir technique et il en fait profiter l'usager. De même qu'une technique est pratiquée en vue du bien de son utilisateur, de même le philosophe au pouvoir fait profiter les concitoyens de son savoir, au lieu de le détourner à son usage personnel. La politique a donc un fondement moral lorsque le commandement est exercé non au profit de celui qui commande, mais en vue du bien de celui qui est commandé, même contre son opinion. [...]
[...] Il faudra aussi préciser que même si l'on parle souvent de trois classes de citoyens ce terme est impropre, non seulement parce qu'il est anachronique, mais aussi parce qu'il ne rend pas suffisamment l'idée, que pour Platon, les trois groupes sont trois espèces ou trois affectations d'une même nature citoyenne tout comme l'âme compte trois espèces sans qu'il n'y ait trois âmes différentes. Un mode de gouvernement : les philosophes rois La timocratie se dégrade en oligarchie, qui se dégrade en démocratie, qui se dégrade à son tour en tyrannie. Un tyran, voire plusieurs, qui gouverne par compétence et par savoir changerait la tyrannie en monarchie ou en aristocratie (gouvernement des meilleurs). On parlerait alors de philosophe- roi, ou roi philosophe. Le gouvernement doit être formé au pouvoir de l'Etat. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture