Dès Louis XIV et la France du Grand Siècle, commence à se développer une administration d'experts en la personne des commissaires chargés d'appuyer le roi par leurs compétences précises mais aussi de le représenter. Au même moment, les hommes de science s'installent dans les grandes cours européennes. Au début du septième livre de la République, Platon utilise une allégorie millénaire susceptible de nous permettre de cerner au mieux la vocation du savant au sein de la société civile et de l'espace public. Par savant, on entend quelqu'un d'érudit, un homme de sciences, mais ce terme fait aussi appel à la notion d'habileté. Pour être savant, il faut avoir développé une compétence particulière dans un domaine précis.
Un savant n'est donc pas nécessairement un scientifique mais plutôt un «homme qui sait». L'homme politique peut donc être savant sans pour autant être un homme de sciences. Cependant, au fil de l'histoire, ce sont des gouvernements démocratiques qui se sont imposés et servent aujourd'hui de référence, un gouvernement de savants, ou technocratie, n'ayant donc pas été retenu comme meilleur système politique. La place occupée par le savant en politique se veut ainsi contestée. Plusieurs définitions correspondent au mot politique : il peut définir la façon dont s'organise la cité, l'art politique se référant alors à la pratique et la gestion du pouvoir, la «science des affaires de la cité» (du grec politiké). Enfin, la politeia qui renvoie à la Constitution et concerne donc la structure et le fonctionnement d'une société ayant trait au collectif, justifiant l'élargissement de la science politique à plusieurs domaines.
[...] C'est ici le propre des sociétés théocratiques où la légitimité politique découle de la divinité. Il faudrait cependant distinguer les sociétés monarchiques où le postulat selon lequel le souverain n'est en fin de compte pas un savant car il n'aurait fourni que «l'effort de naître» serait valide, des sociétés théocratiques telle celle des mollahs République d'Iran) où ce sont bien des personnalités religieuses mais ayant reçu une éducation particulièrement complète qui gouverne. Ce dernier type de sociétés est cependant bien plus moderne que les premières De même, nous sommes en droit de nous demander dans quelle mesure les hommes dits «savants» de la sphère politique le sont réellement. [...]
[...] Il semble en effet que la nécessité d'un savoir pour l'exercice du pouvoir politique ne prend son sens que par rapport à la modernité. Les sociétés prémodernes étaient en effet gouvernées par un souverain qui disposait d'une légitimité certaine qui était issue de sa filiation ou d'un succès personnel héroïque accompli lors d'une bataille ou d'un évènement de grande importance lui permettant ainsi d'assurer sa légitimité au pouvoir auprès du peuple. Cette idée est notamment développée par «l'éternel hier» chez Max Weber. [...]
[...] On pourrait ainsi dire que perchés dans leur tour d'ivoire, les savants ne seraient pas en mesure d'adapter la politique aux besoins de la société. Prenons le matérialisme historique élaboré par Marx : c'est à la base une thèse de sciences sociales destinée à démontrer que l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes dans Le manifeste du parti communiste Enfin, il ne faut pas oublier que la science qui échappe au peuple et qui est donc le propre des savants peut être utilisée contre la population et la société. [...]
[...] Nous pouvons donc dire que le savant occupe alors une place prépondérante en politique puisqu'il en fait marcher les rouages, nous parlerions donc du savant comme d'un homme de sciences, mais il est aussi chargé d'incarner la politique et de représenter son autorité, nous parlerons alors du savant comme d'un homme d'Etat. La Politeia ne désigne pas uniquement la science politique mais plutôt un ensemble complexe de plusieurs domaines (droit, économie, sociologie . ) qui sont indispensables à la bonne organisation d'une société. En effet, l'objectif premier de la politique est bien d'organiser la vie en société et en ce sens, elle semble avoir des objectifs bien complexes. [...]
[...] De cette façon, le savant gouverne, mais il gouverne au nom du peuple qui fait connaitre sa volonté par le vote, le référendum et toutes les autres formes de participation à la vie politique qui est mise à sa disposition. Ainsi, comme le dit Machiavel, le Prince doit s'appuyer sur le peuple plutôt que sur les grands en vue de conserver son pouvoir. La question de la place occupée par le savant en politique est complexe. Au vu des réponses apportées, il conviendrait avant tout de distinguer deux types de savants. [...]
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