Cours de philosophie politique constituant un cours de philosophie pratique. L'objectif de ce cours est de donner aux étudiants une présentation des principales traditions contemporaines en philosophie politique et de la manière dont elles entrent en débat. Document d'une qualité exceptionnelle, très intéressant pour les universitaires mais aussi pour les terminales.
[...] Dans ces conditions, une critique républicaine du libéralisme peut paraître constituer un phénomène réactionnaire. C'est le passage du républicanisme au libéralisme qui doit constituer un progrès philosophique, non l'inverse. Pourtant, sans contester la pertinence de la dénonciation libérale de la Terreur prétendument rationnelle, divers auteurs ont perçu dès le début du XIXe siècle que la réponse libérale risquait de méconnaître certains des acquis spécifiquement modernes du républicanisme dont, au premier titre, la mise en évidence de la participation politique comme condition de toute organisation démocratique de l'Etat. [...]
[...] Inversement, seule la jouissance de droits privés peut permettre aux individus d'exercer leurs droits politiques. Quel sens, en effet, y aurait-il à voir la liberté d'opinion reconnue par l'Etat si la sécurité de la personne qui exerce cette liberté n'est pas protégée contre les réactions des personnes ne partageant pas son opinion ? En soulignant de la sorte l'indissociabilité des libertés civiles et des libertés politiques, la tradition libérale s'unit avec la tradition démocratique. C'est cette synthèse de la démocratie et du libéralisme, ce libéralisme démocratique qui va s'imposer progressivement comme référence dominante. [...]
[...] Alors qu'elle est supposée signifier le triomphe de la liberté, le symbole de sa transposition dans la réalité historique est la guillotine. La Révolution française est en effet la réalisation pratique de l'idéal philosophique moderne. L'utopie révolutionnaire tient en une formule : Le Roi est mort, vive la raison A l'arbitraire d'un monarque absolu devait succéder le règne de la raison et le triomphe de la liberté. Mais comme être libre signifiait respecter les principes de la raison, il appartenait à la nouvelle République d'imposer la liberté en forçant le peuple à suivre la raison. [...]
[...] Nous ne pourrons ici que donner quelques indications générales. Par-delà les accointances existant entre le socialisme démocratique et le libéralisme de gauche, une distinction fondamentale persiste : alors que les libéraux de gauche réclament que l'Etat régule fortement le système économique tout en lui restant extérieur, les socialistes prônent ou prônaient une nationalisation au moins partielle des moyens de production. L'Etat socialiste doit être un acteur privilégié, voire l'acteur principal, du système économique. Les libéraux de gauche refuseront quant à eux de faire de l'Etat un réel acteur économique. [...]
[...] C'est donc avant tout dans la volonté de se restreindre au seul thème de la justice sociale que se manifeste la neutralité du libéralisme. Dès lors, accuser le libéralisme de reposer implicitement sur un certain nombre de thèses axiologiques comme, entre autres, le privilège accordé à la raison, la conception de la personne comme détachée de son appartenance communautaire ou la compréhension de la liberté comme indépendance, c'est se méprendre sur son propos. Un libéral ne prétend pas que mener une vie bonne exige de se détourner de la religion, de nier toute appartenance communautaire et de chercher à satisfaire ses préférences personnelles. [...]
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