La réflexion sur la guerre porte sur son explication, sur la distinction guerre/violence. Trois alternatives : guerre ou paix, la guerre juste ou la guerre injuste, la guerre limitée ou la guerre totale. Par ailleurs, trois types d'explication de la guerre existent : la nature humaine (explication anthropologique), la nature des régimes politiques, la nature anarchique du système international.
En ce qui concerne la distinction entre la guerre et la violence, nous pouvons dire que l'antonyme de la paix, ce n'est pas la guerre car la paix en vérité devrait désigner non pas l'absence de guerre mais l'absence de violence politique. Dès lors, comment peut-on requalifier les trois alternatives de la guerre ? Trois grandes questions. La guerre peut-elle être dépassée (théorie de l'obsolescence de la guerre), ou abolie ? La guerre peut-elle être juste ? La guerre peut-elle être instrumentalisée ? Nous verrons qu'à chacune de ces 3 questions correspond un postulat : la guerre serait désuète ou illicite, la guerre serait susceptible d'une évolution normative, la guerre serait un moyen au service d'une fin.
[...] De la critique du pacifisme à l'axiologie de la guerre En droit international, les réalistes s'en tiennent à la paix, précaire, fondée sur l'équilibre des puissances, la reconnaissance des souverainetés, la reconnaissance des antagonismes. Pour Freund, on ne fait la paix qu'avec l'ennemi ; ce qui implique de le reconnaître pour négocier avec lui, voire se réconcilier. Sinon, l'unique solution est l'anéantissement de l'ennemi ou sa conversion. Plus généralement, la critique du pacifisme a revêtu 3 formes : anthropologique, politologique, axiologique. S'ajoute une critique conjoncturelle après 1945. [...]
[...] A l'inverse, la remise en cause du monopole de l'Etat de la force, typique des processus révolutionnaires, s'accompagne pour lui, d'une régression du processus de civilisation. Mais ce point de vue là néglige la violence d'Etat et néglige les effets collatéraux de la guerre interétatique. La guerre s'accompagne d'autres phénomènes de violence politique : la dictature, le totalitarisme, l'attaque de populations civiles en raison de leur identité ou de leurs opinions. Au 20ème siècle, il y a moins de guerres entre Etats que de "guerres" des Etats contre leur population. Moins de violences guerrières que totalitaires. [...]
[...] On parle de violence totalitaire. La violence totalitaire désigne la violence politique qui ne distingue ni la paix, ni la guerre ; ni les combattants ni les non- combattants ; et qui vise tel groupe du simple fait de son identité ou de son opinion. Un Etat peut user de violence totalitaire sans qu'il soit lui- même totalitaire. Ex : empire ottoman (1915), Rwanda (1994). Un Etat peut être totalitaire sans user de violence totalitaire. Ex : Urss après 1953. [...]
[...] De la guerre à la paix ? De nombreux auteurs pensent que le progrès de la civilisation, obtenu à l'intérieur des sociétés, peut et doit s'accompagner d'un progrès similaire entre les sociétés. La guerre, même interétatique, rend précaire et réversible le progrès de la civilisation. En effet, la protection que l'Etat assure aux personnes et aux biens, se renverse en commandements donnés au sujet de l'Etat au risque de leur vie. Par conséquent, juridiciser les relations internationales est une préoccupation éthique : il s'agit d'observer la norme, ne pas nuire à autrui. [...]
[...] (1991), Le pouvoir nu : propos sur la guerre et la paix. Hermann pages. GENERAL PALAT (1998), La philosophie de la guerre selon Clausewitz pages. LE BRAS-CHOPARD A. (1994), La guerre : théories et idéologies. Montchrestien pages. MAFFESOLI M. (1999), La violence totalitaire. Essai d'anthropologie politique. Desclée de Brouwer pages. PHILONENKO A. (2003), Essais sur la philosophie de la guerre. [...]
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