Le philosophe médecin, Nietzsche, rôle du philosophe médecin, philosophie à coup de marteau, problème de la civilisation, angle de la maladie
Le rapport singulier entre philosophie et littérature entrera au XXe siècle avec Deleuze, sur le terrain de la psychopathologie , néanmoins et bien avant, la figure du philosophe médecin entre en jeu avec Nietzsche, qui sème les prémices d'une première philosophie médicale au sein de laquelle tant les différents domaines artistiques que philosophiques se mêleront aux thèmes de la santé et de la maladie, et plus précisément, de la physiologie ; de sorte à élargir le champ d'action de la philosophie ainsi que de donner un renouveau, ou plutôt, d'opérer un renversement du regard, si traditionnel, porté sur le corps et plus généralement sur la civilisation occidentale.
De par la méthode généalogique nietzschéenne, la « symptomatologie » est l'espace où se rencontrent toutes les disciplines : arts, médecine, politique, lettres, etc.... Pratiquée par la figure du philosophe médecin, la symptomatologie apparait au travers des oeuvres du Nietzsche de la maturité comme étant elle-même un Art : ainsi, l'art de la lecture et de l'interprétation des « signes » propres à une culture donnée permettra de déterminer quel apport une philosophie médicale peut transmettre à la médecine.
[...] La décadence comme tyrannie de la raison s'étend à tous les domaines, incapables de maîtrise sur la forme. La maladie englobe la civilisation toute entière. La négation des instincts et la négation de la vie est la définition même de la décadence, et surtout à grande échelle lorsqu'elle constitue un phénomène collectif. Le symptôme reste donc pour Nietzsche, le signe de la maladie : il apparait de façon extérieure, il est un élément à part entière de la médecine clinique. Dans nos interprétation tout est signe de symptôme, de l'état physiologique de ce que nous sommes. [...]
[...] Le nihilisme est un symptôme, il est le signe d'une aspiration bien particulière du corps, celle-ci peut être aspiration à la croissance ou au déclin. Pour déterminer qu'elle est l'aspiration dont le nihilisme est le signe, il faut l'interpréter et, selon la méthode de Nietzsche, entreprendre une démarche généalogique qui consiste à trouver l'origine et la valeur de ces signes, de sorte à en déceler le sens physiologique. Le nihilisme dit actif est instituteur de valeurs, c'est celui par lequel passe le philosophe médecin, il est un temps intermédiaire ou l'homme gagne en puissance, ou le corps est en marche vers la puissance. [...]
[...] Nietzsche fait de la maladie un outil capital dans la nouvelle perspective d'une connaissance incorporative[10], c'est un moyen qui servira notamment à l'analyse de la philosophie des systèmes, de l'histoire de la philosophie toute entière[11] La maladie est ainsi décisive pour ce qui est de l'entreprise d'une évaluation. L'idole est une valeur en décalage avec la réalité[12]. Mais l'idole est aussi un valeur hostile à la vie. L'image du marteau peut évoquer un instrument de combat ; la destruction[13] mais l'évocation du marteau inspire davantage à Nietzsche un instrument à usage médical servant d'abord à ausculter, à interroger et examiner les signes. [...]
[...] Le philosophe médecin est censé ressentir que les anciens Idoles font barrière à l'accroissement de puissance. Celui qui parvient à changer de regard sur le corps se doit d'être le premier à être atteint par la maladie, mais sans pour autant rester malade durablement. Ce changement de regard consiste à adopter un changement de perspective : passer d'un point de vue représentatif à un point de vue incorporatif, l'interprétation se fera par le biais du corps, l'accès à la réalité est déplacé. [...]
[...] Ces signes cachent la maladie. Le problème de la civilisation est ici central dans la mesure où ce problème repose entièrement sur les idoles qui la constituent, eux même fondés sur le choix de la raison contre les intérêts tyranniques des instincts. La civilisation en décadence ne tient plus debout, après la mort de dieu ses idoles commence à s'effondrer, la maladie nihiliste empirent. La civilisation malade entretenue par des instincts malades est incapable d'atteindre la maitrise d'elle-même, de s'imposer un ordre, il y'a appel à une instance transcendante ; la raison . [...]
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