Si un conférencier exige le silence de l'assemblée, il ne formule pas une simple requête. L'exigence n'est pas censée rester une exigence « en idée » : elle implique implicitement qu'on l'exécute. Si on exige la liberté ou la justice, on ne se place pas dans une perspective utopique : ces exigences sont légitimes parce que la justice et la liberté doivent être réalisées, et être effectives. L'exigence de liberté nous semble aujourd'hui être une expression presque redondante, tant nous sommes imprégnés par l'esprit de la Déclaration de droits de l'homme qui fait de la liberté un droit naturel devant être protégé par les lois. Or les lois –le droit positif- sont l'expression objective de l'idéal de justice d'un Etat. Ainsi, l'exigence de liberté et l'exigence de justice nous semblent nécessairement aller de paire.
[...] Les hommes en viendront inévitablement à se rencontrer et à entrer en concurrence pour obtenir ces biens. On aboutit à un affrontement généralisé. Cette guerre de tous contre tous (Hobbes) est un état contradictoire : en voulant assurer leur existence, les hommes la mettent constamment en péril, car ils sont sans cesse menacés de mort violente. Ainsi, ils peuvent calculer que s'ils veulent voir leur vie et leur sécurité garanties, ils doivent renoncer à leur liberté naturelle illimitée pour imposer des barrières des chaînes artificielles à leur liberté : les lois (Hobbes, Léviathan). [...]
[...] Ainsi, l'exigence rationnelle de liberté implique logiquement et moralement l'exigence de justice politique le droit républicain - et l'exigence de justice morale la volonté autonome. Etre libre, c'est obéir aux lois qu'on s'est soi-même imposées ; être juste, c'est être autonome. [...]
[...] Ainsi, l'exigence de liberté de l'individu est bien séparable des exigences de la justice positive, mais elle découle d'une exigence de justice, d'une exigence de respect de la nature de l'homme. B. L'exigence d'équité et l'exigence de liberté peuvent être séparées au nom d'un droit : le droit naturel à la liberté Une suppression de l'autorité de la justice comprise comme institution étatique n'est cependant envisageable que si l'on considère l'homme comme naturellement pacifique et bon. Or les révolutions et les guerres civiles, pendant lesquelles ce type d'autorité est suspendu, donnent généralement lieu à des exactions qui viennent démentir cette hypothèse anthropologique. [...]
[...] En effet, la justice peut être conçue comme un simple instrument au service de notre sécurité, de la paix, de l'ordre Mais du point de vue de la légitimité, l'exigence de justice et l'exigence de liberté ne sont pas séparables, et ceci pour deux raisons. D'une part, parce que l'exigence de justice implique l'exigence de l'existence de lois. D'autre part, parce que l'exigence d'autonomie trouve son fondement en le principe rationnel qu'est la loi morale, qui commande également de respecter la liberté d'autrui. Etre juste envers autrui, c'est respecter sa liberté. [...]
[...] Oui, l'exigence de justice et l'exigence de liberté sont séparables A. Etre libre, c'est faire ce que l'on désire Je suis libre, je fais ce que je veux réplique-t-on souvent lorsque l'on voit ses actes critiqués ou condamnés par autrui. On se réfère ici naïvement à la liberté conçue come indépendance, c'est-àdire l'absence de toute contrainte extérieure, qu'elle soit légale, morale ou physique. Lorsqu'un adolescent exige sa liberté, il se soucie peu de la morale, et encore moins du droit : il réclame simplement de pouvoir suivre ses désirs et de pouvoir se passer de la tutelle parentale. [...]
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