La vie en société s'accompagne d'un certain nombre de devoirs qui peuvent sembler n'être rien d'autre que des obligations sociales: il faut payer ses impôts, respecter le Code de la route ou envoyer ses enfants à l'école. Et c'est aussi l'organisation sociale qui, lorsqu'il y a transgression de ses lois, sanctionne le crime ou le vol. Faut-il en déduire que, pour l'individu, le devoir se réduit à l'obligation sociale ? Une conséquence en serait que, la société prenant des formes différentes, le devoir apparaîtrait lui aussi comme variable d'une société à une autre, et qu'il deviendrait dès lors difficile de préférer un ensemble de devoirs à un autre. Pour sortir de ce relativisme moral, est-il nécessaire de recourir à une conception kantienne du devoir ?
[...] [II - Mais cette réduction du devoir à l'obligation sociale a des conséquences fâcheuses] [A. Obéir à l'obligation sociale peut déterminer des conduites dont la dimension morale est problématique] Si n'importe quelle organisation sociale détermine le devoir, on doit constater que la qualité» du devoir va dépendre de celle de l'organisation sociale. Or, les sociétés peuvent être orientées par des principes - en particulier politiques - dont la dimension morale est problématique. Les systèmes totalitaires déterminent ainsi des devoirs» qui apparaissent après coup comme bien peu conformes à ce que demande en général la morale. [...]
[...] Puisque c'est bien l'ensemble de la vie mentale qui provient essentiellement de la société elle-même, tant dans ses structures que dans ses contenus, la dimension morale ne fait pas exception. De même que, par exemple, le goût esthétique dépend de la définition de l'art, qui est une chose sociale les devoirs formulés par la morale dépendent d'une conscience, non individuelle, mais collective, qui est formée par la société. Lorsque cette dernière réclame de nous ces sacrifices petits ou grands qui forment la trame de la vie morale, nous nous inclinons devant elle avec déférence» (Sociologie et philosophie) puisqu'elle apparaît comme possédant une réalité supérieure à 'Celle de l'individu lui-même. [...]
[...] Peut-on réduire le devoir à une obligation sociale ? [Introduction] La vie en société s'accompagne d'un certain nombre de devoirs qui peuvent sembler n'être rien d'autre que des obligations sociales: il faut payer ses impôts, respecter le Code de la route ou envoyer ses enfants à l'école. Et c'est aussi l'organisation sociale qui, lorsqu'il y a transgression de ses lois, sanctionne le crime ou le vol. Faut-il en déduire que, pour l'individu, le devoir se réduit à l'obligation sociale ? [...]
[...] Il s'agirait alors d'obéir aux obligations sociales universalisables] On peut ainsi considérer l'obligation sociale comme l'équivalent collectif d'une maxime. Son universalisation garantirait qu'elle formule un devoir authentique, exigible de toute l'humanité et surtout respectueux de cette même humanité dans son ensemble. Dans le cas contraire, l'obligation sociale serait à rejeter du point de vue moral, puisqu'elle formulerait un faux devoir, c'est-à-dire une conduite risquant, sous prétexte de respecter une obligation sociale, de ne pas respecter l'humanité (à l'image du devoir» dans les sociétés totalitaires). [...]
[...] En d'autres termes: le repérage de la loi dans sa dimension purement formelle et l'obéissance qu'il détermine sont peut-être trop difficiles pour un être humain qui, loin d'être purement rationnel, est aussi un être sensible. C'est pourquoi il admet que le devoir peut être accompli pour des raisons moins nobles, et qu'il se manifeste non seulement dans la loi, mais aussi dans la maxime - variante des principes pratiques - qui est davantage à notre portée et propose en quelque sorte une adaptation de la loi à notre sensibilité. Pour savoir si une maxime a bien valeur de loi, il suffit de s'interroger sur la possibilité de son universalisation. [C. [...]
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