« Les hommes naissent libres et égaux en droit ». Cette phrase célèbre et concise semble, pour tous, sans équivoque. L'Homme est libre, ce qui semble signifier qu'il peut faire tout ce qu'il veut sans se préoccuper ni d'autrui ni de quoi que ce soit. Est-ce vraiment ce que l'on entend par liberté ? La suite de la phrase révèle cependant la présence d'un « autre », lui aussi libre et ayant les même droits. De même, l'existence de cette phrase instaurée comme loi empêche l'Homme de faire tout ce qu'il voudrait. Si la liberté semble, dans un premier temps, l'expression illimitée de la volonté humaine, la loi en ce qu'elle sert à régir, encadrer et limiter n'est-elle pas cependant un frein à cette liberté ? Dans ces conditions, peut-on à la fois être libre et soumis aux lois ?
[...] Il y aurait donc dans ce cas une conciliation possible entre loi et liberté. Outre les lois de la cité politique et celles de la nature physique, il existe d'autres lois, qui loin d'être écrites, n'en restent pas moins des conditions de soumission pour l'Homme. Ainsi si l'on entend par loi ce à quoi l'on est soumis ce qui nous tient sous son joug alors l'inconscient peut constituer une loi. Freud présente l'inconscient comme une partie de la conscience humaine bien supérieure à la partie consciente de nos pensées. [...]
[...] La liberté est donc ici l'acceptation de la loi. Le principe même de la loi en implique un autre : que toute loi est valable à l'intérieur d'un système d'origine. En effet, le déterminisme causal est immanent au monde des phénomènes. Pour Kant, l'Homme ne peut connaître que ce qui se donne à lui dans l'espace et le temps, c'est-à-dire le phénomène. Une connaissance du monde implique la présence du phénomène et de son principe de fonctionnement. Dans le cas de la nature physique, ce principe est le déterminisme, or il présente une contradiction avec la volonté humaine. [...]
[...] Le monde de la Nature physique est lui aussi régi par des lois. On considère en général que cette loi, le déterminisme causal, est en rupture avec la liberté humaine. Ce déterminisme causal est le principe interne de fonctionnement valable dans le monde de la nature physique (par exemple l'enchaînement de cause à effet ou l'attraction terrestre). Ce principe est en contradiction avec la volonté humaine puisque, par exemple, l'Homme qui souhaiterait avoir la faculté de voler doit évidemment y renoncer. [...]
[...] La loi n'est-elle donc pas réductrice des passions dévastatrices des Hommes ? Dans ce cas, elle serait non plus un frein à la liberté, comme le laisse entendre Calliclès, mais plutôt un choix pour protéger celle-ci. Il faudrait donc considérer la loi comme institution rationnelle ratio :calcul, compte). La loi est le résultat d'un calcul, d'un choix humain. Selon Hobbes dans Le Léviathan c'est par choix que chacun, pour constituer un état politique où les Hommes peuvent être libres, abandonne une part de sa liberté aux mains d'un seul. [...]
[...] Dans le cas des lois qui lui sont imposées, l'Homme a la liberté d'accepter la loi, ou (grâce au travail et à la technologie) de trouver des moyens lui permettant de la contourner, sans pour cela nuire à la liberté d'autrui. Il ne faut pas oublier que la loi a été instaurée à l'origine comme garante de la liberté humaine et non pas pour y mettre un frein. Elle est là pour tempérer l'Homme dans ses passions dévastatrices ; mais ne doit-il pas apprendre lui-même à se gouverner et à réprimer les passions qui ont tendance à le guider ? L'Homme ne doit-il pas être à lui-même sa propre loi ? [...]
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