Rares sont sans doute les individus qui aiment vivre de manière constamment conflictuelle avec les autres, et chacun cherche volontiers à avoir des relations pacifiées avec son entourage. Ce qui semble bon pour les individus l'est-il pour la société ? Chaque société connaît une multitude de conflits, se déployant aussi bien entre ses membres que dans ses relations avec d'autres sociétés. Il est compréhensible que l'on conçoive une société sans conflits, et les philosophes ou romanciers ne s'en sont pas privés. Mais que serait une telle société ? Sa conception est-elle sérieuse, si l'on admet, ce qui est aussi une tradition philosophique, que la contradiction est le fond du réel et que, sans elle, il n'y aurait pas d'histoire ?
[...] Concevoir une société sans conflits est d'autant plus possible que cela a déjà été fait de multiples fois. Mais une telle conception n'est peut-être qu'une rêverie de la pensée, ou une pensée qui se laisse aller à rêver. Pour celle qui prétend s'intéresser à la réalité du monde et de l'homme, il risque en effet d'apparaître que le conflit, loin d'être destructeur, est au contraire créateur, et que, en son absence, l'histoire même ne peut plus guère être conçue. Si une société sans conflits n'est rien d'autre qu'une société sans histoire, elle risque d'être aussi fantasmatique que le "bon sauvage" . [...]
[...] Tout d'abord dans la philosophie. Dès Platon, l'instauration de la République idéalement juste a pour but de satisfaire les désirs de chaque catégorie selon sa "nature" (mais Platon prévoit aussi qu'une telle cité ne peut éternellement durer). Chez les utopistes de la Renaissance, il s'agit de Campanella (La Cité du soleil) ou Thomas More (L'île d'utopie, c'est-à-dire aussi "de nulle part", est symptomatiquement à l'écart des autres nations, elle ignore l'argent, le travail forcé, etc.). Dans le socialisme, que Marx qualifiera précisément d'"utopique" (Saint-Simon, Fourier) il y a une autre répartition du travail et du loisir, un assouvissement des passions chez Fourier, une entraide systématique chez Saint-Simon. [...]
[...] Peut-on concevoir une société sans conflits? Rares sont sans doute les individus qui aiment vivre de manière constamment conflictuelle avec les autres, et chacun cherche volontiers à avoir des relations pacifiées avec son entourage. Ce qui semble bon pour les individus l'est-il pour la société? Chaque société connaît une multitude de conflits, se déployant aussi bien entre ses membres que dans ses relations avec d'autres sociétés. Il est compréhensible que l'on conçoive une société sans conflits, et les philosophes ou romanciers ne s'en sont pas privés. [...]
[...] Elle est affirmée par Hegel: si la dialectique est la loi du réel et de la pensée, elle implique la "relève" de contradictions successives, et suppose donc l'existence de conflits multiples dans tous les domaines du réel. C'est la réalité qui, par nature, est conflictuelle dans son fond. Que deviendrait une société sans conflits? Du point de vue hégélien, elle n'appartiendrait plus à l'histoire. Ne possédant plus de ressort pour résoudre quoi que ce soit, elle serait en effet inerte, totalement statique, et morte. En l'absence de toute concurrence (pas seulement économique, aussi bien culturelle), aucune innovation ne peut apparaître. [...]
[...] Ils peuvent concerner les biens et les propriétés. Ils peuvent être de nature économique, comme la concurrence entre deux entreprises. Ils peuvent porter sur des valeurs, par exemple des conflits religieux, culturels et idéologiques. Enfin, la société cherche à éviter un certain nombre de conflits. Par exemple, en faisant prédominer l'intérêt de tous sur l'intérêt privé, comme dans la théorie démocratique (cf. Rousseau). Elle peut aussi organiser un système juridique, traditionnel (par l'application de la coutume et des décisions héritées des ancêtres) ou moderne (les mêmes lois pour tous en théorie). [...]
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