Dans son ouvrage, La fin de l'Histoire, F. Fukuyama tentait de montrer que les pays ayant adopté le modèle de la démocratie et de l'économie de marché, sont arrivés, au terme d'un processus long et laborieux de développement politique et économique, à la fin de l'Histoire en parvenant enfin à mettre en place les « bonnes » institutions. Dans un tel monde, la politique serait plus ou moins figée : elle aurait des caractères de prédictibilité et pourrait, donc, s'appréhender comme une science. Mais certains grands événements tels que le 21 avril 2002, en France, nous montrent que la politique n'est pas figée et évolue constamment sous l'impulsion des hommes, de leurs idéologies et en fonction du contexte. Dans cette optique, la politique pourrait éventuellement être considérée comme un art du fait des capacités d'anticipation, d'adaptation et de création qu'elle requiert.
La politique (du grec ‘politikos : qui concerne la cité), est donc l'art ou la science de conduire les affaires publiques, de gouverner un Etat. L'art se définissant comme toute pratique qui met en œuvre un savoir-faire et/ou une technique, comme l'effet de la relation d'un objet et d'un spectateur qui crée des sentiments d'esthétique et, plus généralement, comme tout ce qui est l'œuvre de l'homme (le culturel) par opposition aux créations de la nature (le naturel) ; peut-on, alors, considérer la politique comme un art ?
[...] Ainsi, dès le début du XVI° siècle, Machiavel a fait de la politique l'art de conquérir le pouvoir et de s'y maintenir. Ce qui a bien sûr donné le nom de machiavélisme terme par lequel on désigne une politique intelligente, efficace, mais sans scrupules, faisant une grande place à la ruse. Ces idées s'incarnent aujourd'hui dans les politiciens manipulateurs, qui nous montrent que la politique exige une habileté, et qui sont en partie responsable de la dévalorisation que subit la politique de nos jours ainsi que de la dépolitisation (c'est-à-dire le fait que le schéma simpliste selon lequel tel groupe social vote pour tel parti soit de moins en moins valable ; on parle de volatilité des votes). [...]
[...] Sinon, la plupart des visions de la politique semblent incorporer une dimension artistique. Mais comme nous l'avons vu, il s'agit d'un art bien particulier puisqu'il est soumis au respect de la réalité. C'est pourquoi, il faut éviter de dire que la politique est un art ; il semble préférable alors de parler de la politique comme métaphore de l'art Mais qu'en est-il de l'homme politique aujourd'hui ? Doit-il être un bourgeois au sens du XVIII° siècle c'est-à-dire quelqu'un qui connaît plus ou moins tout (ex : à la Renaissance, PIC De La MIRANDOLE) et qui peut parler de tout, ou bien vaut-il mieux élire des professionnels qui maîtrisent les techniques de gestion et de communication? [...]
[...] C'est un changement vers lequel nous nous acheminons et les politiques l'ont compris : l'exemple de J.-P.Raffarin et de la France d'en bas le souligne. Tout cela (l'anticipation, le charisme etc.) nous montre que la gouvernance ne saurait être laissée à n'importe qui. C'est la thèse de Platon, théoricien du pouvoir fondé : pour lui, le vrai politique sera l'homme qui connaîtra rationnellement les valeurs conditionnant le bonheur des individus vivant en société ; il aura la connaissance du Bien en soi et par soi, autrement dit il sera philosophe. [...]
[...] La démocratie permet aux citoyens de choisir entre ces deux possibilités. Autrement dit, elle leur permet de donner leur propre vision de la politique. Mais la crise actuelle de la démocratie pourrait remettre en cause cette possibilité de s'exprimer. [...]
[...] Ce sont les nécessités du moment qui dictent les choix politiques, ce qui prive le politicien de la liberté de créer, caractéristique exigeante de l'artiste. Notons que le politicien moderne est issu bien souvent d'un enseignement spécifique tel que celui que l'on pratique par exemple à Sciences Po et à l'ENA, en France. L'existence de cet enseignement politique semble donner raison à la vision aristotélicienne : si la politique s'apprend, ce ne sont pas des artistes qui vont s'en charger mais bien des professionnels. D'ailleurs, ne parle-t-on pas de la science politique ? [...]
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