Synthèse sur les liens entre les phénomènes de peur, de la fin de la colère et du soi-disant déclin français. La colère d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier, ce qui alimente la peur et la théorie décliniste.
[...] Grégoire Enjeux Politiques JACQUELIN Mme Muriel ROUYER Synthèse : La peur, fin de la colère et déclinisme à la française La France broie du noir. Un sondage réalisé par BVA-BFM-La Tribune-The Phone House paru le 09 juin 2008 indique que 77% des Français sont pessimistes sur la situation économique du pays. Jamais l'image du verre à moitié vide n'avait pris une telle ampleur dans le moral des Français. En Angleterre, la chaine Sky Movies a realisé en 2004 un sondage sur l'éventualité de la fin du monde. [...]
[...] La peur est à différencier de la terreur, qui est une peur collective qu'on fait régner dans une population pour briser sa résistance. La peur est un fait social qui trouve ses sources dans cette globalisation de la terreur évoquée par René Girard. Albert Camus, déjà, dans le journal Combat du 8 mai 1945, réagit à l'utilisation de la Bombe atomique en écrivant que la condition de l'homme moderne est la peur La philosophe Hannah Arendt ajoutera en 1958, dans son ouvrage Condition de l'Homme moderne, que la menace est l'inertie totale, la raison menacerait l'homme de sa propre perte. [...]
[...] D'où une fin de la colère qui fait écho à la fin de l'histoire de Francis Fukuyama. Sloderjick écrit dans son ouvrage Colère et temps paru en fin 2007 : nous sommes entrés dans une ère dépourvue de points de collecte de la colère L'Islam, qui émet la colère et la destine à l'Occident, n'est pas une grande banque de la colère comme l'étaient l'Eglise chrétienne et l'Internationale communiste selon l'auteur. Nous sommes confrontés à plus de sauvagerie, donc plus de peur. [...]
[...] L'inquiétude face à l'avenir, traduit également par le déclinisme à la française, s'explique donc par un changement des peurs et de la colère alors même que nos grilles de lectures pour tenter de les comprendre restent figées. Néanmoins, de nombreuses critiques sont soulevées allant à l'encontre de ce catastrophisme inhibant pour vanter les mérites du progrès, les vertus de la mondialisation, et défendre l'image du verre à moitié plein. [...]
[...] Cette peur est en effet instrumentalisée par les Etats. Aux Etats-Unis, la peur du terrorisme justifie les politiques interventionnistes au Moyen Orient et renfloue ainsi le budget du complexe militaro industriel. En effet, selon Corey Robin, dans son livre La peur, Histoire d'une idée politique paru en 2004: la peur est un instrument politique, un instrument de pouvoir de l'élite, crée et entretenu par ceux qui peuvent en retirer un gain, sonne comme une évidence Peur et colère relèvent d'une vision pessimiste voire catastrophiste de l'avenir, et alimentent l'idée d'un déclin propre à chaque civilisation ; le déclin est une notion ancienne qui a notamment trouvé des échos dans la pensée libérale française. [...]
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