Partis vecteur division
Des signes de crise des partis politiques existent : diminution du nombre d'adhérents et de militants, mauvaise image des partis dans l'opinion publique... Même des professionnels de la politique critiquent les partis. Ainsi, il semble bien y avoir une crise du rapport des partis avec la société.
Cette crise s'explique, entre autres, par la prise de conscience des citoyens du manque de démocratie interne au sein des partis. Par ailleurs, les partis semblent défendre leurs propres intérêts et non l'intérêt général.
Pourtant, le phénomène partisan est absolument incontournable dans nos démocraties indirectes ou semi-directes. Les partis politiques constituent la condition sine qua non du fonctionnement du régime représentatif. Comme le disait Weber, les partis sont les enfants de la démocratie et du suffrage universel.
[...] Ces derniers sont généralement considérés comme des vecteurs de division illégitimes dans le cadre démocratique. Les relations entre les partis sont souvent assimilées à des conflits d'intérêts personnels indifférents au Bien commun. Ainsi, des libéraux comme Benjamin Constant et Germaine de Staël ont condamné les fureurs de l'esprit de parti à une époque où les partis politiques étaient essentiellement des groupes de pression. Des démocrates comme Rousseau ont précisé que la volonté générale n'est le fruit que du face à face entre les individus et non entre les intérêts de groupes. [...]
[...] En même temps, nous l'avons noté, le parti est un agent de traduction de nombreux clivages en une position unique, il rassemble des multiples opinions singulières en une totalité unifiée par l'organisation et la doctrine : sa fonction première au regard de la dispersion et de l'agrégation des opinions consiste dans une certaine confection de l'unité. Ainsi, le parti agrège et rassemble en même temps qu'il sépare et divise. Parce qu'il exclut tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans son projet, il est facteur de séparation et de division. Parce qu'il agrège des opinions singulières et des individus séparés, il est facteur d'unification. [...]
[...] Le parti est ainsi un exemplaire de ce que Simmel présente comme l'opération fondamentale de la connaissance : la liaison et la séparation ou, pour employer ses propres termes, le pont et la porte. Le pont exprime la liaison non seulement en ce qu'il unifie mais aussi en ce qu'il postule l'unité. La porte introduit la dissociation et la séparation dans l'unité continue et uniforme. Indépassable et perpétuel, ce mouvement d'association et de dissociation ne peut ouvrir sur une troisième forme, sur une position intermédiaire et synthétique. [...]
[...] Ces derniers délaissent désormais largement leur fonction première d'expression des volontés populaires et notamment d'expression d'un des versants du clivage sur lequel ils sont censés s'être formés pour se tourner vers la compétition interne entre organisations, pour se tourner vers les ressources dont ils peuvent disposer au niveau de l'État. Ainsi, on se trouve dans un contexte marqué par la réduction des alternatives politiques et par une méfiance des électeurs à l'égard des élites. Les partis établis sont de plus en plus dépendants des ressources de financement public. [...]
[...] C'est ce qui fait dire à Kitschelt que la forme normale du parti contemporain est le catch all party le parti attrape tout. Cette forme nouvelle du parti politique n'est plus identifiée à un clivage social, à un problème social. En effet, aujourd'hui, pour cet auteur, on a des partis gestionnaires, dont le but est de rassembler le plus possible. Ceci explique, les discours vagues, ambigus de certains dirigeants de partis politiques. Ces derniers n'ont pas toujours une position tranchée sur des questions sociales majeures pour avoir le plus grand nombre de sympathisants. [...]
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