Se demander si la paix est un état, une chimère ou un idéal peut presque sembler paradoxal ou du moins éloigné de l'opinion la plus communément partagée qui est que la paix est juste, désirable et n'appelle pas le moindre questionnement. Face à l'atrocité de la guerre, à son caractère destructeur et cruel, il semble difficile de ne pas considérer la paix comme un modèle à toujours suivre. On peut définir la paix comme simple un état, soit la situation dans laquelle se trouveraient des pays, des nations ou des individus qui ne sont pas en guerre. Même si la paix est habituellement érigée comme modèle et morale, celle-ci ne s'est jamais imposée de façon durable et définitive. Les hommes semblent avoir toujours eu recours à la guerre dans toutes les civilisations et à toutes les époques. L'histoire de l'humanité pourrait même se résumer de façon binaire à des périodes de guerre et des périodes de paix.
Cette vision simpliste, mais réaliste peut nous laisser penser que la paix ne serait qu'une chimère, soit une illusion, une idée vaine qui n'est que le produit de l'imagination, ou au mieux un idéal que l'on peut définir comme un ensemble de valeurs intellectuelles, morales, esthétiques ou politiques considérées comme conformes aux aspirations les plus élevées de quelqu'un, d'une collectivité et comme une fin qu'ils se proposent d'atteindre. La question de la paix propose donc un certain paradoxe puisque d'un côté, un consensus semble s'être formé autour de l'idée que la paix est bonne, juste et nécessaire et de l'autre les faits viennent contredire cette bonne volonté affichée puisque la guerre fait toujours notre actualité. Le fait de définir la paix comme un impératif inconditionnel pose aussi le problème de savoir jusqu'où faut-il préserver cette paix et à quel prix.
La paix est-elle alors réellement possible et doit-on en faire à tout prix un objectif suprême, un idéal ?
[...] Il préconise lui aussi l'institution d'une Société des Nations considérée comme la seule solution pour combler le vide juridique qui caractérise les relations entre Etats. La paix réclame en effet un droit public pour qu'advienne ce que Kant appelle une situation cosmopolite universelle La moralité doit ainsi être faite loi. Dans sa Métaphysique des mœurs, Kant affirme que : La raison ( ) énonce en nous son véto irrésistible : il ne doit y avoir aucune guerre ( ) car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit. [...]
[...] Dans un monde où tous les hommes seraient égaux, libres et où il n'existerait aucune injustice, l'homme n'aurait plus de causes pour lesquelles lutter, plus de combats à mener. La paix dans son sens le plus strict pourrait alors s'imposer. La paix absolue ne serait donc pas un préalable à l'avènement d'un monde meilleur, mais plutôt le résultat de l'existence d'un monde parfait qui marquerait la fin de l'histoire. Une telle évolution semble certes improbable, mais avant qu'une telle chose se réalise, la paix doit rester un idéal inaccessible qui puisse donner sens à nos actions, une réponse à la question de Kant Que m'est-il permis d'espérer ? [...]
[...] La paix, un idéal et non une nécessité ? La paix semble finalement elle aussi dangereuse sans la guerre comme recours possible. On se retrouve alors dans une situation où ni la guerre ni la paix absolue ne sont désirables. Elle instaure comme le décrit Hobbes un état où règne l'insécurité et l'absence de certitude concernant la garantie de sa propre conservation. En temps de guerre, la vie est malheureuse, pénible, bestiale et brève La paix peut être un idéal à condition que cet idéal reste une aspiration et ne soit jamais atteint. [...]
[...] La paix ne suffit pas pour atteindre le bonheur. On peut en effet considérer comme le pense Hegel que l'esprit rencontre des résistances et se confronte avec son autre pour prendre conscience de lui-même La prise de conscience de soi, la construction et l'accomplissement de l'être humain passent par la confrontation avec son autre. L'expérience de l'altérité est donc fondamentale pour l'Homme. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche va plus loin encore en affirmant qu'il n'y a rien d'idéal à vivre en paix, car hors de la guerre, l'homme croupit dans le marécage du bonheur Le bonheur de cet homme consiste à profiter mesquinement de sa situation et de chercher à éviter tout ce qui serait susceptible de générer tensions et conflits. [...]
[...] La paix serait un idéal à suivre sans relâche, puisqu'elle est un devoir Il semble bien naturel de désirer la paix et non la guerre et d'en faire un idéal inconditionnel pourtant, Kant lui-même met en garde contre une paix obtenue par une domination d'une seule ou d'une coalition de quelques nations. Sa paix perpétuelle ne doit pas se faire par une monarchie universelle. Jusqu'où peut-on alors faire de la paix un idéal et à quel prix ? II. Doit-on vouloir la paix à tout prix, jusqu'où doit-on en faire un idéal ? La paix, l'idéal de la faiblesse, un contre-idéal ? [...]
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