Le libéralisme politique français naît véritablement sur les décombres de la Révolution française, dont il apparaît dans une certaine mesure comme l'un des héritiers. Dans la première moitié du 19è siècle, il constitue alors une doctrine subversive, une force proprement révolutionnaire dont l'élan implique le rejet des autorités et porte en lui la destruction de l'ordre ancien : le mouvement libéral est en effet la première vague de mouvements qui donne à l'assaut à ce qui subsiste de l'Ancien Régime ou à ce qui vient d'en être restauré en 1815. Il s'apparente à une religion de la liberté et est, à ce titre, ardemment défendu et combattu
[...] Peut on parler à juste titre d'un libéralisme aristocratique ? Par ailleurs, l'existence, sous la Restauration, d'un mouvement favorable tant aux idées libérales (ou au moins à certaines d'entre elles) qu'à la monarchie traditionnelle, pose la question de l'existence d'un libéralisme aristocratique : un tel courant, dont le plus brillant représentant est sans contestes Chateaubriand, peut-il être véritablement considéré comme libéral ? Sous la Restauration, les partisans du roi se sont partagés sur 2 idées quant à l'organisation du pouvoir : laisser au souverain un pouvoir sans contrôle, la charte étant regardée comme une formalité sans conséquence. [...]
[...] Pour certains libéraux, le meilleur gouvernement est même le gouvernement invisible, celui dont l'action ne se fait pas sentir. - Ils revendiquent la reconnaissance de libertés essentielles dont l'Etat doit assurer l'exercice : la sûreté personnelle assurée par des garanties judiciaires, la liberté d'opinion et de presse, la liberté religieuse associée à séparation Eglises avec Etat (mais discordance sur la question du subventionnement des églises par des fonds publics), et la liberté de l'industrie et du travail (refus de tout dirigisme et grande considération pour la propriété). [...]
[...] La conception d'une marche dans l'histoire n'a pas de sens. Cette divergence fondamentale trouve à s'exacerber avec le jugement porté sur la Révolution. La Révolution : entre nécessité et dérapage Si, pour les Libéraux, l'histoire connaît une évolution indépendante de la volonté humaine, deux expériences récentes marquent l'introduction erronée de la volonté humaine dans l'histoire : l'épisode de la Terreur et les guerres napoléoniennes. Sur le jugement qu'ils portent sur la Révolution, les libéraux sous la Restauration sont à peu près unanimes : la Révolution est célébrée jusqu'en 1791 puisqu'elle marque alors le triomphe du droit sur l'absolutisme royal. [...]
[...] En outre, Napoléon est discrédité par sa pratique autoritaire du pouvoir, très éloignée des aspirations libérales ; il est d'ailleurs symptomatique de noter qu'il ne sera rejoint par certains libéraux qu'au moment des Cent jours, où il promet l'institution d'un régime respectueux des libertés essentielles (Constant rédige d'ailleurs en grande partie l'Acte additionnel). La terreur et les expériences napoléoniennes, tant politiques que belliqueuses, apparaissent donc pour les libéraux comme des perturbations tragiques engendrées par l'irruption de la volonté humaine dans le cours de l'histoire. Ces perturbations se doivent donc d'être analysées et comprises pour éviter à l'avenir de nouveaux écueils. [...]
[...] Il en résulte une philosophie de l'histoire : celle-ci suit un sens, une direction qui transcende la volonté des hommes ; ce sens est celui d'une progression, d'une marche, vers plus de raison, de droit, de justice, et donc de liberté. Prenant conscience de ce mouvement, les hommes peuvent certes aller trop vite ou trop lentement : mais ces erreurs n'entravent jamais le sens de l'ensemble. Les libéraux reconnaissent ainsi un rythme à l'histoire : il y eut tout d'abord la féodalité pendant laquelle la liberté privilège existe pour une minorité de seigneurs ; puis les Communes, signifiant le début de l'affranchissement du tiers ; les Etats du 14ème siècle, i.e. [...]
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