Risque responsabilité culture
Comment le caractère constitutif du risque et de sa perception dans les sociétés de notre temps peut-il accoucher de l'aspiration paradoxale à une existence à la fois prévisible et aventureuse? Le succès de la notion de risque consiste en la double prolifération du concept de risque et des risques en eux-mêmes qui, pourtant se sont internalisés à nos sociétés et dont les tentatives de maîtrise prolifèrent elles aussi. Vient donc la question, dans un deuxième temps, de l'existence d'une « culture du risque » : y répondre consiste à mettre en exergue le goût pour le risque des sociétés de la modernité, les variations dans sa perception selon des paramètres culturels autant que les enjeux démocratiques que l'avènement de la notion de « risque », comme élément nouvellement constitutif, peut avoir.
[...] Beck met en avant le fait que la science de gestion du risque est très corrélée à la perception des risques. Il écrit : « les risques en tout état de cause [ ] ont besoin du recours aux organes de la science – théories, expériences, instruments de mesure-, pour pouvoir devenir visibles, interprétables en tant que risque ». Voilà ici une première réponse au paradoxe fondamental : le risque pour être maîtrisé doit d'abord être rendu visible, c'est-à-dire que sa production d'abord invisible, est révélée. [...]
[...] Murielle Ory, dans son article « La vidéosurveillance : une technologie inédite de gestion des risques urbains ? » (Revue des Sciences sociales, 2007) écrit : « [la vidéosurveillance] consiste d'une part, en une mesure de précaution qui vise à décourager toute personne qui s'apprête à commettre un acte délictueux et, d'autre part, elle permet au surveillant d'intervenir ou de conserver les images des événements qui se sont produits en vue d'identifier puis de sanctionner ceux qui y ont participé ». [...]
[...] Facteurs de risques et internalisation. Plus qu'une prolifération des risques, il faut sans doute parler d'une prolifération des « facteurs de risque ». Cette distinction entre l'effectivité de la multiplication des risques et sa potentialité est opérée par Ulrich Beck notamment. Donner une importance grandissante à la notion de « risque », c'est nécessairement accepter une prolifération des « facteurs de risque » puisque par définition, le risque a une infinité de causes potentielles. Si on prend l'exemple de du cancer du poumon, on peut citer Daniel Schwartz qui appuie, non sans humour, sur cet aspect : « des enquêtes étiologiques remarquables ont certes prouvé que la fréquence de ce cancer était nettement plus élevée chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. [...]
[...] David Le Breton fait l'hypothèse que la prise de risque est une « ordalie moderne ». Rappelons que l'ordalie est un rite antique judiciaire qui consiste en la sollicitation d'une puissance tutélaire afin de la contraindre à se prononcer sans équivoque sur la culpabilité d'un homme : c'est dont une soumission de la communauté humaine à une autorité plus haute dont la décision ne doit rien au hasard. La prise de risque est ainsi une forme d' « ordalie moderne » (mais individuée) : on frôle la mort par exemple pour être soumis à la balance du « tout ou rien », la mort ou la régénération de l'existence. [...]
[...] On a vu plus haut que l'aversion au risque était une des prémisses à l'analyse probabiliste du risque, pourtant l'environnement culturel pousse parfois à prendre des risques « marqués culturellement ». Alors, y a-t-il un goût pour le risque ? Le risque est-il reconnu comme glorieux dans nos sociétés? La passion du risque : des risques que l'on court aux risques que l'on prend. « Il fait partie de ceux pour qui risquer toujours quelque chose est un délice, même une nécessité. L'épanouissement et l'affirmation de soi, voilà ce qu'il cherche. [...]
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