Naissance de l'état, Jean Bodin, Thomas Hobbes, Jean-Jacques Rousseau, Raymond Carré de Malberg, théorie générale de l'état, religion dans la République, théories économiques, Montesquieu, Kant, Léviathan, Contrat social
L'État possède tout d'abord un certain nombre d'éléments de définition : une fois rassemblés, ces éléments de définition permettent de dire qu'un État existe.
Raymond Carré de Malberg (1861-1935), juriste positiviste et constitutionnaliste français, rédige entre 1920 et 1922 sa fameuse Contribution à la théorie générale de l'État. Dans cet ouvrage, il donne une définition du phénomène étatique en trois volets :
1 - Une communauté humaine : un État possède une population de nationaux dont la taille peut varier.
2 - Un territoire sur lequel la communauté humaine peut se déclarer indépendante, bénéficiant d'une certaine souveraineté.
3 - Une puissance publique, propre à l'État. Carré de Malberg dit qu'elle "est d'une essence à part [...] elle présente des caractères qui la différencient radicalement de toute autre puissance". Cette puissance a partie liée avec la souveraineté de l'État. La souveraineté est en effet, pour Carré de Malberg, "l'attribut essentiel et caractéristique de l'État".
[...] Cette thématique du rassemblement de la multitude sous un principe unitaire se trouve déjà, avant Bodin, chez Saint-Thomas d'Aquin et Marsile de Padoue, et entretient une connotation religieuse afin de mieux affirmer la quasi-transcendance du Prince par rapport à ses sujets. Par conséquent, la souveraineté est indivisible et ne se communique pas : elle reste concentrée en l'État afin que ce dernier reste inchangé, quel que soit le type de gouvernement instauré (gouvernement populaire ou gouvernement royal). Par-là, Bodin est le premier à opérer la distinction État-gouvernement, s'opposant ainsi à Aristote, auquel le Français reproche d'avoir « pris la forme de gouverner pour l'estat d'une République ». [...]
[...] Pour lui, « République est un droit gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun avec puissance souveraine ». Le terme « puissance » révèle que Bodin constate l'émergence de l'État comme consécutive à l'affirmation de la force militaire. La force est donc une condition suffisante pour qu'un gouvernement s'impose à la tête d'une collectivité humaine, à laquelle va par conséquent s'imposer le fait étatique. Il faut que ce gouvernement soit assez puissant pour défaire ses opposants : elle remplira alors les conditions de la souveraineté. Le consentement des populations qu'il gouverne n'est pas requis. [...]
[...] D'un principe monarchique souverain, transcendant et englobant dans son gouvernement toutes les forces de la nation, la naissance du fait étatique a basculé dans un principe contractualiste où dirigeants et dirigés sont mis sur un pied d'égalité, et où le gouvernement est susceptible d'être renversé s'il enfreint les clauses du contrat. À l'inverse, sous Bodin et Hobbes, le monarque reste absolu : dans les deux cas, il est délié des lois de son royaume et ne doit obéir qu'à la loi de Dieu. C'est donc également à un processus de sécularisation du fait politique que nous avons assisté en examinant les conceptions de ces trois auteurs dans l'ordre chronologique. [...]
[...] En tout, trois guerres civiles auront secoué le pays sur cette période. Ce contexte influence fortement Hobbes, qui réfléchit à l'État comme solution aux troubles entre factions rivales. Son ouvrage Le Léviathan est d'abord l'œuvre d'un chrétien, le sous-titre est en effet « Matière, forme et puissance de l'État chrétien et civil ». Son influence chrétienne est également sensible quand il définit l'État : son « Léviathan », qui désigne l'État, est un « dieu mortel auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre défense ». [...]
[...] La force fondatrice de l'État reste une cause puissante, mais elle n'est pas inéluctable. • Par la force : c'est ce que Hobbes appelle le « Commonwealth by acquisition ». • Par un accord conclu par les gouvernés : c'est ce que Hobbes nomme le « Commonwealth by institution ». Ces deux voies sont envisageables et Hobbes ne semble pas marquer de préférence particulière pour l'une d'entre elles. Dans la pensée de Hobbes, les termes « Léviathan » et « souverain » n'ont pas de définition exactement identique : • Le Léviathan : c'est l'État dans son intégralité en tant que construction intellectuelle. [...]
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