Le mythe de l'Etat - Ernst Cassirer, 1946

Résumé du document

Ernst Cassirer est un philosophe juif allemand né en 1874 à Breslau en Silésie. En tant que philosophe, il représente une aile néo-kantienne et symboliste de la philosophie qu'on appelle aujourd'hui l'école de Marbourg. Il est connu notamment pour certains ouvrages, dont les « concepts de substance en fonction », « Essai sur l'homme » ou encore bien entendu « le mythe de l'État ».

Le mythe de l'État est son dernier ouvrage qu'il n'a d'ailleurs pas totalement terminé. Il commence à le faire à partir de 1941, une fois exilé aux États-Unis. En effet en 1933, la prise de pouvoir par Hitler a été un choc et émigre en 1941. Au vu du contexte de la guerre et de la puissance du nazisme durant ces années, le but qui semble s'afficher à la lecture du mythe de l'état semble de comprendre comment historiquement parlant, la pensée philosophique a pu penser et accepter le totalitarisme, comment l'état a pu prendre cette importance et comment ses abus furent possibles.

Extraits

[...] Le mythe de l'Etat est donc, à bien des égards, une réponse éclairée, défendant les Lumières et la raison, au Mythe du XXème siècle, ouvrage de propagande nazie de Rosenberg. Cassirer conclut sur le devoir de la philosophie et de la culture en générale de veiller à ce que la déraison ne l'emporte plus sur la raison. On avait cru la modernité politique débarrassée du mythe, mais celui-ci sommeille et menace toujours. La civilisation est une croûte très mince au-dessus d'un volcan E. [...]

[...] Au vu du contexte de la guerre et de la puissance du nazisme durant ces années, le but qui semble s'afficher à la lecture du mythe de l'état semble de comprendre comment historiquement parlant, la pensée philosophique a pu penser et accepter le totalitarisme, comment l'état a pu prendre cette importance et comment ses abus furent possibles. Trame du bouquin évolution historique de la pensée philosophique de l'état. L'origine de la vision de l'état totalitaire ? Il est difficile de s'accorder exactement sur une définition propre du mythe d'après Ernst Cassirer, avec la même méthode qu'il emploiera durant tout son ouvrage, il commence par nous présenter certaines théories du mythe qui selon lui ont leurs importances et qui semble toute en contradiction les unes avec les autres. [...]

[...] En reprenant la pensée Freudienne sur le mythe, Cassirer ne peut que conclure que le mythe est une forme d'objectivisation de la pensée sociale de l'humanité. C'est un récit avant tout émotionnel qui a une utilité sociale proche du rite. Le mythe à ainsi d'une certaine façon une cohérence dans son irrationalité. I : La raison contre le mythe (Platon-Machiavel- Rousseau) A. L'état idéalisé Vision normative de l'état On peut retrouver dans cette partie une vision idéalisée de l'état, une vision normative de l'état. Elle est relayée par certains grands penseurs de l'époque antique tels qu'Aristote ou Platon. [...]

[...] Le nazisme se construit sur des bases à la fois magiques et rigoureuses. L'idéologie totalitaire fait à la fois appel au mythe, aux rites et aux instincts primitifs de la foule tout en organisant de manière scientifique la propagande et la promotion du régime. Cassirer parle ainsi d'homo magus et d'homo faber : les idéologues sont les prêtres d'une nouvelle religion entièrement irrationnelle et mystérieuse, tout en procédant méthodiquement dès qu'il s'agit de défendre et de propager cette religion C'est donc ainsi que le mythe nazi a pris place en Allemagne. [...]

[...] Ce culte de l'Etat absolu correspond pour Hegel à un Etat pangermaniste. On imagine donc aisément comment les idéologues nazis se serviront de cette théorie pour justifier la toute-puissance de l'Etat totalitaire. La mise en pratique de ces cultes mythiques par les idéologues du totalitarisme 1. Le mythe ressurgit dans une situation de crise. Le nazisme a surgi dans une République de Weimar en proie aux difficultés et dans un contexte de crise de la conscience occidentale, symbolisée par la prophétie de Spengler sur Le déclin de l'Occident. [...]