Obsession de l’argent, crime contre l’humanité, monétarisme, abus spéculatifs, lobby bancaire, crise financière systémique, Joseph Stiglitz
L'obsession de l'argent n'est pas un concept nouveau. Pour certains, il serait vieux de sept ou huit siècles. Régine Pernoud, par exemple, montre dans son Histoire de la bourgeoisie en France que c'est au Moyen-Âge que l'argent prend un essor qui va permettre à ceux qui le manient et qui en produisent beaucoup de s'affranchir des règles de l'équilibre social, jusqu'alors préservées par l'Eglise.
Pendant des siècles, la recherche de l'argent a engendré des inégalités et des fractures entre les populations. On assiste aujourd'hui à une accélération de ce phénomène. Pourtant, cette progression a subi des coups d'arrêt dans l'histoire. Les mesures prises par le président américain Franklin Roosevelt en constituent l'un des plus marquants du XXe siècle.
[...] Arrive dans la foulée le monétarisme qui édicte doctrinalement que le capitalisme marcherait mieux sans État. Dans le même temps, on donne l'indépendance aux banques centrales : folie suicidaire. L'État qui ne connaît que l'autorité, la contrainte, la police subsiste en France. Exemple : la mise en œuvre autoritaire des 35 heures par le gouvernement de Lionel Jospin. La grande question est de savoir si un marché a besoin d'un régulateur, d'un facteur d'équilibre, indépendamment de la contrainte et de l'ordre public, y compris dans l'économie. [...]
[...] L'État actuel ne connaît que la contrainte, héritage du capitalisme privé familial et national qui avait court durant les trente glorieuses (1945- 1973). On avait alors besoin de l'État : contrôle des changes, des mouvements de capitaux, aval donné aux échanges internationaux, fixation des droits de douane. Le capitalisme ne s'occupait pas des chômeurs. Les allocations n'existaient pas. Il fallait donc une solide police pour tenir le coup en cas de soulèvement de la classe ouvrière. Arrive l'ère des multinationales et des « managers ». Le capitalisme mondialisé n'a de cesse de se débarrasser des États, d'éroder leur influence ou leur autorité. [...]
[...] Elles se trompent de combat. Nous restons dirigés par le monde anglo-saxon et son idéologie : la maîtrise de l'inflation est l'un des postulats de la pensée monétariste née aux États- Unis (école de Chicago). Les Allemands s'y sont accrochés parce qu'ils ont un mauvais souvenir de l'hyperinflation de l'entre-deux-guerres. L'Allemagne adopte comme d'autres pays ce mode de pensée archaïque. La victoire des idées de Milton Friedman a eu pour effet de casser la période des trente glorieuses où le rôle de l'État avait été un grand succès. [...]
[...] Le monétarisme est un quantitativisme pur. Il ignore les biens publics puisqu'ils n'ont ni prix ni marché. Il les déprécie. Tout ce qui est symbolique ou affectif est étranger à son champ d'observation. Contrairement à ce que les monétaristes assurent, l'équilibre du marché n'a rien de spontané. Il n'existe pas de réel équilibre qui soit optimal. Mais pour ne pas fausser cet équilibre de marché imaginaire, le monétarisme juge indispensable que l'État intervienne le moins possible, sinon pas du tout. [...]
[...] Une violence qu'ils produisent sans le savoir. Et ils militent pour affaiblir l'État et ses ressources au moment même où il faut traiter ces violences, le comble Nous sommes dans une phase de déclin assez terrifiante. L'avenir semble pire que le présent. Mais il y a des hommes prêts à nous sortir de là. C'est ce qu'écrit Joseph Stiglitz, qui ne perd pas espoir. 2015. [...]
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