Monde unipolaire, Monde bipolaire, relations internationales, géopolitique, Seconde Guerre mondiale, Guerre Froide, États-Unis, Europe, Russie, URSS, capitalisme, réalisme, libéralisme, constructivisme, droits de la personne, dirigeants politiques, stabilité politique, unicité, activité économique, démocraties libérales, politique, économie, sociologie, anthropologie, paradigme
« Le monde unipolaire n'existe plus » : ainsi s'exprime Pascal Boniface, spécialiste en relations internationales et en géopolitique. « Le monde n'est pas non plus unipolaire, car les États-Unis ne peuvent plus le gérer à eux seuls » . La reconfiguration du monde exclurait de facto deux représentations qui semblent avoir été les paradigmes dominants de la scène internationale au sortir de la Seconde Guerre mondiale : le monde bipolaire, organisé entre le monde capitaliste et le monde communiste, et le monde unipolaire au sortir de la Guerre froide, avec une hégémonie des États-Unis annonçant, pour ces derniers, le triomphe de leurs valeurs libérales et capitalistes. Pour autant, le monde a-t-il réellement toujours été considéré comme unifié ? Les trois grandes perspectives géopolitiques (réaliste, libérale et constructiviste) ont toutes trois élaboré un point de vue sur cette question. Le premier temps est ainsi consacré à l'analyse réaliste ; le deuxième à la perspective libérale et la troisième au paradigme constructiviste.
[...] Cette approche décentrée et nourrie de réflexions parallèles et, a priori, non portées par l'objet même, premier, de la géopolitique, qu'est le comportement « individualiste » de l'État, a déconstruit l'idée d'un monde unipolaire et qui serait vecteur d'un même signifiant géopolitique. En effet, en soulignant la contextualisation des politiques et des valeurs portées par les États dans leur démarche, l'approche constructiviste met en avant la prolifération de signifiants et l'interpénétration de rapports qui se complètent ou se répondent de manière antagoniste, dans une dynamique multipolaire propre à l'approche post-bipolaire succédant à la chute du mur de Berlin. [...]
[...] Là où, pour autant, le monde unipolaire ne peut apparaître que comme une fiction pour l'approche réaliste s'il est entendu comme une unicité, ce n'est pas autant une théorie abstraite lorsqu'il s'agit d'un pôle particulier : le pôle de la guerre et de l'intérêt, autour duquel tourne éternellement le monde des États dans le jeu des relations internationales. En revanche, la logique libérale est tout autre et a considéré, dès le départ, la possibilité d'une unipolarité du monde autour d'idéaux et de valeurs communs. Analyse libérale La logique libérale n'a jamais pensé, comme l'approche réaliste, le monde soit en structures irréconciliables, soit en structures bipolaires : l'Est contre l'Ouest, l'Occident contre l'Orient, le « monde libre » contre le « monde soviétique ». [...]
[...] La géopolitique trouvait ainsi, avec l'approche libérale, une redéfinition « de ses objectifs et de ses fondements épistémologiques » ; pour autant, ce monde unipolaire, solidifié autour du corpus doctrinal du libéralisme économique et politique occidental, n'a pas permis de comprendre l'émergence d'une ère postsoviétique avec la montée de l'illibéralisme en Europe centrale, notamment reprise par des dirigeants tels que Viktor Orban en Hongrie, et d'un autoritarisme certes, capitaliste sur le plan économique, mais fondamentalement antilibéral et demeuré communiste dans ses principes sur le plan politique en Chine. En revanche, l'approche constructiviste pallie, sur un certain nombre d'aspects, les logiques réaliste et libérale des relations internationales. [...]
[...] Les trois grandes perspectives géopolitiques (réaliste, libérale et constructiviste) ont toutes trois élaboré un point de vue sur cette question. Le premier temps est ainsi consacré à l'analyse réaliste ; le deuxième à la perspective libérale et la troisième au paradigme constructiviste. Analyse réaliste Les droits de la personne devraient « servir avant tout d'arme diplomatique fournie aux citoyens des pays communistes pour leur permettre de combattre le régime soviétique, et non d'arme légale pouvant être utilisée contre des dirigeants politiques devant des tribunaux de pays tiers », estime, en 2001, Henry Kissinger, secrétaire d'État des États-Unis entre 1973 et 1977. [...]
[...] Davantage alors que les enjeux de puissance répondant à de stricts intérêts nationaux rationnels et cartésiens, la perception, et la faillibilité de cette dernière, sont à l'origine du jeu de puzzle qu'est la représentation du monde par les acteurs des relations internationales, qu'ils soient étatiques, organisationnels, institutionnels ou individuels. Les trois grands paradigmes dominants des relations internationales ont donc tous élaboré un point de vue divergent sur l'unicité supposée ou réelle du monde, selon les configurations optées. Il n'en demeure pas moins que la perspective la plus récente, la constructiviste, dresse un portrait nettement défavorable à l'idée d'une unipolarité du monde : les pôles sont en effet multiples, culturels, civilisationnels, et se développent selon des logiques de système propres et qu'il convient d'analyser dans leur singularité. [...]
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