La première moitié du XVIe siècle voit l'autorité royale s'affermir dans un sens absolutiste, mais cette évolution est remise en cause par les guerres de religion qui secouent le royaume à partir de 1562. Les monarchomaques protestants développent à cette occasion une vigoureuse critique de l'absolutisme que reprendront les ligueurs ultra-catholiques à partir de 1584. En réaction, Jean Bodin conceptualise la notion de souveraineté et établit les fondements de la théocratie absolutiste consacrée par les thuriféraires de la monarchie au cours du XVIIe siècle.
Historiquement, la monarchie absolue est la forme de régime politique qui prévaut en France (et dans certains Etats d'Europe) aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pourtant, il semble bien qu'elle soit en gestation depuis le Moyen Âge. Philippe le Bel passe ainsi pour un roi absolu, de même que Louis XI. Et, c'est au cours du XVIe siècle que sont élaborés les fondements de la doctrine absolutiste, par Jean Bodin notamment. On doit ici clairement distinguer les termes de « monarchie absolue » qui désignent un concept juridique et politique, et « d'absolutisme » qui renvoie à une doctrine ou théorie politique. La question soulève, par ailleurs, de nombreux problèmes, plus particulièrement concernant la réalité et la pratique de cette conception du pouvoir royal. Ainsi, au XVIe siècle, si de nettes tendances absolutistes illustrent le pouvoir royal, la faiblesse du maillage administratif en hypothèque l'application. Même au temps de son apogée, la monarchie absolue continue de se heurter à des résistances (Fronde, contestation parlementaire, font des privilégiés) qui rendent difficile l'adéquation entre la politique royale et la théorie absolutiste. Enfin, débarrassé de légende noire qui l'assimilait au despotisme, l'absolutisme monarchique peut être désormais appréhendé comme une tentative de construction de l'Etat par le droit.
[...] Concernant les formes de gouvernement, Bodin enseigne que la mixité y est possible. C'est ainsi qu'il peut exister des Etats démocratiques à gouvernement démocratique, aristocratique ou royal, ou encore composé, mixte, impliquant un mélange de démocratie, d'aristocratie et de monarchie. Évidemment, la forme d'Etat que Bodin appelle de ses vœux est la monarchie et le meilleur gouvernement est le gouvernement royal. Mais la monarchie à gouvernement royal peut connaître trois types différents : tyrannique, lorsque le prince viole le droit ; seigneurial, lorsque le prince gouverne en tant que seigneur des biens et des personnes ; légitime, lorsque le prince obéit à Dieu et aux lois de la nature. [...]
[...] En 1538, Grassaille présente sa conception de la monarchie française, une monarchie d'exception supérieure aux autres et élue de Dieu. Cet auteur souligne l'indépendance de la royauté et sa souveraineté. L'humaniste Guillaume Budé soutient, lui, une thèse tout à fait absolutiste en faveur de la monarchie des Valois dans son Institution du Prince, publiée en 1547, mais connue sous forme manuscrite dès 1522. Le livre, visiblement écrit pour plaire à François Ier, insiste sur l'omnipotence royale, rappelant que le monarque est délié des lois selon le principe romain princeps legibus solutus est et qu'il lui appartient de s'y conformer, ce qui renforce sa dignité. [...]
[...] Sa conception de la souveraineté, centrée sur la loi et débarrassée de toute notion de patrimonialité, en fait un penseur moderne. Il pose ainsi les jalons de l'absolutisme monarchique, théorie dont ses successeurs n'auront plus qu'à dérouler l'écheveau. En outre, Jean Bodin initie une théorie de la toute-puissance de la loi et du monopole législatif de l'Etat. 2. La monarchie absolue de droit divin Au cours du XVIIe siècle, les juristes royaux achèvent l'élaboration doctrinale de l'absolutisme. Bossuet pose la dernière pierre de l'édifice avec la théorie du droit divin des rois. [...]
[...] Le rétrécissement de la sphère dans laquelle sont prises les grandes décisions politiques favorise ce renforcement de l'autorité monarchique, même si ce principe médiéval du gouvernement par grand conseil est officiellement maintenu. Toutefois, François Ier et Henri II se garderont bien de réunir les états généraux. B. Le travail doctrinal autour de la royauté La définition juridique de la royauté connaît un incontestable essor au cours de la première moitié du XVIe siècle. Toute une littérature assure la propagande monarchique dans le sens de la personnalisation et de la sacralisation du pouvoir royal. [...]
[...] Mais, ces prérogatives régaliennes sont aussi celles de l'Etat, dans la mesure où le monarque incarne la collectivité publique. L'omnipotence royale, théorisée par les absolutistes est constamment réaffirmée par les serviteurs de la monarchie ainsi que par les princes eux- mêmes. À ce sujet, comme le montre Bernard Barbiche, Charles IX et Louis XV sont, à deux siècles d'écart, sur la même longueur d'onde lorsqu'ils déclarent tous deux devant le Parlement de Paris ne concevoir aucun partage de leur souveraineté. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture