Savoir, pouvoir et subjectivité sont les trois concepts qui ont le plus occupé Foucault. Ils ne sont pas à comprendre comme des unités imperméables mais comme un triangle conceptuel entretenant des liens étroits et des frontières floues. Mais il n'en est pas toujours allé ainsi. Au départ Foucault pense une passivité irréductible de la subjectivité par rapport aux concepts de savoir et pouvoir. Ce n'est au fond qu'à la fin de sa vie qu'il réactive une subjectivité active, capable de résistance et de dire vrai. C'est à l'émergence de cette subjectivité douée de force, traversée elle-même par le savoir et le pouvoir dont elle peut se soumettre les services, que notre exposé va être consacré. L'enjeu n'est rien de moins que l'aménagement pour un sujet d'un espace de liberté où il peut se mouvoir, non pas indépendamment du savoir et du pouvoir, mais au moyen de techniques et de stratégies.
Toute l'originalité de Foucault demeure dans cette pensée d'un contre-pouvoir qui ne soit pas substantialisé comme une simple réponse au pouvoir dominant (celui de l'Etat par exemple). Sa conception réticulaire du pouvoir oblige à considérer le pouvoir dans sa dispersion même, sa diffusion et son investissement dans les corps, les mentalités, les normes et les disciplines. Corrélativement sa dissolution du concept classique de sujet entraîne une réflexion sur la possibilité même pour un individu à prendre le contrôle de soi-même tout en restant libre (libre de cette injonction qui le pousse à se contrôler). Cette exigence est donc éminemment problématique : comment parvenir à se déprendre du gouvernement par un autre gouvernement ? Ce sera toute l'importance de l'introduction du concept de « souci de soi », qui dans la dernière période de la pensée de Foucault, réinscrit le sujet au sein d'un rapport avec lui-même et surtout avec les autres. Ce concept se révèle à terme décisif, car il se présent bien comme la condition de possibilité de la philosophie dans les sociétés occidentales de la postmodernité.
[...] L'enjeu n'est rien de moins que l'aménagement pour un sujet d'un espace de liberté où il peut se mouvoir, non pas indépendamment du savoir et du pouvoir, mais au moyen de techniques et de stratégies. Toute l'originalité de Foucault demeure dans cette pensée d'un contre- pouvoir qui ne soit pas substantialisé comme une simple réponse au pouvoir dominant (celui de l'Etat par exemple). Sa conception réticulaire du pouvoir oblige à considérer le pouvoir dans sa dispersion même, sa diffusion et son investissement dans les corps, les mentalités, les normes et les disciplines. [...]
[...] Le gouvernement et la liberté On peut cependant soutenir que dans la première période, Foucault pense le pouvoir comme comprenant des savoirs et des subjectivités qui le subissent passivement. Les relations de pouvoir déterminées historiquement sont alors appréhendées comme des matrices des formes de savoir et de subjectivité. Dans la seconde période, par l'introduction du concept de gouvernementalité en 1978, Foucault va montrer au contraire qu'il existe une articulation entre des formes de savoir, des relations de pouvoir et des processus de subjectivation. [...]
[...] Le pouvoir et le savoir s'imbriquent et produisent des normes et des disciplines. Le bio-pouvoir donne naissance à une médecine sociale (gestion de la population, contrôle de la santé, de la démographie, de l'hygiène ou de l'alimentation) qui introduit une distinction permanente entre le normal et le pathologique. Les disciplines et la normalisation s'appliquent à des individus dans leur existence singulière. Une fois cette détermination intériorisée par les individus, mise en lumière, l'enjeu va être d'aménager un espace de liberté pour le sujet. [...]
[...] Foucault la définit ainsi : la corrélation, dans une culture, entre domaines de savoir, types de normativité et formes de subjectivité Son travail est ainsi résumé par une analyse d'expériences historiques (la folie, le crime, la sexualité, etc.) qui se situent dans une relation entre un jeu de vérité, un jeu de pouvoir et un jeu de rapport à soi. Le sujet interrogé par Foucault n'est pas le sujet transcendantal de la philosophie classique, mais un sujet historique, constitué des trois dimensions précédentes : le savoir, le pouvoir et la subjectivité. a. [...]
[...] La seconde, commence vers 1976, avec l'écriture du premier tome de l'Histoire de la sexualité, où Foucault étudie davantage les pratiques de subjectivation (par exemple le tome III, écrit en 84, est intitulé Le souci de soi). Par ce tournant, Foucault cherche une piste pour associer normes et subjectivation[1]. Il admet l'existence d'une contrainte sociale, mais à laquelle la subjectivation peut répondre. Autrement dit, si les normes sociales dominantes sont intériorisées par les personnes, ces dernières peuvent, tout en étant déterminées par elles, ouvrir sur une autonomisation subjective. Ce tournant dans la philosophie foucaldienne se fait par le moyen d'un approfondissement de l'analyse du concept de pouvoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture