Toute société se dote de règles régissant les comportements de leurs membres. Lorsque ces règles sont explicites, on parlera de lois. Les lois sont des textes législatifs prescrivant de manière impérative ce qui est interdit, ce qui est légal et ce qui est licite. Mais comment faire respecter cette prescription ? Car la loi ne peut sans doute pas compter sur sa seule autorité pour forcer le respect : il faut la doter d'un bras armé, c'est-à-dire d'une force publique et d'un système judiciaire, à même d'arrêter et de condamner les contrevenants.
Par conséquent, les lois semblent tirer leur force uniquement de la force elle-même : c'est d'abord et le plus souvent la peur de la sanction qui nous rend dociles, sinon soumis. Ce serait donc la crainte de représailles qui nous ferait respecter les lois. Certes, une loi qui n'aurait en vue que le bien particulier de quelques-uns au détriment de tous les autres ne saurait s'imposer à ces derniers que par force. Mais suffit-il qu'une loi défende le bien commun pour qu'elle soit respectée, à admettre qu'elle soit en elle-même respectable ? D'où les lois tirent-elles leur force ?
[...] D'où les lois tirent-elles leur force ? Toute société se dote de règles régissant les comportements de leurs membres. Lorsque ces règles sont explicites, on parlera de lois : les lois sont des textes législatifs prescrivant de manière impérative ce qui est interdit, ce qui est légal et ce qui est licite. Mais comment faire respecter cette prescription ? Car la loi ne peut sans doute pas compter sur sa seule autorité pour forcer le respect : il faut la doter d'un bras armé, c'est-à-dire d'une force publique et d'un système judiciaire, à même d'arrêter et de condamner les contrevenants. [...]
[...] Il vote sans réticence la loi qui met le vol hors la loi et l'expose à de lourdes sanctions. Mais au moment de se soumettre, le voleur peut considérer que dérober le bien d'autrui est pour lui un avantage, lors même qu'il veut qu'autrui ne dérobe pas son bien à lui. Bref, grande toujours est la tentation, dit Rousseau dans Le Contrat social de jouir des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet Mais ce faisant, ce voleur se met en contradiction avec lui-même, puisqu'il s'excepte de ce à quoi il a pourtant consenti. [...]
[...] J'ai obtenu ce que tu désirais, et je t'en ai privé : je suis plus puissant que toi, et tu dois désormais me rendre honneur. La rivalité mimétique des désirs inaugure ce que Hobbes nomme la guerre de tous contre tous qui elle-même ouvre la possibilité pure et simple de l'auto-extermination de l'humanité tout entière : comme l'homme est doté d'une raison, il est capable de calcul, ce qui en fait un être particulièrement redoutable. Puisque je sais qu'autrui désire me priver de ce que je désire, puisqu'il est bien un ennemi et non pas simplement un adversaire, la raison m'ordonne de l'éliminer préventivement afin de me garantir de la menace qu'il constitue toujours potentiellement ; et comme chacun se dit la même chose de son côté, le conflit s'étend à tous. [...]
[...] D'où les lois tirent-elles leur force ? En d'autres termes : suffit-il qu'une loi soit bien faite pour que les sujets s'y soumettent volontairement et unanimement, ou ne faudra-t-il pas lui adjoindre toute la force publique ? Une loi qui se fonde sur la force aura toujours besoin de la force pour se faire respecter ; mais n'est-ce pas au fond le cas de toute loi, même de celles qui se fondent sur le droit ? I. Une loi qui se fonde sur la force se fait respecter par la force Que serait une loi fondée sur la force? [...]
[...] Pourquoi donc ? Celui qui sort vainqueur d'un rapport de force peut bien exiger la soumission du vaincu et en faire sa propriété : c'est sur cette idée que reposait la pratique grecque de l'esclavage. Mais cette soumission ne durera qu'aussi longtemps que la force sera du côté du maître : si c'est par force que l'esclave a été privé de sa liberté, il pourra toujours tenter de la reprendre par force également. Or nul n'est assez puissant pour être assuré d'être toujours le plus puissant, d'autant que nul puissant n'est à l'abri d'une conjuration de ceux qu'il a soumis, lesquels, en réunion, seraient plus forts que lui. [...]
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