Les livres font-ils les Révolutions ? Le verbe "faire", verbe d'action directe, sous-entend que la publication de certains ouvrages pourrait être une condition suffisante au déclenchement d'une révolution. En effet, d'après Chateaubriand :" Toute révolution qui n'est pas accomplie dans les moeurs et dans les idées échoue." Il y a donc eu nécessairement des prémices de développement des idées et des moeurs avant la Révolution. Cet enchaînement temporel permet de penser que l'influence culturelle dans une Révolution est certaine.
Dans quelle mesure les publications issues de l'esprit des Lumières, qui attaquaient les bases de l'Ancien Régime, ont-elles joué un rôle dans le déclenchement de la Révolution ? Plus précisément, ces ouvrages l'ont-il réellement provoquée ou n'ont-ils pas "seulement" participé à l'instauration d'un climat politique et culturel des idées, subjectif dans le sens où il est difficile d'en évaluer l'importance, absolument nécessaire à la Révolution ?
[...] Les livres n'ont-ils pas apporté cette conscience ? L'influence des écrits (au sens plus large que celui du terme "livres") reste inégale et plus conservatrice que révolutionnaire dans l'immense majorité de la France rurale Si on voit par la suite qu'un espace public se crée, il ne faut pas pour autant confondre public et populaire. Une France rurale culturellement divisée, l'opposition flagrante entre les régions du Nord-Est et le Sud et l'Ouest encore majoritairement acculturées mais en progrès Tiers Etat rassemble 97% de la population. [...]
[...] Moins de 20% des journaliers des villes de l'Ouest savent lire et écrire sous Louis XVI. Les inégalités sont profondes : 75% des habitants des régions paysannes du Nord-Est savent lire et écrire. Subsistent des préjugés, des stéréotypes selon les régions, renforcées par l'usage abondant du patois local qui freine la diffusion des écrits. En fait, c'est la faible mobilité d'une grande partie de la population qui participe à ce cloisonnement culturel, quand ce n'est pas refus d'assimilation (Exemple des Basques). [...]
[...] ] aie rangé beaucoup de producteurs ans le camp des forces révolutionnaires en 1789". Les livres ne font pas les Révolutions, au sens où ils ne forment pas une donnée suffisante pour le déclenchement d'une Révolution. La postérité et l'analyse historique permettent de trouver un tas d'écrits révolutionnaires qui pourtant ont totalement été occultés, ou qui n'ont pas suscité autant d'engouement qu'en 1789. En effet, au XIX, les textes révolutionnaires perdureront mais ne rencontreront pas le même enthousiasme. En fait, les écrits préRévolutionnaires sont à la fois des révélateurs et des catalyseurs : ils condensent et avivent les revendications et permettent d'apprécier a posteriori l'état d'esprit de l'époque. [...]
[...] Les livres font-ils les Révolutions ? Ce sont plutôt les révolutions qui font les livres que l'inverse. France de la seconde moitié du XVIII, blocage d'une société inégalitaire. Tentative de renforcement du pouvoir des nobles, de l'aristocratie qui sent son pouvoir décroître. Si on s'interroge sur l'influence littéraire dans le déclenchement de la Révolution, il faut garder à l'esprit que 2/3 des Français ne savent pas lire, et que bilinguisme français/patois local reste très présent à la veille de 1789. [...]
[...] René Rémond, L'Ancien Régime et la Révolution 1750-1815. Robert Chartier (livre introuvable). Fiche de lecture d'une ancienne élève de science-po. Daniel Mornet, Les origines intellectuelles de la Révolution. Catherine Velay-Vallantin, À la redécouverte de la bibliothèque bleue de Troyes Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 18-19 1997, [En ligne], mis en ligne le 20 février 2009. [...]
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