« L'Homme est né libre, et partout il est dans des fers ». Rousseau dans Du Contrat social, pose un postulat fort, la liberté est inhérente à l'homme. Cependant cette liberté semble fragile car il constate qu'elle n'est plus effective. Pour tenter de comprendre cette situation Rousseau mène une approche historique : il observe comment les sociétés se sont constituées. Puis il propose un contrat permettant de retrouver la liberté perdue. Ce contrat engage une population sur un territoire donné. La population forme un gouvernement dont l'autorité sur ce territoire et cette population est la seule légitime. Ce sont les éléments constitutifs d'un Etat. L'Etat serait donc garant de la liberté des individus.
Cette réflexion nous permet de nous poser la question : « La liberté dépend-elle de l'Etat ? »
Ce sujet paraît au premier abord paradoxal si l'on considère que la relation de dépendance implique une soumission. En effet, comment la liberté, qui implique une absence de contrainte dans la faculté d'agir, peut-elle être conditionnée par une autorité supérieure ? Cependant la notion de dépendance implique peut-être une condition d'existence et non de soumission. Autrement dit s'agit-il de savoir si la liberté peut exister sans Etat ? Ou bien s'agit-il de savoir si dans une société étatique, le degré de liberté est conditionné par l'Etat ?
[...] La liberté civile dépend de l'État, car elle est reconnue, garantie et délimitée par celui-ci. En effet Montesquieu définit trois principes comme garantissant la liberté : la constitution, la séparation des pouvoirs et la primauté de la loi. En effet ce sont les premières constitutions des premiers États libéraux qui reconnaissent la liberté naturelle de l'Homme. Bien que l'État ne permette pas l'exercice de cette liberté naturelle il pose les bornes d'une liberté possible pour tous. La garantie de la liberté collective est permise par la loi, comme le dit Burdeau : la loi constate les bornes de la liberté Hayek La constitution de la liberté (1993), explique comment les lois de l'État garantissent la liberté. [...]
[...] Nous verrons donc que pour certains la liberté ne doit pas dépendre de l'État. II Au contraire certains penseurs considèrent que la liberté existe indépendamment de l'État qui est dangereux pour elle L'État ne poursuit jamais qu'un but : limiter, enchaîner, assujettir l'individu, le subordonner à une généralité quelconque. s'insurge Stirner dans L'unique et la propriété (1844). En effet selon cet anarchiste, l'État est coupable de la soumission de l'homme. Deux courants de pensée, pourtant opposés, perçoivent l'État et la liberté comme antinomiques. [...]
[...] L'État est source de droit, véritable science de la liberté (Hayek). C'est une liberté négative qui trouve ses limites dans la liberté d'autrui. Transition : Cependant l'État modèle selon sa loi selon la formule de G. Burdeau. Ainsi, il évoque la crainte de ceux qu'il nomme les libéraux de la seconde génération qui perçoit le volontarisme politique de l'État comme une menace. En effet, pour Hayek le constitutionnalisme n'est pas une barrière suffisante contre les prétentions régulatrices (G. Burdeau) de l'État, qui visent à transformer le monde. [...]
[...] Aron conclut : mais le jour où, sous prétexte de la liberté réelle, l'autorité de l'État s'étend à l'ensemble de la société et tend à ne plus reconnaître la sphère privée, ce sont les libertés formelles que revendiquent les intellectuels et les masses elles-mêmes Tandis que Karl Marx prédisait la disparition de l'État, les États d'inspiration marxiste sont devenus totalitaires dans le sens où il n'y a plus de différence de sphère privée, sans que pour autant l'État ne disparaisse. La liberté réelle n'est plus qu'une idéologie entretenue par l'État sans véritable consistance. La liberté est dépendante de l'État, car l'État redéfinit la liberté. Malgré cela R. Aron souligne que cet échec de la disparition de l'État est imputable à la volonté insuffisante des hommes, c'est ce que Aron nomme : la fin des idéologies Ainsi imposer à toute une société la fin de l'État et de la propriété privée, alors que ses membres les ont connus, semble inenvisageable. [...]
[...] Autrement dit s'agit-il de savoir si la liberté peut exister sans État ? Ou bien S'agit-il de savoir si dans une société étatique, le degré de liberté est conditionné par l'État ? Pour répondre à ces interrogations, il est nécessaire de distinguer la liberté naturelle de la liberté civile Toutefois, il est possible d'interroger la capacité de l'État à garantir les libertés civiles si l'on considère que l'État est un danger pour la liberté (II). I Selon la théorie libérale la liberté civile dépend de l'État Si nous verrons dans un premier temps qu'il existe une liberté naturelle antérieure à l'État; les conditions de son existence ne pouvant être remplies. [...]
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