Si Spinoza affirmait qu' « en vérité, le but de l'Etat, c'est la liberté », le sens commun semble plutôt concevoir la notion de liberté comme une absence de contraintes, un refus de l'autorité. La liberté serait alors caractérisée par l'affranchissement de tout ce qui la restreint : les règles sociales, les importuns, l'Etat. Cependant, penser la liberté comme une révolte constante contre ce qui nous opprime semble incompatible avec la vie en société, qui implique la coexistence de plusieurs libertés, la nôtre et celle d'autrui. L'Etat, institution qui - selon André Barilari « détient la souveraineté, c'est-à-dire la « compétence de la compétence » avec le monopole de la contrainte organisée et qui l'exerce, sur un territoire et une population donnée » est souvent assimilé à l'ordre, à la puissance et au pouvoir.
[...] La défense des libertés individuelles ne peut ainsi se réaliser qu'à travers une limitation de la souveraineté : Toute autorité qui viole [les] droits [individuels] devient illégitime De plus, Hayek critique l'intervention de l'Etat, notamment en matière économique. Selon lui, l'intervention dans l'ordre du marché est nuisible, car l'Etat, guidé par des acteurs intéressés, ne pouvant connaître ses exigences. En intervenant, l'Etat retire à la société son autonomie, or celle-ci est cruciale pour le développement d'une société, et l'avènement d'ordres d'une telle complexité que nul gouvernement ne pourrait instaurer. [...]
[...] Dès lors, si certains prétendent que l'Etat ne saurait ou ne devrait, par définition, œuvrer pour la liberté, nul ne peut nier que dans une certaine mesure, la liberté dépend de l'Etat en ce sens où celui-ci peut y faire obstacle. En effet, le totalitarisme est un régime qui nie les libertés individuelles, plaçant tout sous le joug de l'Etat. Selon Hannah Arendt, le régime totalitaire se caractérise notamment par la dégradation de la forme politique de l'Etat nation, la mobilisation des masses, un appareil de domination aux mains de la police, qui repose sur la terreur et l'idéologie. Cela caractérise le régime stalinien dès 1930 et le régime nazi à partir de 1939. [...]
[...] La liberté naturelle des individus se définit selon lui par l'indépendance de chacun, sans tenir compte de la liberté de l'autre. Le risque de conflit est alors permanent, l'homme étant, selon la célèbre expression de Hobbes un loup pour l'homme Conscients néanmoins de la précarité de cette idée de nature, les hommes vont être incités à consentir une part de leur liberté à une entité supérieure, l'Etat, et ainsi entrer en société, en vue de leur paix et de leur défense commune Conçue ainsi, la liberté des individus consiste en une protection vis-à-vis des passions d'autrui, qui justifie cette aliénation originelle de liberté individuelle. [...]
[...] Dès lors, se distinguent les notions de liberté individuelle et liberté civique ; c'est cette seconde notion que semblent défendre les essentialistes et les contractualistes. Ainsi, la vraie liberté dépend bien de l'Etat. Cette notion d'Etat préservant les libertés s'affirme avec l'émergence du concept d'Etat de droit. En effet, il est possible d'affirmer que la liberté dépend de l'Etat dans la mesure où celui-ci peut réduire voire supprimer les libertés ; de plus, l'Etat se doit non seulement de représenter le cadre d'expression des libertés, mais aussi d'institutionnaliser leur protection. [...]
[...] Par exemple, la Loi peut garantir la liberté d'opinion, la liberté de pensée, et l'Etat peut veiller à son application en interdisant la censure. Néanmoins, tant que le rejet ou le mépris de la différence d'opinion de l'autre ne s'exprime pas par la violence (physique ou verbale), la loi ne peut condamner un tel rejet. La jouissance réelle de la liberté d'opinion, pour un individu, ne repose ainsi non seulement sur sa garantie par la Loi (cet élément est certes fondamental), mais consiste aussi en l'affranchissement du conformisme -plus confortable que l'opposition au diktat autoritaire, au sens commun- voire du conditionnement culturel, fortement ancré dans notre façon de pensée. [...]
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