Avec la chute du mur de Berlin et le triomphe de la démocratie de marché, le libéralisme apparaît comme une norme à laquelle semblent devoir se conformer tous les pays du monde. Cependant, le début du XXI° siècle, placé sous le signe d'une tension entre la dynamique universelle de la mondialisation et l'exacerbation des violences, pose le libéralisme comme moteur des transformations de la démocratie et du capitalisme, mais aussi comme bouc émissaire auquel sont imputées les injustices du monde.
Le libéralisme est un terme vaste qui recoupe des réalités et des significations bien différentes qui s'étendent de l'anarchisme libertarien au socialisme libéral. Du latin liberalis, qui signifie bienfaisant, généreux, le libéralisme est une attitude de tolérance fondée sur le respect d'autrui et la reconnaissance du droit de chaque homme d'agir et de penser comme il l'entend. Plus précisément, le libéralisme comporte une dimension philosophique et une dimension économique. La première définit le libéralisme comme une doctrine qui place la volonté individuelle à l'origine des relations sociales et préconise une limitation des compétences de l'Etat. Elle trouve son expression la plus aboutie dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Le libéralisme économique quant à lui est une doctrine selon laquelle les lois économiques naturelles suffisent à établir l'équilibre entre production, distribution, et consommation et concourt à la prospérité, à la condition toutefois que la liberté du travail, la liberté d'entreprise, la concurrence et le libre-échange entre les nations soit assuré par l'Etat qui voit ainsi son rôle limité à faire respecter les lois de l'économie.
Dans ces conditions, si l'indépendance et la liberté de l'individu semble être les valeurs suprêmes du libéralisme, qu'en est-il de l'esprit des peuples, principe animateur de la nation ?
[...] De même, le libéralisme économique permet l'apparition d'un esprit des peuples qui se réalise dans la recherche de l'intérêt personnel, pour ensuite le transcender. La critique du concept classique de contrat social débouche chez les penseurs libéraux sur une thèse centrale du libéralisme économique, à savoir : les intérêts privés, en oeuvrant à se satisfaire, servent spontanément et dialectiquement l'intérêt public. Pour Hume, les lois de la justice permettent donc la coordination et la satisfaction des intérêts privés en servant l'intérêt public, évitant ainsi un conflit généralisé entre tous les hommes. [...]
[...] Il trouve enfin dans le développement du marché et de la libre concurrence le moteur du progrès économique et social. En ce sens, le libéralisme devient un système qui vise à mettre les hommes en situation de devenir des citoyens capables et dignes d'assumer la responsabilité de la liberté, et le cas échéant, de la défendre." Le libéralisme n'est donc pas antithétique avec la démocratie. Si Constant critique la démocratie représentative et appelle à une souveraineté limitée, ce dernier a cherché à apporter une solution à un problème majeur : comment surmonter le conflit qui peut opposer les idéaux démocratiques et libéraux, et les harmoniser? [...]
[...] Un peuple libéral n'est pas sans histoire, il vit et son souffle, son esprit, s'incarne dans la volonté libre de chaque individu qui respecte tout autant celle des autres. Le libéralisme ne rend pas surannée l'idée d'esprit des peuples, mais donne une nouvelle réalité à l'esprit des peuples, qui n'est plus qu'une simple idée. Cet esprit des peuples se réalise dans chaque individu, puisque comme le déclare Alain dans ses Propos : "C'est toujours dans l'individu que l'Humanité se retrouve". Bibliographie B. Constant, De la liberté des modernes comparée à celle des anciens J.G. Fichte, Discours à la nation allemande Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une nation ? [...]
[...] Ainsi, il convient de sortir du schéma réducteur qui assimile le libéralisme au capitalisme et à l'individualisme exacerbé. Le libéralisme n'est en rien un retour à l'état de nature constitué, non d'un peuple, mais d'une masse informe d'individus retournés sur eux-mêmes et garants de leur propre survie. Le libéralisme est en réalité le pendant de la démocratie. Il pose la loi comme valeur suprême, et permet ainsi la coexistence de tous les intérêts personnels dans le respect de ceux d'autrui. [...]
[...] Le libéralisme en posant la volonté libre de l'individu comme valeur suprême tend à l'écarter de la vie de la Cité. Le bonheur de l'homme, contrairement à l'idée qu'avait Aristote, ne s'exprime plus dans la conscience d'appartenir à une communauté et dans la participation active au politique, mais dans la recherche du bien-être personnel, le libéralisme réhabilitant la sphère privée. Le libéralisme semble faire de l'homme un individu plus qu'un citoyen. Cependant, parler de libéralisme nécessite un questionnement sur la nature de la liberté en question. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture