En France, la laïcité et la République sont très liées. Cette dernière est, depuis la Révolution, un choix idéologique et un idéal politique. La République se veut humaniste et rationaliste. Elle assure les libertés, qu'elles soient individuelles, de conscience, de circulation, d'association depuis 1901, ou collectives, de participation par le suffrage universel. Elle assure aussi l'égalité, son but étant le bonheur du peuple, et elle concourt à une solidarité égalitaire. Enfin, elle exige l'obéissance à la loi qui produit le civisme et l'unité de la nation.
La laïcité est, aujourd'hui, une valeur républicaine qui structure l'ensemble des institutions françaises (1). Dès lors, les attaques dont elle fait l'objet touchant au fondement même de la République, elles appellent un engagement renouvelé de l'ensemble de la société autour de ce principe (2).
...
[...] Un des problèmes cependant est la perte de crédibilité de ces musulmans voulant concilier islam et modernité au profit de fondamentalistes qui ne manquent pas une seule occasion de faire entendre leur voix. Pour autant, la France ne doit pas se contenter d'attendre une hypothétique victoire des éléments démocratiques de l'islam. La République a un rôle à jouer dans l'intégration de ces nouveaux croyants. Pour Gilles Kepel, notamment, l'islam laïque - et donc le seul acceptable pour la République - ne pourra prévaloir que si l'intégration des immigrés réussit. Dans le cas contraire, c'est l'islam communautaire qui risque de l'emporter, ce qui remet en cause l'idéal d'unité de la République. [...]
[...] Il est plus que nécessaire de relancer la volonté de vivre ensemble en partageant des valeurs communes et en s'engageant dans un projet commun, visant à l'intégration de tous les citoyens. L'une des réponses est de rappeler que la République se crée elle-même dans l'éducation, qu'elle facilite et dispense à ses membres. Ainsi, Jean Mace, en 1884, dans l'une des conférences de la Ligue de l'enseignement indiquait : Mettez-vous en état de pratiquer le suffrage universel. Il ne faut pas pour cela une instruction qui tienne de l'érudition. Mais il faut au moins connaître ses devoirs de citoyens et s'intéresser à la chose publique. [...]
[...] Dès lors, la laïcité doit rester la garante du caractère démocratique de la République et pour cela, elle doit pouvoir s'appuyer sur un consensus républicain renouvelé Les récentes attaques portées contre la laïcité traduisent une fragilisation des institutions républicaines qui, désormais, ne font plus consensus Dans un État laïque, les citoyens sont libres de définir leur éthique de vie et leur démarche spirituelle, et l'instruction publique dispense une culture ouverte à l'universel, susceptible d'émanciper la capacité de jugement autonome en l'exerçant méthodiquement. Droit républicain et école laïque sont à cet égard décisifs (Henri Pena Ruiz). La République s'étant historiquement fondée sur le concept de laïcité, l'absence de celui-ci, ou du moins sa dénaturation, risque de compromettre l'existence même de celle- ci. [...]
[...] Or, aucun tribunal ne peut porter atteinte à cette liberté de conscience. C'est ce que David Kessler, maître des requêtes au Conseil d'État, souligne en prenant l'exemple des rapports entre la condition de la femme et le foulard islamique : En revanche, pour savoir si le port par une femme d'un foulard est un signe d'abaissement, il faut passer par une interprétation de la symbolique religieuse qui est attentatoire à la liberté de conscience Or, au sein même de l'islam de France, la majorité des pratiquants semble se tourner vers une modernisation de leur religion et vers un respect de la laïcité. [...]
[...] Troisième principe, outre la séparation et la neutralité, la laïcité implique la pensée critique et la raison. Elle ne peut être confondue avec un simple devoir de réserve, ni avec la simple tolérance, elle suppose l'exercice philosophique de la raison, laquelle, du reste, est bénéfique aux religions elles-mêmes, comme le souligne Mohamed Arkoun (professeur d'histoire de la pensée islamique, membre de la commission Stasi) : Toute religion privée des apports de la raison critique est exposée aux dérives de la crédulité et aux manipulations des idéologues C'est pourquoi, note- t-il, la laïcité est une chance pour l'islam comme elle l'a été pour le christianisme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture