On a tous en tête l'image de grands « hommes justes », que ce soit Socrate, Salomon, Gandhi ou Martin Luther King, et on a généralement tendance à les considérer comme des hommes de bien en définissant intuitivement l'homme juste comme un « homme de bien ». En effet on a généralement tendance à considérer la justice comme quelque chose de bien et même, si l'on pense à Socrate ou aux Béatitudes, comme une source possible de bonheur (« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice »).
Or c'est là tout ce qui fait l'intérêt de la question : « Qu'est-ce qu'un juste ? » Car si le fait d'être un juste doit nous apporter le bonheur, ou au moins le sentiment d'une certaine respectabilité, alors il est évident que nous devons tous être intéressés de savoir ce qu'est un juste et ce qu'est la justice, pour savoir comment on peut être un juste.
Le problème est qu'il est difficile de définir la justice. Tout d'abord la justice semble nous renvoyer au droit positif qui sert à réguler nos sociétés, mais qui semble assez relatif. Mais lorsque l'on admire Socrate, et Gandhi pour leur justice, c'est bien parce qu'on a l'impression qu'ils sont tous deux les « représentants » d'une même justice, plus « absolue », et dont l'essence est morale plus que sociale. Il y a donc une ambiguïté de la définition de la justice, que traduit notamment la distinction kantienne entre la légalité (droit) et la moralité (vertu).
Notre exposé cherchera donc d'abord à étudier les rapports entre la justice de la cité qui peut sembler relative dans une certaine mesure, et l'état de justice absolue auquel aspire l'individu, pour voir dans quelle mesure l'individu peut accéder à cet état de justice absolu. Mais cela nous conduira à penser que le véritable problème posé par le sujet est celui de la possibilité même pour l'homme d'être vraiment juste ontologiquement.
[...] Dans une deuxième partie, on verra cependant que cette justice absolue peut donner une orientation à nos actes, mais qu'elle ne peut pas pleinement définir notre être. Pour terminer, on étudiera les conséquences possibles de l'idée que l'homme ne peut pas être juste par lui-même ontologiquement, mais qu'il peut seulement tendre vers la justice. Politique et justice : est-ce que la dimension politique de la justice doit nous conduire à un certain relativisme ? De prime abord, la question de la justice renvoie donc au droit positif. [...]
[...] Ainsi, dans le Prince, Machiavel fait abstraction de toute considération morale ou même juridique, pour s'intéresser simplement à la vérité effective de la chose c'est-à-dire à la vertu permettant au prince d'accéder au pouvoir et de s'y maintenir. Par ailleurs, selon Nietzsche, ceux que l'on croit être juste ne sont en fait que des manipulateurs. Selon Nietzsche Socrate voulait mourir, il força Athènes à la ciguë. De même, dans la 3e dissertation de la Généalogie de la morale, Nietzsche critique la vision habituelle de la justice qu'il appelle idéal ascétique et qui se retrouve dans les vertus platoniciennes, la recherche d'harmonie d'Aristote, et la tempérance stoïcienne qu'on a évoquées. [...]
[...] C'est pourquoi les idées de la justice, comme celle de la République de Platon, demeurent essentielles pour permettre aux individus et aux sociétés de tendre vers la justice. Même si elles peuvent établir des objectifs inaccessibles, elles ont le mérite d'orienter nos actions en direction de ces idées, et donc de leur donner un sens moral pratique. Un juste ne serait alors plus une personne qui obéit au droit positif (définition qui, on l'a vu, est de toute manière insuffisante), et ce ne serait plus non plus une personne qui se conforme à un ordre naturel des choses (comme pour Aristote et pour les stoïciens). [...]
[...] Cependant, il y a une vraie limite au raisonnement de Platon. Son idée de la justice parait idéaliste. Et d'ailleurs, on pourrait faire le même reproche à Aristote et aux stoïciens. Pour Aristote, être juste revient un peu à être ce que l'on est, ne recevoir ni plus ni moins que ce que l'on doit recevoir, mais comment savoir exactement ce que l'on est et ce que l'on doit recevoir, étant donné qu'il faut d'abord nous connaître ontologiquement nous-mêmes pour le savoir ? [...]
[...] Justice et Développement : qu'est-ce qu'un juste ? Introduction On a tous en tête l'image de grands hommes justes que ce soit Socrate, Salomon, Gandhi ou Martin Luther King, et on a généralement tendance à les considérer comme des hommes de bien en définissant intuitivement l'homme juste comme un homme de bien En effet, on a généralement tendance à considérer la justice comme quelque chose de bien et même, si l'on pense à Socrate ou aux Béatitudes, comme une source possible de bonheur Heureux ceux qui ont faim et soif de justice Or c'est là tout ce qui fait l'intérêt de la question : Qu'est-ce qu'un juste ? [...]
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