« Il est au fond des âmes, un principe inné de justice et de vertu » écrit Jean-Jacques Rousseau dans l'Emile publié en 1762. La bonté naturelle de l'homme traverse l'ensemble de son œuvre. Il ne voit aucune perversité dans le cœur de la nature humaine. Ainsi, l'homme naît naturellement bon et c'est la société qui le corrompt. Dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) le philosophe décrit l'asservissement progressif de l'homme car la vie sociale repose sur des bases foncièrement mauvaises. Rousseau va alors chercher à remédier à cette situation.
Publié en 1762, le Contrat social est un traité politique qui examine ce qui permet de fonder l'association politique idéale. Il cherche donc à établir une cité juste fondée sur la loi.
L'extrait étudié fait partie du livre premier du Contrat social qui traite (avec le second livre) de la souveraineté. Rousseau cherche à déterminer ce qui peut rendre un Etat légitime (autrement dit, il ne s'intéresse pas à ce qui est mais à ce qui doit être) d'où sa théorie de la légitimité politique.
On peut alors se demander comment l'homme passe de l'Etat de nature à l'état civil et quelles sont alors les conditions indispensables de ce pacte.
Si l'instauration du contrat social, pour sortir de l'Etat de nature, nécessite une aliénation totale des individus au pacte (I), le concept de volonté générale apparaît comme un élément essentiel pour la mise en pratique du pacte social (II).
[...] L'Etat rêvé par Rousseau n'est pas un Etat totalitaire car, selon lui, un bon Etat a besoin de peu de lois. De plus, cet Etat doit légiférer dans les bornes de l'utilité publique mais il est le seul juge de ces bornes car Rousseau refuse tous mécanismes institutionnels qui viseraient à empêcher l'Etat de franchir ces bornes. Il refuse toute idée de contre-pouvoir. Rousseau a en réalité une conception unanimiste de la société de l'homme, il rêve d'une assemblée composée d'hommes spontanément d'accord, jamais divisés par des intérêts particuliers : plus le concert règne dans les assemblées c'est-à-dire plus les avis se rapprochent de l'unanimité, plus aussi la volonté générale est dominante mais, les longs débats, les dissensions, le tumulte annoncent l'ascendant des intérêts particuliers et le déclin de l'Etat (chapitre II, livre IV du Contrat social). [...]
[...] Dans le Contrat social, Rousseau ne précise pas comment les hommes sont passés de l'Etat de nature dans lequel ils étaient libres à l'état civil où ils paraissent dans les fers (chapitre livre I du Contrat social). Il se borne à affirmer que ce passage a été nécessaire à la survie de l'espace (idée développée dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). L'idée d'association naît lorsque, les besoins excédant les forces individuelles, les hommes ressentent la nécessité de s'unir pour vivre. [...]
[...] Le contrat social est un contrat dans lequel chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale (lignes 37 et 38). Chacun devient alors une partie indivisible du tout. La volonté générale n'est pas la volonté de tous car elle est le résultat d'un compromis. La volonté générale n'est donc pas l'addition pure et simple de volontés particulières. La volonté générale crée l'unité, la force et la survie de la cité juste. Etre citoyen, c'est alors se laisser guider par cette volonté et faire abstraction de ses intérêts privés. Rousseau met l'accent sur l'unanimité. [...]
[...] Ce principe a été énoncé par Jean-Jacques Rousseau dans le premier chapitre du premier livre du Contrat social. Il apparaît donc souhaitable que les hommes concluent un pacte entre eux car il n'est ni possible ni souhaitable de revenir à l'Etat de nature. L'individu renonce alors à la liberté absolue qu'il possédait dans l'Etat de nature mais recouvre une liberté conventionnelle qui semble préférable car elle est durable et fondée sur le respect d'intérêts généraux. En échange, la communauté garantit la sécurité de chacun et le respect des règles et des droits ainsi établis. [...]
[...] Chacun se donnant à tous ne se donne à personne en particulier et acquiert sur autrui le même droit qu'il cède sur lui. Chacun acquiert sur tout autre exactement le même droit que celui-ci qu'il lui cède. Chacun gagne donc l'équivalent de tout ce qu'il perd, et plus de force pour conserver ce qu'il a. L'engagement tire donc son originalité du fait que chaque contractant est lié sans être pour autant assujetti à une personne. En effet, chacun s'unissant à tous n'obéit pourtant qu'à lui- même et reste aussi libre qu'auparavant (lignes 4 et 5). [...]
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