Quel islam pour la capitale de l'Europe du XXIe siècle ?

Résumé du document

Au début du siècle dernier, l'accueil des populations musulmanes avait permis d'installer, au cœur des sociétés européennes, des familles en quête de dignité et d'épanouissement. Cette complémentarité entre précarité post coloniale d'Orient et progrès d'après-guerre en Occident, ouvrait la voie à une coopération socio-économique productive revalorisant les retrouvailles entre les deux régions voisines.

Aujourd'hui, près d'un siècle après cet engagement sous le signe de la cordialité, la recherche identitaire des musulmans d'Occident oscille entre deux critères : d'un côté une intégration conçue pour accorder une appartenance au pays d'accueil. De l'autre, une réislamisation, qui tend à restituer aux populations de culture musulmane un attachement sociologique spécifique. A cela s'ajoute un phénomène latent, à savoir le repli identitaire des autochtones, bien exploité par les partis européens d'extrême droite. Dès lors, les défis à relever par l'islam sont conséquents dans la perspective d'assumer une véritable tâche de pilier au sein de la société belge.

Extraits

[...] À la Rive gauche qui regroupe tous les niveaux scolaires, du fondamental au secondaire, de concert avec nombre d'Établissements de l'école officielle belge, le groupe de concertation philosophique tend à mettre l'accent sur le réaménagement du règlement d'ordre intérieur, notamment à propos d'une valeur en perte de vitesse ces dernières années, le respect dans son sens le plus large. Les cours philosophiques tendent ainsi plus que jamais, à former un pilier important pour un fonctionnement optimal au sein de l'établissement scolaire. D'autant que chaque année sont organisées des visites des lieux des cultes à Bruxelles-Capitale. [...]

[...] La laïcité de l'école officielle est donc particulièrement conçue pour présenter un profil neutre, respectueux de la foi et des croyances de chacun où la valorisation des points de convergence est mise au centre des préoccupations quotidiennes. L'école officielle cherche à unifier et non pas à uniformiser. Elle s'ouvre au monde pour permettre à ses élèves de s'y intégrer pleinement et d'influer positivement sur son évolution en usant d'intelligence, de bon sens, tout n'omettant pas que des pressions dogmatiques peut se faire jour pour orienter la pensée. Mais quand on le sait, on n'y réagit plus de la même manière. [...]

[...] C'est en son cadre qu'émerge une idée de collaboration profonde entre les différentes philosophies enseignées. Je souhaite, à travers la contribution des enseignants en philosophies, que l'expérience adoptée au sein de notre établissement puisse encore s'améliorer et se généraliser pour encore mieux permettre à la jeunesse musulmane de relever les défis d'avenir au sein des sociétés européennes. Car pour compléter l'objectif de l'école officielle vers une intégration sociale, s'est peu à peu, mis en place une éducation philosophique basée sur la promotion tant sur le plan des enseignants qu'au niveau des apprenants d'une pédagogie centrée sur la concertation continue, dans un cadre œcuménique. [...]

[...] C'est pourquoi le titre "pilier de notre démocratie", du colloque qui nous réunit aujourd'hui, revêt une signification particulière. C'est au cours des conférences pédagogiques successives au sein de l'établissement, qu'a pris forme une vision d'intégration harmonieuse sur les libertés de penser et de religion. Nos cours de religion catholique, orthodoxe, protestante, comme celui de la morale laïque, rassemblent tout au plus une demi-douzaine d'élèves dans chaque classe. La population musulmane étant majoritaire, ses professeurs de religion sont par voie de conséquence les acteurs centraux des cours philosophiques. [...]

[...] y sont dispensées par des professeurs qui prennent soin de se concerter, le plus régulièrement possible, à travers des cours en commun, débats et visites collectives. Le but est d'encourager les jeunes à vivre harmonieusement avec d'autres convictions, à échanger leurs opinions dans le strict respect de l'Autre. De valoriser la différence et accueillir les valeurs de tolérance, de solidarité et de respect. En clair, il s'agit de promouvoir une ouverture aux diverses pratiques philosophiques, dans un cadre bienveillant. Outre les objectifs énoncés, c'est l'environnement où se place l'Athénée Royal de la rive gauche qui confère à cette école son caractère particulier. [...]