Si l'affaire Dreyfus constitue les prémices de l'histoire des intellectuels français, on ne peut nier que la période de la quatrième République, ouverte par la Libération et close par l'avènement de la cinquième République, constitue une période primordiale dans l'analyse du rôle des intellectuels dans la société française du 20° siècle. Cette période, est d'autant plus intéressante qu'elle prend place dans le contexte particulier de l'après guerre et de l'hégémonie marxiste, posant ici les bases de ce que Jean-François Sirinelli nommera "les trente glorieuses des intellectuels".
Avant de poursuivre notre analyse, il convient d'apporter des précisions quant à la notion d'intellectuel. S'il est vrai que, comme le définit Jean-François Sirinelli, on estime que les intellectuels sont : "ceux qui participent à la création culturelle ou au progrès du savoir scientifique, ainsi que ceux qui contribuent à diffuser et à vulgariser les acquis de cette création et de ce savoir"; il n'en reste pas moins vrai que la notion "d'intellectuel", s'inscrit dans une polémique historique où auteurs et analystes restent divisés. La complexité de cette notion réside dans l'idée d'un engagement de l'intellectuel qui: " mue l'homme du culturel en homme du politique" (Pascal Ory).
C'est en se basant sur cette thématique de l'influence et de l'engagement politique des clercs, que nous nous proposerons d'examiner le rôle des écrivains, artistes, journalistes, philosophes et hommes politiques français sous la quatrième République. Notre analyse suivra une logique chronologique qui apparaît ici comme cohérente, du fait même que l'examen de l'histoire des intellectuels ne peut être dissocié de son contexte historique.
[...] L'histoire des intellectuels français est donc bien comme l'affirme Jean-françois Sirinelli dans son "dictionnaire de la vie politique française au siècle" : "Une histoire pleine de passion, de fureur et de bruit, et, de surcroît, à forte teneur idéologique". En effet, cette analyse de l'engagement sous la quatrième République témoigne de l'attachement idéologique des intellectuels dans une période de divisions, où la prise de positions semble obligatoire. De l'épuration sous la Libération, à la bipolarisation du monde, les intellectuels de la quatrième République ont fait preuve d'une ferveur et d'un investissement démesuré dans les débats. [...]
[...] La complexité de cette notion réside dans l'idée d'un engagement de l'intellectuel qui: " mue l'homme du culturel en homme du politique" (Pascal Ory). C'est en se basant sur cette thématique de l'influence et de l'engagement politique des clercs, que nous nous proposerons d'examiner le rôle des écrivains, artistes, journalistes, philosophes et hommes politiques français sous la quatrième République. Notre analyse suivra une logique chronologique qui apparaît ici comme cohérente, du fait même que l'examen de l'histoire des intellectuels ne peut être dissocié de son contexte historique. [...]
[...] La France libérée, dans ce printemps d'après-guerre, devient une France bipolaire. La division entre intellectuels résistants et intellectuels collaborationnistes ou collaborateurs ne pouvait logiquement être évitée. Pour exprimer plus clairement les tensions de cette période, on peut citer le général de Gaulle, qui dans ses "Mémoires de guerre" écrit:" Dans les lettres comme dans tout, le talent est un titre de responsabilité". Cette déclaration permet de mieux cerner la situation française de cette époque : nous sommes au cœur du débat sur la responsabilité de l'intellectuel dans son engagement. [...]
[...] Naîtra ainsi un Comité d'action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord (1955) auquel adhèreront entre autres : Breton, Sartre, Mauriac La revue Esprit en 1955 titrera "Arrêtons la guerre d'Algérie". Camus, en marge des mouvements, lancera lui aussi, un appel à la fin de l'emprise du gouvernement français en Algérie. Face à ce conflit devenant de jour en jour plus complexe et plus flou, la gauche intellectuelle, tout en se mobilisant dans sa lutte pour la protection des droits de l'Homme dont elle se fait l'écho, se divise, connaissant ainsi ses premières ruptures qui deviendront plus marquantes vers la fin des années cinquante. [...]
[...] Paris : Que sais-je? , PUF ORY (Pascal), SIRINELLI (Jean-François) Les intellectuels en France de l'affaire Dreyfus à nos jours. Paris : Colin SIRINELLI (Jean-François) Dictionnaire historique de la vie politique française au XX°siècle. Paris : PUF SIRINELLI (Jean-François) hasard ou la nécessité? Une histoire en chantier : l'histoire des intellectuels". - Vingtième siècle. Revue d'histoire, janvier-mars 1986. WINOCK (Michel) La fièvre hexagonale. [...]
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