L'inimitié, un sentiment d'aversion, d'hostilité à l'égard de quelqu'un ou d'une collectivité semble être chose courante dans un monde où les conflits et les guerres sont loin d'avoir disparus. Pour autant, rien ne prédit que cette inimitié est à la base du politique, qui est relatif aux affaires des Etats et à leur conduite. D'un autre côté, d'importants efforts sont déployés afin de mettre fin aux rapports de force, afin que les hommes entrent dans des rapports stabilisés et pacifiés par le droit. Au-delà du fait qu'un monde de paix n'est pas encore atteint et que la violence et le conflit ont souvent été considérés comme pernicieux, on peut se demander si le conflit n'est pas nécessaire au politique, c'est-à-dire si on peut toujours parler de politique si on est tous d'accord. La présence d'une opposition dans les sociétés démocratiques peut être un exemple de politique reposant sur l'idée de conflit qui serait constructif et nécessaire. Mais l'inimitié ne se résume pas à l'existence d'une opposition, de désaccords et de débats puisque cela suppose aussi l'existence d'un ennemi, opposé à l'ami et à l'amitié. La question est donc de savoir si l'inimitié, l'hostilité, voire la haine ou la présence d'un ennemi s'avèrent être nécessaires et consubstantiels au politique, ou réciproquement, si ce n'est pas plutôt l'amitié, l'union et l'entente qui en constituent le fondement et bon fonctionnement.
[...] L'inimité est-elle la base du politique ? Introduction L'inimitié, un sentiment d'aversion, d'hostilité à l'égard de quelqu'un ou d'une collectivité semble être chose courante dans un monde où les conflits et les guerres sont loin d'avoir disparu. Pour autant, rien ne prédit que cette inimité soit à la base du politique, qui est relatif aux affaires des Etats et à leur conduite. D'un autre côté, d'importants efforts sont déployés afin de mettre fin aux rapports de force, afin que les hommes entrent dans des rapports stabilisés et pacifiés par le droit. [...]
[...] La négation de l'ennemi ? Par ailleurs, d'autres théories ne cherchent pas seulement à prendre le dessus de l'inimitié, mais tendent à supprimer la notion d'ennemi. Par exemple dans le libéralisme, on a une négation de l'ennemi politique puisque seuls des concurrents économiques entrent en jeu et sont reconnus. Un autre exemple est le Pacte Briand-Kellogg signé le 27 août 1928 qui met littéralement la guerre hors la loi et consiste donc en une suppression théorique de l'ennemi ou du moins ne le reconnaît plus officiellement comme pouvant structurer le paysage politique et social. [...]
[...] L'inimitié permet donc à un Etat de se situer, de construire sa propre unité et comme le dit Heidegger : l'identité d'un peuple se fait dans la distinction entre ami et ennemi Mais cette définition face aux autres peut aussi poser problème dans le cas où on désigne un ennemi absolu, qu'il faut combattre absolument si l'on veut préserver notre propre identité comme il en a été le cas avec le Nazisme qui avait besoin d'éliminer l'ennemi Juif pour pouvoir se construire. Cette dimension d'ennemi en tant qu'étranger qu'il faut combattre pour préserver son propre mode de vie est donc assez problématique. b. [...]
[...] S'il ne le fait pas ou s'il laisse un autre lui imposer le choix de son ennemi, alors il cesse d'être un peuple politiquement libre. Schmitt va même jusqu'à dire qu'un peuple qui proclame son amitié au monde entier ne peut faire disparaître le clivage ami-ennemi du monde qui restera politique alors que ce peuple en question ne le sera plus. Pour lui, un peuple qui n'a plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère politique (en disant qu'il n'a pas d'ennemis) ne signifie pas la fin du politique dans le monde, mais celle d'un peuple faible De plus, le jour où les peuples, les religions, les classes et autres groupes humains, toujours d'après Carl Schmitt, seront unis au point de rendre impossible et inconcevable une lutte entre eux et où la simple éventualité d'une discrimination ami-ennemi aura disparue, il ne pourra y avoir que des faits sociaux dénués de toute politique et finalement plus de politique et d'Etat tout simplement. [...]
[...] On ne peut pas agir n'importe comment avec ses ennemis puisque la démocratie repose sur une idée d'égalité et de dignité de tous les hommes et espère ainsi parvenir à un idéal universel de paix et d'entente. A la base la démocratie a donc une idée d'amitié plus que d'inimitié. Plus encore, apparaît aujourd'hui la volonté de rassembler tous les Etats dans une même organisation internationale, l'ONU, afin de pacifier le politique et de le faire se reposer sur le cosmopolitisme et l'unité. Toutes ces théories cherchent donc à aller au-delà de l'inimitié et choisissent la voie de l'amitié et de l'entente comme base du politique. [...]
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