Dans De la démocratie en Amérique, Tocqueville relève les dérives possibles du modèle démocratique à partir de l'analyse de la société américaine, laquelle représente pour lui un véritable laboratoire de la modernité où les phénomènes qui se passent toucheront de façon inéluctable le continent européen. Tocqueville analyse un phénomène nouveau, l'individualisme qu'il présente comme un vice d'essence démocratique. Selon lui, l'individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui conduit chaque citoyen à s'isoler de ses semblables. Parce qu'il entraîne un repli de chaque individu sur sa sphère privée, l'individualisme est ainsi perçu comme un facteur de délitement du lien social et un renoncement général des individus à l'exercice de leur citoyenneté. Pour certains, la prophétie tocquevillienne se serait réalisée dans nos sociétés démocratiques contemporaines.
A l'aune de l'analyse de Tocqueville, faut-il considérer que l'individualisme constitue une dérive de nos sociétés démocratiques contemporaines ? Annonce-t-il le dépérissement du système démocratique voire même, la faillite de ce modèle ?
[...] L'individualisme est-il le signe d'une crise de nos sociétés modernes ? Dans De la démocratie en Amérique, Tocqueville relève les dérives possibles du modèle démocratique à partir de l'analyse de la société américaine, laquelle représente pour lui un véritable laboratoire de la modernité où les phénomènes qui s'y passent toucheront de façon inéluctable le continent européen. Tocqueville analyse un phénomène nouveau, l'individualisme qu'il présente comme un vice d'essence démocratique. Selon lui, l'individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui conduit chaque citoyen à s'isoler de ses semblables. [...]
[...] Sans le libre débat des citoyens, c'est le fondement même du fonctionnement démocratique qui est fragilisé. Et lorsque la citoyenneté s'exprime, elle prend une forme dévoyée, celle d'une revendication infinie de droits subjectifs moins politiques qu'économiques. Dans La démocratie providentielle, Dominique Schnapper évoque la transmutation du citoyen politique en citoyen consommateur, avide de voir ses droits créances se multiplier. La société des individus doit être repensée autour de la recherche de valeurs communes et de la revitalisation du débat démocratique La revitalisation du lien social et de la démocratie ne doit pas être recherchée dans une concession faite aux revendications infinies de droits subjectifs laquelle ne peut à terme que conduire à un affrontement des individus. [...]
[...] L'individu acquiert ainsi une valeur propre et devient la base et la finalité de la société. Les conduites humaines prennent leurs sources dans l'homme et non plus hors de lui dans la communauté. À la loi hétéronomique dans les sociétés traditionnelles, succède le consentement, à la fixité de la place de chacun dans l'ordre social, la mobilité. Ainsi conçu, l'individualisme se présente comme un mouvement d'émancipation de l'individu et dès lors comme le signe d'un réel progrès social. A. Un nouvel ordre social favorable à la responsabilisation de l'individu L'individualisme a permis de responsabiliser l'individu de l'autonomisé, de lui laisser le pouvoir de construire son propre avenir. [...]
[...] Le rattachement à une communauté religieuse, à un fief, ou à un village constitue d'autres éléments d'identité pour la personne. Le rattachement de l'individu à un groupe s'exerce jusqu'à la fonction qu'il doit exercer au sein de la société. La société de l'Ancien Régime, reprenant la division en ordre de la cité grecque élaborée par Aristote, assigne à chaque personne une fonction bien précise qui dépend du groupe auquel il appartient : les nobles, ceux qui se battent, le clergé, ceux qui prient et le tiers état, ceux qui travaillent. [...]
[...] La responsabilité nouvelle de l'individu résulte également du pouvoir de décision qui lui est désormais conféré. L'obéissance comme principe de fonctionnement sociétal cède devant le consentement. En faisant de l'individu, le nouveau pivot de l'ordre social, la structure de la société, change ainsi de façon radicale. Comme le souligne Pierre Manent dans ses Cours familiers de philosophie politique, l'ordre social qui reposait traditionnellement sur le commandement et l'obéissance, a tendance de plus en plus à reposer sur l'intérêt à agir qui prend naissance dans l'individu lui-même. [...]
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