« L'Etat a le monopole de la violence légitime » Max Weber. Ainsi, Prétendre que l'Etat est facteur d'oppression, ce n'est pas simplement supposer que l'Etat implique une soumission à une autorité supérieure, mais c'est affirmer que cette autorité est injuste, violente et fondamentalement excessive. En effet, l'oppression est une forme de pouvoir qui ne respecte pas les principes de la légalité (universalité, défense de l'intérêt général) et qui porte atteinte à la liberté de tous. L'individu se réalise-t-il dès lors grâce ou contre L'Etat ?
L'autorité de l'Etat implique-t-elle nécessairement un pouvoir si contraignant et autoritaire qu'il empêche les individus d'être libres ? Ou bien, au contraire, permet-elle d'assurer l'ordre et la paix et ainsi de garantir la liberté ?
Entendons par Etat l'ensemble organisé des institutions (politiques, juridiques, policières, militaires, administratives et économiques) sur un territoire indépendant et sous un gouvernement autonome disposant d'une souveraineté. Au sein de la société, l'autorité de l'Etat est considérée comme supérieure aux autres pouvoirs. Pour maintenir ce pouvoir, l'Etat dispose d'un système juridique qui lui confère le monopole de la force publique.
L'individu est l'être organisé qui ne peut être divisé sans perdre ses caractères essentiels ; considéré isolément, par opposition à la société ou à l'État.
Enfin, par se réaliser nous n'entendrons pas « devenir vrai ou réel », mais bien le sens de s'épanouir, d'évoluer, de s'affirmer, et même de devenir raisonnable.
Par conséquent nous tenterons, pour répondre à cette problématique de L'Etat sur l'individu, tout d'abord de nous interroger sur l'Etat comme garantie de la liberté civile, pour, en second lieu, se questionner sur l'Etat comme facteur d'oppression, pour enfin finir en tentant de savoir si l'individu ne se réalise pas finalement dans et par l'Etat comme expression de la raison.
[...] Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun. On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. Mais Rousseau va plus loin ; en me forçant à obéir aux lois, on ne me contraint à rien d'autre qu'à obéir à ma propre volonté (la volonté générale), on me rappelle à mon statut de citoyen. Or être citoyen, protégé par des lois dont on est l'auteur, est la seule façon d'échapper aux rapports de forces entre individus qui ont des volontés antagonistes, d'être soumis à la volonté du plus fort, de sombrer dans des liens de dépendance personnelle. [...]
[...] La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la fin de cette convention, c'est-à-dire de son objectif. Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité. Chacun réfrène sa volonté de puissance (pulsions agressives de Freud) pour ne pas être tué ou blessé par autrui. Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité : l'autorité va imposer la paix et la sécurité. [...]
[...] Il y a un devenir de l'esprit dans l'histoire. L'État est sur le plan politique la forme la plus élaborée le la raison. À ce titre, il manifeste clairement les règles indispensables à toute vie humaine en société et il objective ainsi le degré de développement de la conscience des hommes. Autrement dit, la notion d'État s'intègre dans l'histoire universelle comme le degré le plus achevé de la conscience, dépassant sa subjectivité vers l'objectivation de la liberté. Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chacun, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant. [...]
[...] Etymologiquement, l'anarchie est l'absence de commandement, d'autorité. Pour l'anarchiste, en effet, toute forme d'obéissance est une destruction de la personnalité. Or l'Etat symbolise l'ordre et l'autorité. Il apparaît donc comme la négation de la liberté : il exerce une oppression plus ou moins forte sur l'individu en réglementant sa vie sociale par des lois. Ainsi, pour Stirner, l'Etat est la puissance hostile aux forces individuelles : tout Etat est despotique écrit-il, car aux mains de l'Etat, la force s'appelle droit, aux mains de l'individu, elle s'appelle crime Rejetant la notion d'Etat et plus ouvertement toute forme de pouvoir (juges, police, armée), les anarchistes mettent la valeur suprême dans l'individu et prônent la révolution. [...]
[...] Il en reste dans l'organisation sociale une égalité des sujets devant la souveraineté. Les privilèges ne sauraient être acceptés en dehors du privilèges de commander abandonné au pouvoir souverain. Tous les hommes sont sur le même plan devant l'autorité suprême : La sûreté du peuple requiert en outre que la justice soit également rendue à tout homme, quel que soit son rang. Nous sommes en présence d'un pouvoir fort, mais devant lequel les individus sont égaux et jamais réduits à l'état de simples objets. [...]
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