Le terme de nation nous vient du latin natio formé à partir du verbe nascor qui a donné « naître » en français. La natio désigne alors une portée d'enfants mais le sens s'élargit progressivement et la natio devient un groupe d'individus qui ont une origine commune. L'instauration progressive de la monarchie en France et dans le reste de l'Europe a contribué à l'assimilation de la nation au royaume. Cette conception est celle de l'Ancien Régime : la nation s'incarne alors dans le « corps mystique » ou « corps politique » du monarque comme l'a montré Ersnt Kantorowicz dans Les Deux Corps du roi.
Le courant romantique apparaît à la fin du XVIIIe siècle au Royaume-Uni et surtout en Allemagne avant de se propager en France vers 1820. Le romantisme dépasse le domaine artistique et revêt une forme politique. Ce romantisme politique est farouchement opposé aux idées des philosophes des Lumières dont il critique entre autres le rationalisme et l'universalisme.
[...] Cette conception universaliste est critiquée par les frères Schlegel qui considèrent que les cultures nationales sont totalement hétérogènes. Ils opposent le particularisme national à l'humanisme abstrait des Lumières. En France, Joseph de Maistre relaie cette idée d'une manière assez provocante dans ses Considérations sur la France (1796) en affirmant qu' il n'y a point d'homme dans le monde Pour lui, l'homme n'existe pas en tant qu'entité abstraite, en tant que concept universel. L'homme n'est qu'une particule d'une société qui s'impose à lui. Il n'existe pas en tant qu'unité. [...]
[...] Ce concept est repris ensuite par Fichte et les nationalistes allemands. En France, Joseph de Maistre s'en inspirera pour élaborer sa conception de la nation comme âme collective La nation romantique est donc spirituelle. Ensuite, la nation est une donnée naturelle en tant qu'elle façonne ses membres et s'impose à eux notamment sous la forme d'une langue maternelle. C'est l'idée essentielle de Fichte pour qui la langue est ce qui permet d'acquérir le Volksgeist, ce qui fonde l'unité nationale comme il le défendra dans ses Discours à la nation allemande. [...]
[...] Sous l'impulsion de grands penseurs romantiques comme Herder ou Fichte, une théorie de l'identité nationale va se construire sur la base de traditions, d'une culture collective, d'une langue commune c'est-à-dire d'un patrimoine partagé. La nation allemande est à ce point exaltée par les romantiques qu'ils en affirment la supériorité. Dans ses Discours à la nation allemande (1807-1808), Fichte parle d'Urvolk (peuple originel) à propos des Allemands et fait de ce peuple un peuple élu, modèle absolu de perfection. Une certaine conception de la nation se développe donc en Allemagne et va inspirer les romantiques français. [...]
[...] Les parties sont à la fois les membres de la nation et les éléments constitutifs de la culture d'une nation : ce sont la langue, la religion, les arts, les coutumes, les institutions politiques, etc. L'immanence indique quant à elle que la nation est présente et se révèle dans tous les individus qui la constituent et dans chacune de ses manifestations. L'idée romantique de la nation est vitaliste. La nation est une réalité vivante, non un artifice produit par les hommes. [...]
[...] Le modèle de la nation chez les romantiques est celui de la vie humaine : Elle est l'union d'une âme et d'un corps. Elle est une âme incarnée ou un corps animé. Ou un esprit indissociable d'une sensibilité Cette définition rapproche deux caractéristiques fondamentales de la nation romantique D'une part, celle-ci, en tant qu'esprit, est tout imprégnée d'une culture. D'autre part, en tant que corps, elle s'incarne dans ses diverses manifestations (institutions, coutumes L'idée de sensibilité est très forte dans la conception romantique d'autant plus qu'elle prend là le contre-pied de l'esprit des Lumières en réhabilitant ce qui avait été nié au profit de la raison. [...]
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