Charles Maurras, citoyenneté, nation, Europe
« Il est vrai que la nationalité n'est pas un phénomène de race. Il ne s'ensuit pas qu'elle soit le résultat artificiel d'un acte de volonté contractante. Sans doute, et avec une certaine liberté, nous adhérons à notre race, à notre nationalité, à notre nation, mais on adhère comme on consent, de la façon la plus tacite, et l'adhésion est sollicitée, elle est emportée par une multitude de forces bienfaisantes, aimées et chéries, contre lesquelles nous ne sommes même pas en garde et que nous subissons de tout coeur 9 999 fois sur 10 000 » (Ch. Maurras, Mes idées politiques, Fayard, 1937).
[...] L'idée de Nation en Europe Il est vrai que la nationalité n'est pas un phénomène de race. Il ne s'ensuit pas qu'elle soit le résultat artificiel d'un acte de volonté contractante. Sans doute, et avec une certaine liberté, nous adhérons à notre race, à notre nationalité, à notre nation, mais on adhère comme on consent, de la façon la plus tacite, et l'adhésion est sollicitée, elle est emportée par une multitude de force bienfaisante, aimée et chérie, contre lesquelles nous ne sommes même pas en garde et que nous subissons de tout cœur fois sur (Ch. [...]
[...] Ce qui fonde une Nation n'est donc pas un acte de volonté personnelle, et le tout (la France) doit toujours primer sur les parties (les Français). Il s'agit là rien de moins qu'une théorisation des propos antidreyfusards. L'auteur transpose dans la théorie l'amalgame de tendances nées lors de l'affaire Dreyfus, à savoir un traditionalisme contre-révolutionnaire et une nouvelle pensée nationaliste. On y retrouve une dénonciation des droits de l'homme, un attachement aux traditions, la condamnation de la souveraineté du peuple et la volonté de fonder l'action politique sur les réalités naturelles que sont l'histoire et le passé. Il s'en dégage une haine des abstractions. [...]
[...] Dans une première partie, nous reviendrons sur le concept de nation et de nationalité en contextualisant les idées de Charles Maurras et le type de nationalisme prôné par ce dernier. Dans une deuxième partie, nous mettrons en perspective sa conception de la nationalité en présentant celle d'un autre auteur français, Ernest Renan, pour ensuite les comparer afin de mieux les comprendre. Afin d'introduire Charles Maurras, il est nécessaire de revenir sur un événement qui a marqué l'évolution de sa pensée et celle de nombre de ses contemporains. En 1894, un officier juif, Dreyfus, est condamné à la déportation perpétuelle. Il est accusé d'avoir transmis des documents à l'Allemagne. [...]
[...] Il n'est dès lors peu étonnant de découvrir que celui-ci a par la suite lutté contre le Traité de Versailles, soutenu Mussolini, Franco et Pétain. Renan a lui développé une conception de la nationalité patriotique par sursaut d'orgueil après la défaite de 1870. Sa théorie aurait pu servir de base à la récupération légitime de l'Alsace-Lorraine, alors que quelques années auparavant la langue et l'hérédité jouaient encore un rôle important pour lui dans la formation de l'identité politique. Cela nous amène à conclure qu'il y a autant de conception de la Nation et de la nationalité qu'il y a d'idéologies et de stratégies qui les sous-tendent. [...]
[...] La Nation en est l'aboutissement, mais l'oubli en constitue une dimension très importante. La Nation ne tient ensemble que grâce à une amnésie collective. Il considère que l'unité se fait toujours violemment et que l'une des conditions de formation d'une Nation est l'oubli de ces moments violents il fait notamment référence à la nuit de la Saint-Barthélemy, lorsque des protestants furent massacrés à Paris en 1572. Cependant, Renan ne peut pas être réduit à une conception de Nation contrat, à la manière de Sieyès. [...]
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