Les sociétés humaines vivent de leur passé. Pour sauvegarder ce passé, elles ont deux instruments à leur disposition : la mémoire et l'histoire. Nous nous intéresserons ici à l'histoire. A l'heure où l'enseignement de l'histoire suscite de vifs débats, où les commémorations historiques en tout genre pullulent et où les références historiques florissent dans les discours politiques, passant de Jeanne d'Arc à Léon Blum, de De Gaule à Guy Moquêt, on peut en effet se demander si l'histoire a un pouvoir sur l'Homme et sur le monde. Pour comprendre le concept d'histoire, il est nécessaire de distinguer en premier lieu les différentes significations du terme même d' « histoire ». L'historien Paul Veyne définit l'Histoire comme étant « un récit d'évènements vrais qui ont l'Homme pour acteur ».
Cependant le mot histoire est ambigu car il mêle deux sens qui se complètent sans s'exclure. L'Histoire, avec un grand 'H', est ce que l'on pourrait appeler le devenir historique. C'est la réalité historique, c'est-à-dire les évènements eux-mêmes. Le second sens du mot histoire, que l'on écrit cette fois avec une minuscule, renvoie au récit de ce qui a eu lieu dans le passé, la connaissance des époques, des évènements, des faits appartenant au passé. C'est l'histoire comme discipline faisant l'objet d'un enseignement de l'histoire au sens premier. L'une n'existe pas sans l'autre ainsi que le dit Paul Ricoeur : « l'histoire que l'on raconte, l'Histoire rétrospective ne se fait pas sans l'histoire qui s'est faite. ». La question qui nous est posée ici est celle du pouvoir de l'histoire, tant comme discipline et comme récit du passé que comme devenir. Le pouvoir est la faculté, les moyens de faire quelque chose. C'est également l'autorité, l'influence que peut avoir une personne ou une chose, ici l'histoire, sur une autre. Il s'agit donc ici de s'interroger pour savoir si l'histoire possède des facultés qui lui concèdent influence et/ou autorité de quelques manières que ce soit.
[...] Dans la théologie chrétienne, le devenir de l'Homme a alors pour but le salut et le Bien absolu. Or, c'est au 18e siècle, le Siècle des Lumières, que naît l'idée selon laquelle l'histoire est le devenir de l'humanité, de ce qu'il y a de proprement humain en l'Homme, à savoir la raison. Or, Kant désire ne pas ignorer la folie qui habite parfois l'Homme, ce qu'il appelle le désordre de l'histoire. Il n'oublie pas ce qu'il nomme l'insociable sociabilité de l'Homme Celle-ci est en effet un concept central de la philosophie de l'histoire de Kant. [...]
[...] L'Histoire, avec un grand est-ce que l'on pourrait appeler le devenir historique. C'est la réalité historique, c'est-à-dire les évènements eux-mêmes. Le second sens du mot histoire, que l'on écrit cette fois avec une minuscule, renvoie au récit de ce qui a eu lieu dans le passé, la connaissance des époques, des évènements, des faits appartenant au passé. C'est l'histoire comme discipline faisant l'objet d'un enseignement de l'histoire au sens premier. L'une n'existe pas sans l'autre ainsi que le dit Paul Ricoeur : L'histoire que l'on raconte, l'Histoire rétrospective ne se fait pas sans l'histoire qui s'est faite. [...]
[...] Les qualités attendues de l'historien sont alors celles de l'objectivité, de la neutralité, de l'impartialité. L'historien doit alors mettre entre parenthèses ses propres passions, oublier quel est son pays, quelles sont ses convictions personnelles. Selon Fénélon, un bon historien n'est d'aucun pays ni d'aucun temps Ce souci d'objectivité a été très important au 19e siècle avec l'école de pensée créée par Auguste Comte: le positivisme. L'objectivité des méthodes, si importante qu'elle soit ne résout pas certains autres problèmes. Le premier problème qui se pose alors et celui de la provenance des traces. [...]
[...] Ce que nous connaissons de l'Histoire, c'est ce que nous en apprennent les historiens. La question que nous nous poserons dans cette partie est donc celle de savoir si au final ce ne sont pas les historiens qui déterminent l'Histoire. Pour répondre à cette question, il nous faudra d'abord nous pencher sur le rôle et les méthodes de travail de l'historien. Le rôle de l'historien est de composer un récit de l'Histoire telle qu'elle s'est produite. Il doit se cantonner à la restitution de la vérité. [...]
[...] Les références historiques sont mises au service d'une écriture de l'histoire qui revalorise la lignée des grands hommes, là où le nouveau président viendrait tout naturellement s'inscrire avec la ferme intention d'« écrire [avec tous les Français] une nouvelle page de notre histoire (discours du 6 mai 2007). L'histoire devient donc une production idéologique dont le but n'est pas tant la vérité que la légitimation des pouvoirs en place et la cohésion de la Nation. En ce sens, l'Homme détermine donc bien l'Histoire qu'il réécrit et instrumentalise pour asseoir son propre pouvoir et légitimer ses actions, ses buts. Depuis de nombreux siècles, le pouvoir de l'Histoire a mobilisé de nombreuses interrogations de la part des philosophes les plus influents. [...]
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