Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche exprime ses craintes face à l'État qu'il décrit comme "le plus froid de tous les monstres froids". Il faut replacer cette idée dans le contexte de l'époque. Hegel vient de faire une apologie d'un État administratif très centralisé, et Nietzsche s'effraie devant l'État prussien qui ressemble à l'idéal hégélien. On peut cependant se demander dans quelle mesure l'État est "froid", c'est à dire jusqu'où on peut l'opposer à l'individu.
[...] En effet le pouvoir absolu dont dispose l'État pour légiférer et gouverner n'en fait pas nécessairement un monstre froid. Après Bodin on peut se pencher sur la pensée de Hobbes qui légitime le pouvoir absolu d'un Léviathan au pouvoir absolu, au nom de la sécurité des individus. Hobbes montre ici que l'État est justifié par le besoin de sécurité des individus, car autrement ceux-ci s'entretueraient. Cette idée centrale de l'État comme garant nécessaire de l'ordre semblait particulièrement évidente à Hobbes dans le contexte de guerre civile qu'il a connu en Angleterre au 17e siècle. [...]
[...] Finalement, c'est donc peut-être surtout la violence de l'État qui en fait un monstre froid. On retrouve cette idée chez Nietzsche, mais aussi chez des penseurs anarchistes comme Bakounine. Ceux-ci refusent l'ordre "vertical" imposé par l'autorité étatique, et ils voient donc dans l'État une institution autoritaire dans son essence. Ainsi, à travers les totalitarismes du XXe siècle, l'histoire a bien montré comment le droit à la violence de l'État pouvait en faire un monstre froid. Mais cette essence autoritaire de l'État nous renvoie aussi à la souveraineté indivisible et suprême qui lui a longtemps été rattachée. [...]
[...] En France c'est un idéal de réunion des individus dans l'État qui a été mis en oeuvre dès la Révolution. A ce moment-là, la nation a cessé d'être simplement le corps du roi et est devenue porteuse d'une représentation commune incarnée par l'État. L'objectif de l'État est alors finalement avant tout de réaliser le projet de la nation, ce qui donne de nouveaux fondements à son pouvoir. En fait, l'État est devenu ici une entreprise d'unification sans que cela signifie la négation des individus car cette unification est rationnelle. [...]
[...] Histoire et droit des États : L'État est-il un "monstre froid"? Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche exprime ses craintes face à l'État qu'il décrit comme "le plus froid de tous les monstres froids". Il faut replacer cette idée dans le contexte de l'époque. Hegel vient de faire une apologie d'un État administratif très centralisé, et Nietzsche s'effraie devant l'État prussien qui ressemble à l'idéal hégélien. On peut cependant se demander dans quelle mesure l'État est "froid", c'est à dire jusqu'où on peut l'opposer à l'individu. [...]
[...] Cela peut transformer l'État en monstre froid -comme l'ont montré les dérives du totalitarisme au XXe siècle-, mais cela peut aussi vivifier l'État, car celui-ci peut alors incarner la rationalité que les individus eux-mêmes expriment dans le contrat social. Bibliographie Bodin, Jean. Les six livres de la République Hobbes, Thomas. Leviathan Machiavel, Nicolas. Le Prince Nietzsche, Friedrich Wilhelm. Ainsi parlait Zarathoustra Rousseau, Jean-Jacques. Le Contrat social Weber, Max. [...]
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