Force, Pouvoir, Sociétés primitives, Coercition, Sociétés sans Etat, Sociétés à Etat, Science Politique
Le pouvoir, selon Max Weber, est « toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté ; peu importe sur quoi repose cette chance ». A l'heure où la légitimité du pouvoir politique est de plus en plus contestée, il est intéressant de revenir sur les origines et les modalités d'expression de cette « chance ».
Une société naît d'interactions entre individus. Ces interactions sont amenées à être encadrées afin de garantir le respect de la primauté de l'intérêt général sur l'intérêt particulier. Il faut donc mettre en place un système capable d'agir au nom des affaires collectives. Ce système est appelé pouvoir politique et est inhérent à toute société. Mais comment s'exerce-t-il ? Est-ce uniquement par le biais de la force ou a-t-il d'autres ressources ?
[...] On voit ainsi apparaître, là encore, des expressions de contrainte et de violence. Les sociétés primitives possèdent donc, elles aussi, un monopole de la contrainte physique légitime, même si elle n'est pas régulée par une instance différenciée de la société. Comment justifier alors l'apparition de l'Etat, entendu comme monopole de la violence publique ? Nul besoin pour les hommes de créer un tel objet politique alors qu'ils ont trouvé le moyen de s'en passer dès les sociétés primitives . Pour résoudre cette énigme, il faut envisager l'Etat sous un autre angle. [...]
[...] En effet, le chef doit parler bien que son discours ne soit qu'une célébration des anciens, de la tribu et que celui-ci ne soit presque pas écouté. La parole est à l'opposé de la violence, c'est un remède à l'exercice du pouvoir politique par la force. De la même façon, le chef doit être généreux de ses biens. Ainsi, personne ne va souhaiter devenir chef pour s'enrichir sur le dos de la société. Ensuite, la société est fondée sur l'échange. Le chef donne ses biens, ses talents oratoires à la communauté. En échange, le groupe offre ses femmes au chef. [...]
[...] On voit donc bien qu'à l'origine des sociétés, il y a la volonté de réguler la violence de tous. Pour approfondir l'origine des sociétés, il faut s'en remettre à l'étude des sociétés primitives. Pierre Clastres (1934-1977) était un anthropologue et ethnologue français. Pour lui les sociétés primitives sont opposées à l'Etat, car elles refusent d'avoir un organe politique séparé du pouvoir qui imposerait ses vues à l'ensemble de la société. Elles ont compris que cela est source de violence et de domination. [...]
[...] En effet, comment est-ce possible qu'un seul homme (ou plusieurs) puisse se faire obéir par tout un peuple ? En démocratie, on peut répondre que c'est le peuple qui est à l' origine du pouvoir qui le gouverne. On peut aussi s'appuyer sur l'analyse de Weber qui distingue trois types de légitimité : traditionnelle, charismatique et légale rationnelle. Mais reste le problème de l'acceptation de cette légitimité, de cette domination. La Boétie (1530-1563) écrivain français, s'est penché sur la question. [...]
[...] On s'aperçoit ainsi que si le peuple est le seul à pouvoir proposer une autre forme de pouvoir politique, comme alternative à la force, il n'est pas en mesure de le faire. Soit qu'il n'en ait pas le loisir, soit qu'il soit incapable de sortir d'un modèle préétabli, plaçant la domination par la force au dessus de tout autre moyen. En conclusion, on peut dire que la force est une forme récurrente du pouvoir politique. Elle fait partie des hommes depuis leur existence. De tout temps, on a essayé de la réguler, de l'encadrer, de l'exorciser même. [...]
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