Fin du travail, travailleur, travail humanisé, humanisant, production, Dominique Meda, droit à la paresse, homme, Simone Weil
Aujourd'hui, plus de 80 % des tâches effectuées par l'homme, y compris dans des domaines comme la comptabilité ou le juridique, pourraient être assurées avec plus d'efficacité et de rentabilité par des machines. Les chiffres du chômage sont depuis quelques années en constante hausse et bon nombre de penseurs annoncent la fin du travail.
[...] Le problème, c'est que le mode de production inhérent au travail impose un mode de consommation où rien ne dure. Cela, Hannah Arendt, l'impute à Marx qui n'a pas distingué entre œuvre et travail dans ses écrits. Hannah Arendt, montre donc qu'il y aurait un sens à abandonner le travail au profit d'un retour à l'œuvre puisque cela permettrait de conserver l'intégrité de l'action d'œuvrer et par-là le monde humain. Nécessairement, si le mode de production impose un mode de consommation alors l'œuvre ne dure plus. [...]
[...] Le chômage est perçu comme le grand signe de la fin du travail. Il est plutôt celui des contradictions du Capital, d'un travail aliénant dont il faut effectivement souhaiter la fin en faveur d'un travail digne d'un être humain. Si les politiques de plein emploi ont disparu des discours politiques depuis les années 1970, peut-être faudrait-il s'atteler à penser un travail pour tous dont le thélos ne serait pas celui du Capital et sa course au bénéfice, mais le bien commun. [...]
[...] Ainsi, la fin du travail serait non pas la fin du travail en tant que telle, mais celle du travail servile inhérent au mode de production capitaliste. Nous nous demandions s'il fallait souhaiter la fin du travail. En tant que le travail est une activité fatigante et difficile, nous aurions tendance à souhaiter sa mécanisation et à l'abandonner aux machines. Or la mécanisation condamne le travail à ne plus être œuvre et par-là à être production sans fin de masse pour une consommation de masse sans usage. Le travail est improductif, vidé de sa substance, et c'est un monde de culture qui est en péril. [...]
[...] Penser la fin du travail du mode de production capitaliste, reviendrait à penser un travail humanisant. Humanisant à plus d'un titre parce que le travail devra désormais être un facteur d'union entre les hommes et sa fin ne résidera plus dans la production à tout prix ou dans le bénéfice, mais dans la création d'un lien dans la société autour de valeurs communes. Encore dans L'Enracinement, S.Weil explique que ceux qui créent les machines ne doivent pas le faire indépendamment de ceux qui les utilisent de sorte qu'il y ait un réel échange entre les différents organes de la société. [...]
[...] D'autant que cela comporte aussi l'anéantissement de la nature puisque l'on produit en masse pour la consommation de masse. Abandonner le travail pour un retour de l'œuvre semble avoir du sens, puisque celui semble être au centre d'une crise de la culture humaine à cause, en premier lieu, de la mécanisation qui a remplacé par du travail l'acte d'œuvrer. Par conséquent, il s'agit de mettre fin à une société basée sur le travail en tant que le travail contamine l'espace à la fois public et politique. [...]
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