Au nombre des victimes immatérielles du XXe et de ce début de XXIe siècle, on dénombre une certaine quantité de noms qui renvoie à des théories ou à des doctrines célèbres : outre les termes de communisme, de démocratie ou de révolution, le libéralisme a largement pâti d'une déconsidération notoire et est généralement perçu comme pervers.
Pourtant, au temps de sa gloire, l'idéologie libérale était puissante et cohérente : elle marchait sur deux pieds, le libéralisme philosophique et politique d'une part et le libéralisme économique d'autre part. C'est une doctrine qui voyait dans l'individu la valeur suprême dans le domaine politique, économique et social, son but n'était pas le laisser-faire à tous crins, mais la préservation des conditions d'un véritable agir pour chaque individu. De latin liberalis, signifiant généreux, bien faisant, le libéralisme est une philosophie politique à l'origine subversive puisque contestant l'Ancien Régime et usant du mode révolutionnaire en 1830 puis une pensée conservatrice s'élevant contre une certaine doctrine démocratique voulant élargir toujours plus le champ de participation des citoyens à la chose publique.
Ainsi formulé, le sujet « Faut-il sauver le libéralisme ? » pose un dilemme, celui de la nécessité du choix, et met en relief un double risque paradoxal : celui que court le libéralisme de disparaître en tant qu'idée qui serait injustement perçue comme néfaste ; le danger potentiel pour la société de vivre dans le libéralisme. Autrement dit, faut-il sauver cette idée parce qu'elle est bonne ou au contraire sauver la société du libéralisme qui serait mauvais ? Ainsi, au cours de ce travail, nous nous interrogerons : Le libéralisme est-il encore une doctrine émancipatrice ?
Dans une première partie, nous examinerons la double essence du libéralisme à la fois philosophie politique et économique, puis dans une deuxième partie nous étudierons les dangers du libéralisme à la lumière de Tocqueville et Constant, et ceux de l'ultralibéralisme. Enfin, dans un troisième temps, nous interrogerons la compatibilité entre libéralisme et capitalisme.
[...] [ ] La société démocratique qui met fin aux organisations sociales intégrées et disciplinées par une hiérarchie immuable, provoque en retour, la crainte parfois irrationnelle d'un éclatement de la collectivité. Figure positive de l'individu autonome, se développe une autre figure, négative, c'est de l'anonyme solitaire perdu dans la société comme dans une foule [ Une des manifestations de ce retrait de la sphère publique et politique est la montée de l'abstention sans cesse croissante, ainsi, selon l'Institut international pour la Démocratie et l'Assistante électorale (IDEA), de 1945 à 1998, le taux de participation est en moyenne de aux Etats-Unis. [...]
[...] Pour cela, Locke use des checks and balances les freins et les équilibres du pouvoir dans la théorie constitutionnelle anglaise mise américaine. Ces freins sont au nombre de trois. Le premier frein consiste à distinguer au sein du pouvoir d'État trois fonctions sociales et à attribuer chacune d'entre elles à un organe constitutionnel distinct. Cette distinction n'est pas nouvelle, elle remonte au moins à un Aristote ; ce qui est nouveau c'est l'idée que chacune d'elles doive être conférée un seul organe, distinct des autres organes qui exercent, eux, les autres fonctions sociales. [...]
[...] Cela ne s'était pas produit depuis 1820. Cela ne se reproduira pas après 1960 La réussite du modèle keynésien est telle qu'à la même époque, Daniel Bell évoque La fin des idéologies dans un livre éponyme paru en 1960 : On observe dans le monde occidental une forme de consensus entre intellectuels lorsqu'il s'agit des questions politiques : acceptation de l'Etat providence, caractère souhaitable de la décentralisation, système d'économie mixte et de pluralisme politique[20]. Contrairement à l'idée d'une histoire linéaire déterministe, il faut rappeler que cet état de fait avait été le produit d'une impulsion politique qui avait permis l'émergence d'un véritable syndicalisme, cette puissance du mouvement ouvrier doit beaucoup à la crise économique de 1929, qui a transformé pour longtemps la donne sociale et politique aux Etats- Unis. [...]
[...] De ce problème à deux corps, l'histoire politique et économique tend à montrer que l'arbitrage entre la liberté et l'égalité vue comme une tendance majoritaire et non unique fonctionne selon la règle des vases communicants l'excroissance de l'un se faisant au détriment de l'autre. La cité idéale serait, semble-t-il, celle qui permettrait à la fois l'émancipation de l'individu c'est-à-dire cultiver son altérité et celle qui rend possible l'harmonie entre tous par une inégalité plutôt faible c'est-à-dire réduire le déterminisme. Ainsi, en donnant tant de place à une certaine liberté, l'ultralibéralisme a enfanté un libéralisme liberticide. L'hégémonie de la liberté a donc pour conséquence d'empêcher une certaine égalité, ou plus précisément une équité. [...]
[...] Ibid., p.208. Ibid., p.208-209. Ibid., p.209. Michel Terestchenko, Les grands courants de la philosophie politique, Seuil, Paris p Ibid. p Ibid. p Ibid. p Ibid. [...]
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